Les étudiants avaient initialement prévu de tenir l’initiative dans l’auditorium de l’université, mais le doyen des étudiants et l’université ont annulé cette manifestation, préalablement approuvée, 24 heures avant qu’elle ne….
Les étudiants avaient initialement prévu de tenir l’initiative dans l’auditorium de l’université, mais le doyen des étudiants et l’université ont annulé cette manifestation, préalablement approuvée, 24 heures avant qu’elle ne commence. Les organisateurs étudiants, sans se laisser décourager, ont décidé qu’elle aurait lieu à l’extérieur, sur la pelouse du campus. « Nous avons décidé de tenir notre manifestation quelle que soit leur décision » dit une étudiante participant, Hanan Darawsha, dans un entretien avec Palestine Monitor.
Une cinquantaine de Palestiniens et une poignée d’étudiants juifs de gauche se sont rassemblés pour commémorer la Nakba, ou « Catastrophe » – le mot arabe utilisé pour évoquer la création de l’État d’Israël dans la Palestine mandataire où, simultanément, 750 000 Palestiniens furent chassés de leur pays. Les manifestants étaient assis, pacifiquement, quand la police est arrivée. « Deux ou trois policiers pour chaque militant, dont deux à cheval », dit Darawsha. Elle note également que ces policiers faisaient partie du Yasam, une unité spéciale créée pour mater les émeutes et contrôler les foules.
Après l’arrivée de la police, les étudiants se sont dispersés en plusieurs petits groupes, afin de ne pas dépasser les 50 dans un groupe : un groupe de plus de 50 est considéré comme une manifestation officielle, raconte Darawsha. En se divisant, ils ont échappé à l’arrestation pour rassemblement. La sécurité de l’université a demandé aux manifestants d’arrêter leur commémoration, mais ils ont refusé.
Les manifestants ont rencontré également l’opposition des étudiants juifs de droite, lesquels sont arrivés en brandissant des drapeaux israéliens, en hurlant pour couvrir les chants pro-palestiniens des participants à la commémoration. Il y a eu plusieurs affrontements entre les manifestants et les étudiants juifs de droite. Finalement, le syndicat étudiant a fait venir des orateurs et un DJ, « de sorte que notre voix n’a pas été du tout entendue » dit Darawsha. « Nous avons collé du scotch sur nos bouches en signe de protestation contre le refus de l’université de nous laisser exprimer nos idées. »
La famille de Milad Ayyash, ce jeune Palestinien de 17 ans, de Silwan, abattu par un garde colon de la sécurité en 2011, était invitée sur le campus pour parler devant les étudiants et présenter un documentaire sur sa mort. Pendant que la famille intervenait, la police a encerclé les étudiants. « Cela a été très angoissant pour certains étudiants, particulièrement pour ceux de première année… nous ne savons pas pourquoi il y a eu tant de policiers mais c’était très intimidant » explique Darawsha.
Peu après, la police a parlé au père de la famille, lui disant que sa présence sur le campus était illégale. Et les étudiants juifs de droite d’hurler que les Ayyash étaient une « famille terroriste ».
La police a été « étonnamment » non violente avec les étudiants, dit Darawsha.
Les policiers les ont simplement encerclés avec l’aide de la sécurité du campus, voulant les intimider par leur présence. Ils ont aussi admonesté des étudiants verbalement, et filmé le visage de chaque participant. Ils ont demandé à plusieurs étudiants leur identité, ce qui indique que ceux-ci auront bientôt quelque problème avec l’université, explique Darawsha. À son avis, la présence de la police était destinée « principalement à faire peur aux (étudiants pro-palestiniens) ».
Muhammad Kanaaneh, ancien secrétaire général d’Abnaa el-Balad, mouvement politique palestinien dans ce qui est aujourd’hui Israël, a été arrêté dès son arrivée. Il avait été invité pour faire une intervention pendant la commémoration. Il a été le seul à être arrêté.
C’est la troisième année que l’université de Haïfa annule les activités du jour de la Nakba. Ce matin, l’université a pris la décision de geler les cellules, dans l’université, de deux partis politiques de gauche, le Balad (Front démocratique national) et le Hadash (Front démocratique pour la paix et l’égalité), deux partis qui s’opposent à l’occupation et défendent les droits des Arabes israéliens.
(*) Correction : cet article déclarait initialement que l’administration de l’université de Haïfa avait suspendu le groupe étudiant lié au parti Balad, au lieu d’Abnaa el-Balad.
(**) Correction : les étudiants fréquentant l’université de Haïfa ont informé Palestine Monitor que les activités du campus avaient été interdites aux trois groupes : Balad, Abnaa el-Balad, et Hadash.