Le nombre de Palestiniens tués est « proprement insoutenable », déclare le premier ministre espagnol

Pedro Sánchez déclare que tous les civils doivent être protégés dans la guerre entre Israël et le Hamas et réitère son appel à une solution à deux États

Le premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a exhorté Israël à repenser son offensive à Gaza, déclarant à son président et à son premier ministre que le nombre de Palestiniens tués était « proprement insoutenable », et que la réponse aux attaques terroristes du Hamas le mois dernier ne pouvait inclure « la mort de civils innocents, parmi lesquels des milliers d’enfants ».

L’appel sans détour de Pedro Sánchez a été formulé durant sa visite au Moyen-Orient avec le premier ministre belge, Alexander De Croo, au cours de laquelle il a appelé de ses vœux une conférence de paix et répété que la création d’un État palestinien restait le meilleur moyen d’instaurer la paix et la sécurité dans la région.

Israël déclare que 1 200 personnes ont été tuées et 239 prises en otage lorsque les combattants du Hamas ont traversé la frontière depuis Gaza le 7 octobre. Selon le ministère de la santé géré par le Hamas à Gaza, plus de 14 100 personnes ont été tuées dans les frappes de représailles israéliennes.

S’exprimant pendant sa rencontre avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, jeudi après-midi, Pedro Sánchez a déclaré que l’Espagne avait condamné à plusieurs reprises les « actes terroristes choquants » commis par le Hamas et reconnu le droit d’Israël à se défendre.

Mais il a ajouté : « Laissez-moi également être clair : Israël doit respecter le droit international, y compris le droit international humanitaire, dans sa réponse… Le monde entier est choqué par les images qui nous parviennent de Gaza tous les jours. Le nombre de Palestiniens tués est proprement insoutenable. Je pense que tous les civils doivent être protégés à tout prix ».

Pedro Sánchez a déclaré que « la perspective d’une paix sérieuse et crédible » était plus nécessaire que jamais. « En l’absence d’un règlement politique, nous ne pouvons qu’entrer à nouveau dans un cycle de violence sans fin. »

Plus tôt, le premier ministre espagnol avait exposé une demande similaire au président israélien, Isaac Herzog, soulignant une fois de plus l’obligation d’Israël de respecter le droit international humanitaire.

« Israël, comme nous l’avons dit depuis le début de ces terribles attaques, a le droit de se défendre », a-t-il déclaré. « Mais il doit également se conformer au droit international, y compris au droit international humanitaire. Sa réponse ne peut entraîner la mort de civils innocents à Gaza, parmi lesquels des milliers d’enfants. Nous devons arrêter de toute urgence la catastrophe humanitaire à Gaza ».

Pedro Sánchez a ajouté qu’une solution globale devait être trouvée et que celle-ci incluait « l’établissement d’un État palestinien viable ».

Pedro Sánchez a déclaré que les autorités palestiniennes devraient prendre le contrôle de Gaza lorsque la guerre serait finie. « La solution à deux États devrait être mise en œuvre pour vaincre le terrorisme et garantir la sécurité d’Israël », a-t-il dit.

Il a appelé à la tenue d’une conférence internationale de paix dans les plus brefs délais, ajoutant : « Nous devons parvenir à l’établissement d’un État palestinien viable. Les Israéliens et les Palestiniens ont le droit de vivre dans la paix et la sécurité. »

Pedro Sánchez et Alexander De Croo devaient rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas, jeudi après-midi, avant de se rendre en Égypte pour des entretiens avec le président Abdel Fatah al-Sissi.

L’Espagne, qui assure actuellement la présidence de l’UE, s’est déjà déclarée prête à organiser une conférence de paix sur le conflit. Jeudi, le ministre espagnol des affaires étrangères, José Manuel Albares, a déclaré à la radio publique RNE : « La solution définitive est l’existence d’un État palestinien qui garantisse la sécurité d’Israël ». Il a déclaré que l’Espagne était « en faveur de la reconnaissance » d’un État palestinien.

Les relations entre l’Espagne et Israël se sont tendues ces dernières semaines après que certains membres d’extrême gauche du précédent gouvernement de M. Sánchez ont critiqué la réaction d’Israël aux atrocités terroristes, suggérant qu’il commettait des crimes de guerre à Gaza et demandant que M. Netanyahou soit traduit devant la Cour pénale internationale.

L’ambassade d’Israël à Madrid a qualifié ces remarques de « profondément immorales » et a accusé certains députés espagnols de s’aligner sur « un terrorisme de type État islamique ».

L’Espagne a répondu par une déclaration forte accusant l’ambassade israélienne de « répandre des mensonges » au sujet de certains membres du gouvernement.

« Dans une démocratie à part entière, telle que l’Espagne, tout dirigeant politique peut exprimer librement ses positions en tant que représentant d’un parti politique », indique le communiqué du ministère des affaires étrangères.

« En tout état de cause, la position du gouvernement espagnol sur les attentats terroristes perpétrés par le Hamas est claire : condamnation sans équivoque, demande de libération immédiate et inconditionnelle des otages et reconnaissance du droit d’Israël à se défendre dans les limites fixées par le droit international et le droit international humanitaire. »

La volonté déclarée de l’Espagne de reconnaître un État palestinien ferait suite à une reconnaissance officielle similaire de la part de la Suède, de l’Islande, de la Bulgarie, de Chypre, de la Slovaquie, de la Hongrie, de Malte, de la Pologne et de la Roumanie.