La main-mise financière d’Israël sur le territoire palestinien occupé doit cesser, disent des experts des Nations Unies

GENEVA — Des experts des Nations Unies* ont alerté aujourd’hui sur la grave urgence économique et les dommages catastrophiques contre les droits humains qui résultent des attaques d’Israël dans la Bande de Gaza et plus largement de sa main-mise financière sur tout le territoire palestinien occupé.

« La vie économique à Gaza a été décimée par la pure destruction physique, le blocus et le siège, et les déplacements forcés répétés », ont déclaré les experts.

Ils ont souligné que la plupart des richesses commerciales, agricoles et industrielles ont été endommagées. Le chômage a augmenté, jusqu’à toucher plus de 80% de la population. Le PIB a diminué dramatiquement et le commerce est paralysé. La pauvreté est endémique. La famine a été déclarée.

« Il y a maintenant une crise des liquidités à Gaza », ont dit les experts. La plupart des banques et des distributeurs de billets ont été détruits. Israël a bloqué le flux entrant de nouvelles devises, la pénurie d’espèces conduisant à une inflation drastique du coût de la vie et à un déclin de la valeur des salaires. Les prix de l’huile de cuisson avaient augmenté à la mi-2025 de 1200% et ceux de la farine de 5000%. Les travailleurs humanitaires perdraient près de 40% de leur salaire simplement pour avoir accès à leur rémunération. Les paiements électroniques sont entravés par les coupures d’électricité et des télécommunications.

« Les dommages civils disproportionnés causés par le blocus et le siège d’Israël violent le droit humanitaire international et les droits économiques et sociaux des Palestiniens », ont dit les experts.

« Les lois israéliennes restreignant l’UNRWA et la suspension de son financement par les États Unis, ont mis en danger des milliers d’emplois et entravent l’assistance humanitaire vitale qui est encore plus essentielle à cause de l’effondrement économique de Gaza », ont-ils dit.

Les experts ont fait remarquer que la Cisjordanie occupée se trouve aussi soumise à une pression financière croissante. Israël a arbitrairement détourné et retenu des recettes fiscales dues à l’Autorité palestinienne, empêchant les paiements des salaires et sapant la liquidité, en violation des Accords d’Oslo.

« Israël a menacé de ne pas renouveler en novembre 2025 la dispense annuelle des lois sur le financement du terrorisme, dispense qui permet aux banques israéliennes de traiter les transactions avec les banques palestiniennes », ont dit les experts. « Cela couperait les Palestiniens du système financier mondial ».

Les autorisations de travail ont été suspendues pour 100000 travailleurs palestiniens, tailladant les flux entrants d’espèces qui représentaient auparavant un quart de tout le revenu national brut.

« Ces mesures exacerbent les lourdes pertes économiques dues à la saisie illégale des terres et à l’exploitation illégale des ressources naturelles par les colons israéliens en Cisjordanie occupée », ont dit les experts.

Au cours des deux dernières années, les restrictions sur l’économie palestinienne se sont intensifiées, sous le prétexte de contrer le terrorisme, avec pour conséquences des politiques d’atténuation des risques injustifiée de la part des banques mondiales, des fermetures de comptes et des blocages des transferts humanitaires.

« De manière cumulative, ces mesures violent sérieusement les obligations d’Israël à garantir les droits humains à un standard adéquat de conditions de vie, de travail, de nourriture, d’eau, de système sanitaire, de santé, de préservation de la vie et du droit à ne pas être soumis à la torture ou à un traitement cruel, inhumain ou dégradant », ont dit les experts. « Elles violent aussi les obligations d’Israël en tant que puissance occupante à maintenir la vie économique au bénéfice de la population et à ne pas exproprier illégalement des propriétés ni exploiter les ressources naturelles. »

« Ces mesures entravent aussi les droits collectifs du peuple palestinien à l’auto-détermination économique, au contrôle sur ses richesses et ses ressources naturelles et à son développement », ont-ils déclaré. « Israël doit s’abstenir d’intervenir dans l’État de Palestine par la coercition économique et il doit respecter sa souveraineté. »

Les droits économiques du peuple palestinien ont été à de nombreuses reprises réaffirmés par la Cour internationale de justice et par l’Assemblée générale des Nations Unies, et plus récemment lors de la Conférence internationale à haut niveau sur la Palestine en juillet 2025.

« Nous appelons Israël à lever immédiatement le blocage et le siège de Gaza, à mettre fin aux violations du droit humanitaire international, à ôter les restrictions sur les devises, à restaurer les flux monétaires, à établir des systèmes de distribution d’espèces sécurisés et à faciliter les paiements électroniques », ont dit les experts. « Israël doit aussi s’engager au renouvellement permanent de la dispense bancaire en Cisjordanie occupée et à cesser de retenir les revenus fiscaux palestiniens comme rançon ».

Ils ont rappelé que l’avis consultatif de 2024 de la Cour internationale de justice demandait qu’Israël mette fin à son occupation illégale aussitôt que possible. L’Assemblée générale a donné à Israël la date limite du 17 septembre 2025.

« La communauté internationale doit agir de manière urgente pour forcer Israël à cesser de violer les règles fondamentales du droit international, à respecter les droits économiques du peuple palestinien, à soulager la crise humanitaire et à empêcher un effondrement financier », ont dit les experts.

*Les experts :

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