L’Université hébraïque facilite la brutalité de la police israélienne dans Issawiyeh occupé

Cette photo, obtenue par les Universitaires pour l’égalité, montre clairement deux policiers en train de surveiller le quartier d’Issawiya depuis le toit de « l’immeuble Rabin » dans le campus….

Cette photo, obtenue par les Universitaires pour l’égalité, montre clairement deux policiers en train de surveiller le quartier d’Issawiya depuis le toit de « l’immeuble Rabin » dans le campus du mont Scopus de l’Université hébraïque de Jérusalem.

Ce type d’activité sape l’autonomie de l’université, et brouille les frontières entre les institutions d’éducation civique et les mécanismes de la police de l’État. Ceci est particulièrement vrai quand il s’agit de soutenir des mesures de punition collective dans les territoires occupés.

Au cours des six derniers mois, les habitants d’Issawiya ont souffert d’une brutalité policière acharnée et insondable. Compte tenu de cette situation, nous avons adressé une lettre aux responsables de l’université pour qu’ils nous informent de la nature de cette activité (voir la lettre intégrale ci-dessous).

Nous n’avons été nullement surpris de recevoir une réponse évasive de la part de l’université, se cachant derrière de vagues allégations de « préoccupations sécuritaires » : Les forces de police sur le toit de l’immeuble agissaient pour « contrer une tentative d’attaque contre les étudiants et les enseignants ». En l’absence de la moindre information du public et preuve à propos de tels « attaques » ou « risques sécuritaires » – information qui permettrait à ce public d’évaluer la proportionnalité et la nécessité d’une intervention policière à partir du territoire du campus – nous sommes contraints de les considérer comme entrant dans le champ d’une violence oppressive et disproportionnée déclenchée contre les civils à Issawiya, et de violations des droits de l’homme que nous condamnons.

Cette situation soulève des questions morales et place l’Université hébraïque et l’université israélienne en général en conflit avec les normes internationales et les valeurs académiques approuvées dans le monde démocratique.

Il est inacceptable que le campus universitaire serve de base avancée pour violer les droits de l’homme !

Les Universitaires pour l’égalité


11 décembre 2019

aux

Professeur Asher Cohen, président, Université hébraïque de Jérusalem

Professeur Barak Medina, recteur, Université hébraïque de Jérusalem

à

Monsieur Yishai Fraenkel, vice-président et directeur général, Université hébraïque de Jérusalem

Monsieur Yoav Atias, responsable de la sécurité, Université hébraïque de Jérusalem,

Objet : L’opération de police sur le campus de Har Hazofim

Messieurs,

Nous vous demandons, au nom des plus de 500 membres de l’organisation Universitaires pour l’égalité, une organisation pour la démocratisation de l’université et de la société israéliennes, de vous préoccuper de ce qui apparaît comme une utilisation du territoire et des installations du campus pour des opérations de police dirigées contre le quartier Issawiya à Jérusalem-Est. Une photo que nous avons obtenue (ci-jointe) montre clairement deux policiers en train de surveiller le quartier depuis le toit de l’immeuble Rabin sur le campus.

La violence déclenchée par la police contre ce quartier se poursuit depuis six mois, la plus longue « opération de police » de son histoire. À partir d’articles de presse et de contacts avec les habitants du quartier, nous avons eu connaissance de raids policiers nocturnes, de perquisitions agressives à des domiciles, de restrictions graves sur les déplacements, harcèlements au moyen d’amendes et de rapports de police, de l’arrestation de centaines d’habitants incluant des mineurs (la plus grande majorité étant libérés sans aucune charge retenue contre eux), de dizaines de blessés par des tirs de balles caoutchouc et l’usage de matériel antiémeutes, et de ce qu’une des victimes, Mohammad Samir Abbed, avait été tué par un tir à balle réelle. Plus nous sommes informés de telles activités, plus de questions se posent quant à la nécessité et aux objectifs de cet usage disproportionné de la force contre des civils.

Compte tenu de la réalité décrite ci-dessus, et par réel souci de l’intégrité institutionnelle du monde universitaire israélien, souci de la liberté académique et du principe de l’accès à l’éducation pour tous, nous souhaitons mettre l’accent sur les questions qui sont en jeu. Premièrement, le fait de transformer des campus universitaires en terrains d’activités de la police dans le quartier constitue une violation grave des normes acceptables des institutions académiques dans le monde, et sape la séparation primordiale entre infrastructure civile et système d’application policière. Deuxièmement, ce manque de séparation nuit à la confiance entre étudiants universitaires et travailleurs, tant juifs qu’Arabes, et aux relations avec les habitants du quartier, particulièrement ceux qui sont employés par l’Université. Comment imaginez-vous que les habitants d’Issawiya voient l’Université, quand ses toits sont utilisés pour une surveillance tournée contre leur communauté ? Troisièmement, les activités policières ont récemment fait l’objet de critiques croissantes de la part du public. La police conduit des campagnes militarisées en coopération avec les forces militaires sur un territoire occupé au sens du droit international. Il est particulièrement troublant que des actions militaires soient menées à proximité d’écoles et durant les heures de cours, activités qui terrorisent les enfants, et les parents qui craignent pour leur sécurité et leur vie. Coopérer avec de telles actions militaires agressives contre des civils soulève des questions morales, et expose l’Université hébraïque de Jérusalem, et l’université israélienne en général, à une critique internationale justifiée, au nom des valeurs et des normes académiques qui sont respectées dans le monde démocratique.

Profondément inquiets, nous sollicitons votre réponse aux questions suivantes :

  1. l’Université hébraïque de Jérusalem autorise-t-elle la police israélienne à utiliser les installations du campus pour ses activités de surveillance ?
  2. Sur la base de quelle procédure cette autorisation est-elle réglementée ?
  3. À quelle fréquence cette procédure est-elle mise en application ?

Veuillez agréer Messieurs…

Le Conseil de direction

Les Universitaires pour l’égalité