La conférence « secrète » dans le désert de Sheldon Adelson pour comploter contre la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions

Si vous ne saviez pas que, ce week-end, certaines des personnes les plus riches et les plus puissantes du monde se sont rencontrées dans le désert de Las Vegas pour….

Si vous ne saviez pas que, ce week-end, certaines des personnes les plus riches et les plus puissantes du monde se sont rencontrées dans le désert de Las Vegas pour tramer une campagne massive et bien financée contre le mouvement Boycott-Désinvestissement-Sanctions, ce n’est pas de votre faute. Au moment où j’écris, aucun des medias traditionnels n’en a parlé. Vous auriez du être un lecteur de sources d’information telles que le quotidien juif Forward->http://forward.com/news/309227/sheldon-adelson-to-host-secret-anti-bds-summit-for-jewish-donors/] ou [Haaretz ou Mondoweiss pour y trouver quelque chose à propos de cette conférence « secrète ».

Comme le rapporte le Forward, « Les principaux méga-donateurs Juifs […] ont convoqués les militants pro-israéliens à une rencontre à huis clos à Las Vegas, pour définir et financer des stratégies victorieuses en vue de contrer la vague d’activités anti-israéliennes sur les campus.d’enseignement supérieur. La rencontre […] est accueillie par le casino-milliardaire Sheldon Adelson et a été organisée par plusieurs autres financeurs juifs importants, parmi lesquels le magnat du divertissement hollywoodien Haim Saban, le promoteur immobilier né en Israël Adam Milstein et la femme d’affaires canadienne Heather Reisman ».

Plus important, « L’initiative …] n’est pas venue d’étudiants sur le terrain, ni ne provient du travail des nombreuses organisations impliquées dans la militantisme pro-israélien sur les campus. Mais plutôt, c’est une idée portée par de riches philanthropes juifs qui ont décidé d’intervenir. » Ce n’est pas différent de la méthode utilisée par Adelson et d’autres pour essayer de combattre BDS par le biais de politiques nationales ou au niveau des états, comme je l’ai [indiqué précédemment. En tant que telle, elle se rattache à plusieurs tentatives, des mêmes ou d’autres, visant à étouffer toute discussion sur le thème Palestine/Israël sur les campus d’enseignement supérieur.

Cet effort couple dangereusement les Américains riches qui combattent BDS avec l’appareil d’état israélien lui-même. « Saban, un milliardaire de Los Angeles, qui est aussi un des principaux donateurs au parti Démocrate, très lié aux Clinton, discute de cette idée depuis plus d’un an, affirme une source ayant accès à des informations de première main à propos de cette initiative. Saban a discuté avec des officiels israéliens, dont l’ancien ambassadeur à Washington Michael Oren et des dirigeants du ministère des affaires étrangères israélien, à propos de la mise en place d’une force d’intervention spéciale pour combattre la montée des appels sur les campus à adopter des mesures de boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël.

Cette coalition des conservateurs et du clan Clinton, et des dirigeants des Etats-Unis et d’Israël, pour intervenir de façon autoritaire dans les discussions sur les campus est pernicieuse et écoeurante. Et néanmoins, c’est également un hommage au pouvoir grandissant d’une autre constellation d’acteurs : les presque 200 organisations civiles de Palestine qui ont initié l’appel au Boycott-Désinvestissement-Sanctions en 2005 et ceux qui, aux Etats-Unis et ailleurs, ont répondu à l’appel, en particulier l’Association for Asian American Studies et plusieurs autres organisations universitaires, des groupes progressistes juifs tel que Jewish Voice for Peace (Une voix juive pour la paix), des organisations étudiantes à travers tout le pays qui ont fait passer des résolutions de désinvestissement (en particulier le gouvernement étudiant représentant l’ensemble de l’Université de Californie) et maintenant des organisations syndicales.

Mondoweiss met le doigt sur le problème : « BDS attire les jeunes américains progressistes et les Juifs américains, parce qu’il s’adresse à leurs valeurs, et à leur désir de marquer leur différence ».

