Israël instaure des coupures illégales de l’alimentation électrique de Gaza

Lundi matin, Israël a réduit sa fourniture d’électricité à la bande de Gaza occupée. En dépit d’avertissements de la part de groupes de défense des droits des êtres humains disant….

Lundi matin, Israël a réduit sa fourniture d’électricité à la bande de Gaza occupée. En dépit d’avertissements de la part de groupes de défense des droits des êtres humains disant que ce geste viole le droit international.

Les coupures se produisent malgré les sérieux avertissements lancés au cours de ces dernières semaines par le comité international de la Croix Rouge, l’Organisation Mondiale de la Santé et des représentants de l’ONU selon lesquels la pénurie d’électricité induite cause une catastrophe humanitaire, dans la mesure où le système de santé, la fourniture d’eau et l’assainissement ne peuvent fonctionner.

À la mi-mai, le CICR a déclaré que Gaza était au bord d’un « effondrement systémique ». Israël envisage finalement de réduire de 40% sa fourniture d’électricité à Gaza selon un plan approuvé par son cabinet au début du mois.

Lundi, Israël a réduit la fourniture d’électricité d’environ 7%, ce qui diminuera de 45 minutes l’alimentation électrique des ménages à Gaza.

L’électricité, pour la plupart des deux millions de Palestiniens de Gaza, n’est déjà disponible que pour seulement trois ou quatre heures par jour.

Si les coupures sont totalement effectuées par Israël, la population de Gaza se retrouvera avec seulement deux heures d’électricité par jour.

Le cabinet a approuvé les coupures en réponse à l’Autorité Palestinienne qui a informé Israël qu’elle ne paierait que 60% de la facture mensuelle d’électricité de Gaza à Israël.

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le ministre de la défense Avigdor Lieberman ont maintenu que la grave pénurie d’électricité à Gaza est strictement une affaire palestinienne.

« C’est une crise palestinienne (interne) » a dit Lieberman. « Ceux qui doivent payer l’électricité sont les leaders du Hamas et de l’Autorité Palestinienne », nous n’avons rien à faire là-dedans ».

Faisant écho aux affirmations du gouvernement israélien, le coordinateur humanitaire de l’ONU, Robert Piper, a dit la semaine dernière que la crise de l’électricité à Gaza était le résultat « d’un conflit interne palestinien qui dure depuis longtemps ».

Piper a cependant averti que des réductions supplémentaires seraient « catastrophiques ».

Israël est responsable

Mais des groupes de défense des droits des êtres humains ont repoussé les efforts que fait Israël pour s’en laver les mains et insisté sur l’obligation qu’a Israël de maintenir la fourniture d’électricité sans s’occuper du paiement.

Le directeur régional de Human Rights Watch, Omar Shakir, a dit au journal de droite pro israélien Algemeiner, qu’Israël étant « de droit la puissance occupante, il doit refuser la requête de l’AP visant à couper l’électricité à Gaza.

« Israël contrôle les frontières, l’espace aérien, les eaux de Gaza, donc Israël a une obligation qui va au-delà d’une simple réponse à une requête des autorités palestiniennes » a dit Shakir.

L’ONU, le CICR, les États Unis et l’Union Européenne maintiennent tous qu’en droit international, Israël reste la puissance occupante à Gaza, malgré le retrait de ses soldats et colons, de l’intérieur du territoire en 2005.

« En tant que puissance occupante, Israël a l’obligation d’assurer que les besoins vitaux de la population civile sont satisfaits » a dit la semaine dernière Magdalena Moughrabi, la directrice internationale adjointe d’Amnesty International pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord.

« Les autorités israéliennes doivent immédiatement lever le blocus illégal et mettre fin à la punition collective qu’ils infligent à la population de Gaza » a dit Moughrabi.

Le porte-parole de la responsable des affaires internationales de l’Union Européenne, Federica Mogherini n’a pas rémondu à notre demande de commentaire sur la détérioration de la situation à Gaza.

Illégal

Dans une lettre au procureur général d’Israël, 16 organisations israéliennes ont déclaré que la décision de couper l’électricité est clairement en violation du droit humanitaire international.

Gisha, un groupe qui contrôle le blocus de Gaza, a dit que la lettre insiste sur « l’illégalité de la décision du cabinet, tant en droit israélien qu’en droit international ».

En 2008, la Cour Suprême d’Israël a décidé qu’Israël pouvait pratiquer une réduction minimale de la fourniture d’électricité à Gaza pour « raisons de sécurité ». Mais Israël ne met pas en avant de raisons de sécurité actuellement.

À ce moment-là, la décision a été dénoncée par des groupes de défense des droits des êtres humains, mais les 16 organisations ont rappelé au procureur général que même la décision de 2008 reconnaît que Gaza est « presque totalement dépendante d’Israël pour son alimentation électrique, et qu’Israël a une « obligation humanitaire » d’éviter tout « préjudice à la population civile ».

La décision de 2008 a permis à Israël de réduire sa fourniture d’électricité de juste 5% mais elle a exigé qu’Israël continue à fournir Gaza avec assez de carburant pour le fonctionnement de la centrale électrique.

Aujourd’hui Gaza est encore plus dépendante d’Israël pour son électricité qu’en 2008. La seule centrale électrique de Gaza ne marche plus du tout.

La centrale n’a plus fonctionné à pleine capacité depuis 2009, lorsqu’Israël a cessé d’autoriser que le « minimum humanitaire » de diesel entre à Gaza.

Elle a complètement fermé en avril après qu’elle ait épuisé le carburant fourni en urgence et payé par le Qatar et la Turquie.

Tandis que la crise de l’électricité impose de graves souffrances à la vie quotidienne, elle est catastrophique pour les hôpitaux qui manquent de réserves et sont déjà en train d’annuler des urgences critiques et de fermer des ailes entières.

Une génératrice fournissant une unité de soins intensifs dans un hôpital pour enfants a cessé de fonctionner il y a trois semaines à cause d’une surcharge.

Le ministre de la santé de Gaza avertit que plus de 50 salles d’opération qui pratiquent environ 250 interventions par jour sont menacées de fermeture si Israël ne remplit pas ses obligations en garantissant les services de base à la population, dont le carburant permettant le fonctionnement de la centrale électrique de Gaza.