L’escalade de la violence en Cisjordanie a tué 224 enfants palestiniens depuis janvier 2023, représentant la moitié de tous les enfants morts en Cisjordanie depuis le début du recensement par l’ONU en 2005.

20 février 2025 – Le Comité International de Secours (CIS) avertit que, depuis que le cessez-le-feu est entré en vigueur à Gaza, l’augmentation rapide de la violence militaire en Cisjordanie a causé la mort d’au moins 224 enfants. Le nombre le plus élevé enregistré depuis des années. Cette flambée de violence est la cause d’un profond traumatisme et empêche le CIS et ses partenaires de répondre aux besoins croissants à Jénine, l’une des zones les plus touchées.
Le CIS, en partenariat avec l’organisation palestinienne, le Centre de Créativité des Enseignants (CCE), a travaillé au soutien des enfants touchés par la crise en adaptant des salles de classe et en équipant des éducateurs pour qu’ils puissent traiter les traumatismes. Cependant, la poursuite des opérations militaires, y compris des frappes aériennes, a détruit les infrastructures et rendu presque impossible la fourniture en toute sécurité de ces services vitaux. Selon le droit international, les civils doivent être protégés, c’est une obligation non négociable.
Depuis janvier de cette année, le CIS et le CCE ont été obligés de suSocio-émotionnel (ASE) – méthode structurée qui aide les enfants à comprendre et maîtriser leurs émotions, à construire de la résilience et à développer des relations saines pour faire face au traumatisme lié au conflit.
Jusqu’à ce que reprendre leur travail à Jénine soit suffisamment sûr pour le CIS et le CCE, les activités ont été déplacées à Ramallah, où les activités sont quelque peu plus stables, mais les enfants restent exposés à la violence habituelle de l’armée et des colons.
La suspension des programmes dans les écoles de Jénine fait partie d’une plus large crise de l’éducation qui affecte les enfants palestiniens en Cisjordanie et à Gaza. A Gaza, malgré le cessez-le-feu, 658.000 enfants d’âge scolaire demeurent sans véritable éducation, presque 90 % des écoles étant détruites, endommagées ou servant d’abris. En attendant, les opérations militaires continues en Cisjordanie, y compris à Jénine, Tulkarem et Tubas ont provoqué le déplacement de milliers de personnes, détruit le réseau d’eau et restreint les possibilités de circulation. Plus de 90 % des résidents du camp de réfugiés de Jénine – plus de 20.000 personnes – ont fui au cours de ces deux derniers mois. L’ONU rapporte que plus de 100 écoles ont été détraquées en Cisjordanie, laissant élèves et enseignants en risque permanent.
Refat Sabbah, Directeur Général du CCE, a dit,
« La violence armée constante ne nous a pas laissé d’autre choix que de délocaliser ce qui reste des activités d’Apprentissage Socio-Emotionnel de Jénine à Ramallah. Ces activités aident les enfants à renforcer leur confiance, se faire des amis et à gérer sainement leurs émotions. Cette décision était essentielle pour protéger notre personnel. Les enfants de Jénine ayant désespérément besoin de soutien, ce changement a un coût dévastateur – 200 enfants ont maintenant perdu tout accès à des activités qui auraient pu les aider à guérir du traumatisme dû à la violence qu’ils ont subie.
« Pour des enfants en crise, l’éducation est plus qu’un simple apprentissage – c’est une planche de salut vers la stabilité, l’espoir et la guérison, aussi importante que des lieux sûrs tellement nécessaires. Plus ces perturbations durent, plus profondes sont les cicatrices laissées sur toute une génération. »
Zoe Daniels, Directrice Nationale du CIS dans le territoire palestinien occupé (TPO), a dit,
« Alors qu’il y a un fragile cessez-le-feu à Gaza, les enfants de Cisjordanie font face à des niveaux croissants de violence, de déplacement et de profonds traumatismes. Les endroits mêmes prévus pour les protéger et les soutenir – écoles, espaces sûrs, services essentiels – disparaissent sous leurs yeux.
« La violence augmentant et l’accès à l’aide humanitaire étant menacé, nous craignons très gravement que davantage d’enfants se retrouvent sans l’éducation et le soutien dont ils ont désespérément besoin. Il faut protéger les écoles. L’éducation est un droit universel et doit être maintenue, même pendant un conflit.
« Les civils, les écoles et les infrastructures essentielles ne doivent jamais devenir des cibles. La communauté internationale doit agir, faire rendre compte aux responsables et prendre des mesures urgentes pour prévenir d’autres atteintes. »
FIN
Notes à la rédaction :
* En réponse à l’augmentation de la crise, le CIS a lancé un programme de cinq mois pour procurer un soutien cognitif, socio-émotionnel et de bien-être physique à 1.840 enfants de Gaza et du nord de la Cisjordanie. Ce programme formera des enseignants, des thérapeutes et des travailleurs de santé locaux pour aider les enfants à surmonter leurs traumatismes et à reprendre leur éducation.
* L’Apprentissage Socio-émotionnel (ASE) est une approche éducative qui aide les enfants à développer la conscience de soi, la régulation des émotions et la compétence relationnelle, spécialement dans des situations de crise. Par l’intégration de l’ASE dans l’éducation, les enfants sont mieux équipés pour traiter les traumatismes, forger la résilience et surmonter les difficultés dans leur vie quotidienne.