La direction nationale du syndicat national des Étudiants (NUS) du Royaume-Uni a voté son alignement sur le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), conduit par les Palestiniens. Réagissant, le….
La direction nationale du syndicat national des Étudiants (NUS) du Royaume-Uni a voté son alignement sur le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), conduit par les Palestiniens.
Réagissant, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahuu, a répondu en présentant l’organisation et ses millions d’adhérents comme des partisans de l’État islamique, ce groupe extrémiste violent connu aussi sous le nom d’ISIS ou ISIL.
« Dans un vote avec 19 voix pour, 4 contre et une abstention, la confédération des 600 syndicats étudiants dans tout le Royaume-Uni a adopté, mardi, la proposition favorable au BDS, à sa réunion du conseil exécutif national », selon JTA (source d’infos juives mondiales).
Le bureau de presse du NUS n’a pas été en mesure de communiquer immédiatement à The Electronic Intifada une copie officielle de la résolution, mais il a indiqué qu’elle serait publiée sur son site dans les prochains jours.
La diffamation de Netanyahu
« Il n’y a pas un an, ils refusaient de soutenir un boycott d’ISIS », a déclaré Netanyahu en réaction au vote, lors d’une réunion avec le ministre des Affaires étrangères du Canada.
« Ils boycottent Israël mais il refusent de boycotter ISIS. Cela vous dit tout ce que vous voulez savoir sur le mouvement BDS. Ils condamnent Israël et ils ne condamnent pas ISIS », a allégué le Premier ministre israélien.
Netanyahu a répété cette même allégation sur Twitter :
« Un groupe national d’étudiants en Grande-Bretagne qui a voté le boycott d’Israël, avait refusé de boycotter ISIS. C’est cela le BDS. » – 3 juin 2015
La réalité, c’est que le conseil exécutif national du NUS a adopté une résolution, à sa réunion du 3 décembre 2014, qui condamne ISIS « en tant qu’organisation réactionnaire terroriste commettant des atrocités » sur les populations des régions où il opère.
En septembre dernier, l’exécutif avait rejeté une motion sur la solidarité kurde qui contenait un même langage, mais sa décision n’avait rien à voir avec un refus d’une condamnation d’ISIS.
Comme l’a expliqué un membre du conseil exécutif national du NUS, Zarah Sultana, dans un article de décembre dans The Huffington Post, elle et ses collègues ont considéré la résolution comme viciée parce qu’elle encourageait les étudiants à s’espionner les uns les autres.
« Dans un climat où les communautés musulmanes et les groupes étudiants sont déjà sous un contrôle strict et soumis à une surveillance ciblée par le Home Office (ministère de l’Intérieur), la police, les universités, le secteur de la santé et d’autres encore, cela ne ferait que contribuer à légitimer d’autres mesures répressives et d’autres préjugés à l’encontre des musulmans » a écrit Sultana.
Et elle ajoute : « La motion a été rejetée mais à la condition qu’elle soit réécrite et représentée à la prochaine réunion du conseil exécutif national, en conservant l’esprit du soutien au peuple kurde, mais libérée de ces éléments qui posent problème ».
C’est ce qui s’est effectivement passé, et la motion a été votée.
« Cocasse »
Mais dans le cadre de sa campagne en flèche visant à calomnier ceux qui soutiennent les droits des Palestiniens, Israël utilise cet historique procédural pour faire passer la diffamation selon laquelle le NUS est, au fond, un partisan d’ISIS.
« Il y a quelque chose de vraiment cocasse à voir le gouvernement de l’une des « superpuissances » mondiales se mettre en quatre pour calomnier, répandre des mensonges et condamner une organisation d’étudiants parce qu’elle le boycotte », a déclaré aujourd’hui Sultana, qui est aussi au comité national de la Campagne des étudiants noirs du NUS, à The Electronic Intifada .
« Mais cela ne fait que confirmer ce qui devient de plus en plus évident pour le reste du monde : qu’Israël est confronté à une crise dans sa capacité à justifier l’apartheid, et qu’on arrive à la fin de la partie ».
Sultana a également répondu aux diffamations d’Israël sur Twitter :
« Chers politiciens, médias israéliens, et chers idiots des médias sociaux : le NUS a adopté une motion condamnant ISIS. Si vous l’aviez recherchée, vous le sauriez. » – #nusnec – 3 juin 2015
« Le NUS peut voter BDS mais il ne peut condamner ISIS » – Le 3 décembre 2014, #nusnec a voté à l’unanimité cette motion pour la solidarité kurde – 3 juin 2015 : (Voir ici).
« Une percée massive »
Le NUS adopte depuis longtemps des positions en soutien des droits des Palestiniens. En août dernier, en pleine agression d’Israël contre Gaza, où celui-ci tua plus de 2200 Palestiniens, le conseil exécutif national du syndicat a appelé à un embargo sur les armes à Israël et il a exhorté ses sept millions de membres à boycotter « les entreprises qui se rendent complices en finançant et en aidant l’armée d’Israël, notamment G4s et Hewlett Packard ».
La motion qui fut votée l’été dernier « constituait une percée massive, et le vote de cette semaine réaffirme ce soutien, qu’il cimente comme étant la politique du NUS pour les trois prochaines années, mais aussi il signale que l’argument pour le BDS est devenu normalisé au sein du mouvement étudiant, en tant que « solidarité de bon sens », a dit Sultana à The Electronic Intifada.
« De sorte qu’en ce sens, ce vote va bien au-delà de toute forme de victoire symbolique et représente une longue bataille qui est en train d’être gagnée, et cela grâce à des années d’actions des militants pro-Palestine sur le terrain ».
« La lutte qui a amené le NUS à approuver le mouvement BDS n’aurait pas eu lieu sans la Campagne des étudiants noirs du NUS, campagne qui fut à la pointe de cette cause, à l’intérieur du NUS, pendant de nombreuses années », ajoute Sultana.