Le bureau des médias de Gaza dément l’entrée de plus de 100 camions d’aide humanitaire vendredi dans l’enclave assiégée

“Toutes les annonces selon lesquelles de l’aide entrerait dans Gaza font partie d’une représentation théâtrale mensongère destinée à tromper l’opinion publique mondiale et à couvrir les crimes qui se poursuivent” déclare Al-Thawabta, directeur du bureau des médias de Gaza.

GAZA VILLE, Palestine / ANKARA

Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a rejeté les affirmations selon lesquelles plus de 100 camions d’aide humanitaire seraient entrés vendredi dans l’enclave assiégée, soulignant que certaines informations des médias étaient « trompeuses » et cherchaient à « couvrir les crimes qui se poursuivent ».

Dans un communiqué, Ismail Al-Thawabta, directeur du bureau des médias de Gaza, a dit samedi : “Toutes les annonces selon lesquelles de l’aide entrerait dans Gaza font partie d’une représentation théâtrale mensongère destinée à tromper l’opinion publique mondiale et à couvrir les crimes qui se poursuivent”

Ce communiqué est publié après que l’agence égyptienne Al Qahera News, citant une source gouvernementale anonyme, a annoncé samedi l’entrée de 117 camions d’aide dans Gaza vendredi via le poste-frontière de Kerem Shalom (Karam Abu Salem) dans le sud et le point de passage de Zikim dans le nord. La source ne fournissait aucune information supplémentaire.

Selon Thawabta, Israël a complètement fermé les points de passage pendant plus de 145 jours, mettant en œuvre une politique systématique de famine en empêchant d’entrer dans Gaza l’aide essentielle, en particulier le lait maternisé pour nourrissons et les suppléments nutritionnels,.

“Cela exacerbe la catastrophe humanitaire et menace la vie de centaines de milliers de civils innocents”, a averti Thawabta.

Certains observateurs attribuent l’existence d’informations contradictoires au fait que, même quand un nombre limité de camions sont autorisés à passer du côté palestinien de Kerem Shalom, ils sont souvent bloqués, empêchés de décharger, et exposés à ce que leur chargement se gâte.

Pendant ce temps, ceux qui entrent par Zikim seraient, selon certaines affirmations, détournés vers des zones militaires contrôlées par Israël, où l’aide n’est pas distribuée aux civils mais pillée et revendue au marché noir par des gangs locaux qui agissent sous la couverture militaire d’Israël.

Cette allégation a été étayée par un reportage émanant de la chaîne étatique israélienne KAN, vendredi.

Selon cette enquête, des officiers israéliens ont reconnu avoir détruit des aliments, de l’eau et des fournitures médicales se trouvant dans plus d’un millier de camions d’aide et laissés à pourrir au soleil près du poste-frontière de Kerem Shalom.

“Nous avons tout enfoui dans le sol. Il y en a une partie qu’on a brûlé”, a dit un officier à ce média, sans donner une date précise.

“En ce moment même, des milliers de caisses cuisent au soleil. Si elles ne sont pas autorisées à entrer dans Gaza, nous allons aussi devoir les détruire”, a-t-il ajouté.

Un autre officier israélien a reconnu un dysfonctionnement systémique, en expliquant : “Le mécanisme destiné à accroître l’aide ne fonctionne pas. Les camions sont bloqués, les routes sont inutilisables et il n’existe pas de coordination.

“Nous avons ici le plus grand entrepôt de grains dans le monde. Si l’approvisionnement actuel n’est pas acheminé, nous le détruirons et nous l’enterrerons.”

La situation à Gaza est de plus en plus désastreuse. Des preuves visuelles diffusées sur les réseaux sociaux montrent des Palestiniens visiblement émaciés, souffrant d’une faim extrême, de nausée, d’épuisement, et de perte de connaissance.

Mardi, le Programme alimentaire mondial de l’ONU a lancé l’alerte, signalant qu’un tiers de la population de Gaza avait passé plusieurs jours sans manger en raison du blocus israélien en cours.

De plus, depuis le 2 mars, Israël a évité d’appliquer un accord de trêve et d’échange de prisonniers avec le Hamas et a maintenu la fermeture des postes-frontières de Gaza, laissant des camions d’aide vitale bloqués aux barrières. Selon les autorités de Gaza, un minimum de 500 camions d’aide et de 50 camions de carburant sont nécessaires pour empêcher un effondrement total.

Rejetant les appels internationaux en faveur d’un cessez-le-feu, l’armée israélienne poursuit depuis le 7 octobre 2023 une offensive brutale contre Gaza qui a tué plus de 59700 Palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants. Les bombardements sans relâche ont détruit l’enclave et entraîné des pénuries alimentaires.

En novembre dernier, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêts contre le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza. De plus, Israël est mis en cause pour génocide devant la Cour internationale de justice du fait de sa guerre contre l’enclave

  • Photo : Camions transportant de l’aide (Photo Ashraf Amra)