Tout l’argent du monde n’est pas en mesure de nuire à la campagne BDS. Certainement, il pourra y avoir des reculs mineurs le long du chemin mais toute personne dotée d’un minimum d’intelligence politique sait que le travail politique sérieux, en particulier sur la question Palestine/Israël, opère de façon incrémentale sur le long terme. Ce que ce type de projet nécessite est une source de soutien et d’énergie continuellement réapprovisionnée, et c’est ce que l’on trouve à la fois chez les personnes les plus jeunes et les plus vieilles, et plus particulièrement, chez les anciens soutiens mécontents et désillusionnés d’Israël.

Il y a eu un changement majeur dans la façon dans le conflit Palestine/Israël est discuté. Il a été discuté chaudement et passionnément, mais, plus important, il a été discuté avec le désir d’en apprendre davantage. Les étudiants me disent que ce qui ressort de nos jours, c’est que personne ne peux plus prétendre ne pas avoir d’opinion, et comme les bons étudiants qu’ils sont, ils font leurs devoirs.

Heureusement, quand ils le font, ils ne disposent pas seulement du New York Times et du Washington Post. Ils ont, sous leurs doigts, accès à un flot d’informations venant du monde entier. Et pas seulement à de nouveaux organes de presse. Ils ont un accès immédiat aux documents de l’ONU, aux organisations de défense des droits de l’homme, et aux publications d’indivisus présents sur le terrain, et à de nouvelles sources à l’intérieur d’Israël lui-même. Et lorsqu’ils accèdent à tout ce vaste spectre d’informations, l’image composite dont ils assemblent les fragments les informe de la réalité du traitement des Palestiniens et d’autres en Israël et dans les territoires occupés et les conduit à condamner complétement le statu quo.

L’appareil pro-israélien produit en série ses messages, mais il n’est capable que de recycler un ensemble de mythes et d’arguments qui sont de plus en plus perçus comme usés, fatigués et de réalité douteuse. L’idée que les choses sont difficiles mais finiront correctement, et s’amélioreront si nous sévissons contre BDS est de plus en plus difficile à vendre. Pas seulement parce que les gens en ont appris de plus en plus sur l’histoire de la fondation de l’état d’Israël et de son occupation illégale à partir de ces multiples sources, mais également parce qu’ils commencent à débattre, à être aux prises avec ces histoires d’Israël en compétition, de plus en plus de gens sont affligés et scandalisés.

Ils ont sous les yeux les idéologies effectives du gouvernement de Netanyahou mises en pratique, et ces pratiques sont maintenant aisément identifiés comme la poursuite de toute une histoire de pratiques injustes, inhumaines et violentes. En bref, le présent confirme la vérité des versions du passé telles que présentées du point de vue des Palestiniens.

Une ferveur morale et éthique de développe au travers du monde, et il en résulte de plus en plus d’articles, d’essais et de témoignages. Et davantage de groupes de discussion, de protestations à diverses échelles et de diverses natures.

Adelson et compagnie peuvent bien pousser tous les leviers habituels, se comporter comme si, preque éternellement, ils poursuivront leur chemin. Mais ils font une énorme erreur stratégique qui ne conduira pas à une victoire contre BDS, et plus vraisemblabement retournera les gens contre eux à propos de cet événement concernant la Palestine et Israël. L’image de David et Goliath n’est pas entiérement hors de propos ici. Finalement ce raz de marée de richesse, d’influence et de pouvoir ne sera pas capable de mettre fin aux activités de base qui se développent aux Etats-Unis et au travers du monde, parce que de plus en plus de personnes s’enhardissent à agir, et agissent de concert , pas forcément en accord avec la campagne BDS, mais à cause de la situation des Palestiniens qui a été de façon si puissante mise en lumière aux yeux du monde par BDS.

Qu’est-ce qui peut mettre fin à la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions ? La satisfaction des demandes justes et correctes que BDS a présentées, des demandes qui exigent simplement que les droits reconnus aux Palestiniens par le droit international soient enfin garantis; la fin de l’occupation et le retour aux frontières d’avant 1967 telles que définies par le droit international; des droits égaux et un traitement égal pour les Palestiniens à l’intérieur d’Israël; et le droit au retour des Palestiniens comme l’exige le droit international.

L’événement Adelson devrait en fait être vu comme un énorme compliment au succès de la campagne BDS, un commentaire approprié à un autre événement largement plus significatif survenant cette année – le 10ème anniversaire de la création de la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions.