Israël et la Liberté Académique : un livre fermé

Vous avez une fille de 17 ans… appelons la Rachel, ou peut-être Nadia… élevée dans une maison où le dialogue, le débat et les désaccords ont servi de véritables et….

Vous avez une fille de 17 ans… appelons la Rachel, ou peut-être Nadia… élevée dans une maison où le dialogue, le débat et les désaccords ont servi de véritables et principaux piliers des dîners de famille tous les soirs pendant des années. Pendant les vacances, cela signifiait simplement des discussions plus longues et plus virulentes avec plus de parents à énerver. Et pourtant, rien ne vous a rendu plus fier. Elle s’est épanouie dans une « zone de sécurité » où son regard et sa parole n’étaient pas laissés au second plan derrière tout autre simplement parce qu’elle était jeune, fille ou que sa pensée était provocante. Il n’y a rien de mieux que cela.

Un jour, la recherche du bon collège a commencé. Bien sûr, la distance de la maison et l’agencement physique sont importants et sa sécurité personnelle primordiale, mais ce n’est que le point de départ. Vous avez cette liste d’universités excellentes, impressionnantes, peut-être historiques et vous vérifiez leur réputation, par seulement sur leurs résultats universitaires, mais sur leur engagement déterminé envers la liberté d’expression et de pensée ; une zone protégée… protégée des intimidations extérieures qui cherchent à limiter ou à étouffer sa façon de grandir… pas seulement en tant qu’étudiante mais, plus important, en tant qu’être humain.

L’université doit être un melting pot, une magnifique expérience de la diversité, unifier les différences, non pas dans une pensée uniforme « acceptable », mais dans la notion que les idées doivent être libres et robustes pour être en bonne santé.. toutes les idées… les bonnes, les mauvaises, les inconfortables. Et pourtant, aujourd’hui, à travers tous les Etats Unis, il semble que la pureté de la pensée soit devenue synonyme de l’idée d’une éducation « saine » et solide. Ce n’est pas par hasard si la liberté d’expression et d’association sont attaquées d’une côte à l’autre comme on ne l’a jamais vu depuis les purges universitaires, qui ont largement ciblé les Juifs « radicaux » dans les années 1950, que nous avait apportées un gars nommé McCarthy. Lui aussi avait dans l’idée qu’une bonne pensée doit nécessairement respecter les critères d’une liste d’idées aseptisées. Cette sauvegarde de la liberté d’expression et d’association exigeait une suite de raisonnements dictée par les puissants et les persuasifs.

La continuité de la répression académique aux Etats Unis

L’ère McCarthy n’a pas été la première dans ce pays où de minables démagogues politiques ou universitaires ont cherché à imposer leur point de vue à des institutions d’éducation pour gagner des votes ou chercher à plaire à de puissants donateurs. En 1832, un membre de la Société Jefferson d’étudiants de l’université de Virginie, déclara publiquement son soutien à l’émancipation des esclaves, ce qui a conduit la faculté à déclarer : « Rien ne devrait être prononcé sur aucune question gênante de politique du pays ou d’un état, ni sur aucun point de discussion théologique. » Il fut chassé de l’école. En 1833, le Conseil d’administration du Séminaire Théologique de Lane à Cincinatti a interdit une société antiesclavagiste constituée d’étudiants et de quelques professeurs, déclarant que « l’éducation devait être achevée avant que les jeunes soient renvoyés pour leurs idées ». En 1856, après que le professeur Benjamin Sherwood Hedrick de l’université de Caroline du Nord ait choisi le parti Républicain, le Standard de Caroline du Nord a dit de ce parti qu’il était « incompatible avec notre honneur et notre sécurité en tant que peuple » et la faculté a rejeté ses idées. Après que les étudiants aient brûlé son effigie, Hedrick a été renvoyé alors qu’il avait refusé de démissionner ou de renoncer à ses idées antiesclavagistes.

En 1917, l’Amérique est entrée dans la Grande Guerre, et la suppression de la liberté académique a atteint des niveaux extraordinaires qu’on ne reverra pas sur les campus des collèges jusqu’aux récentes attaques contre le mouvement BDS.

A cette époque, la Nouvelle République a fait état de plus de 20 cas de professeurs renvoyés à cause de leur refus de soutenir la guerre ; nul doute que beaucoup plus de licenciements dus à des convictions n’ont pas été mentionnés. Dans un cours sur « les Buts de la Guerre » d’une université du Michigan, on a mis en garde les étudiants contre « les furieux excès des révolutionnaires » [pages 165-166], leur disant qu’« un nombre surprenant » d’entre eux étaient Juifs.

La première Guerre Mondiale colporteuse de peur concernant les radicaux et les discours séditieux a rendu prévisible la répression dans l’académie dans les années à venir, laissant la communauté universitaire dans une… « atmosphère… chargée de peur ». En 1915, un économiste polémiste de gauche nommé Scott Nearing, a été renvoyé de divers postes d’enseignement parce qu’il présentait en classe des opinions controversées qui contestaient le travail des enfants et l’orthodoxie religieuse et sociale, allant jusqu’à préconiser « la redistribution impitoyable des biens ».

Dans les années 1920, un professeur de journalisme de l’Etat de l’Ohio a été renvoyé pour avoir considéré favorablement une grève de mineurs, et le leader pacifiste John Nevin Sayre a été interdit de parole à l’université de l’Oklahoma [pages 166-167]. Un exposé de 1920 de la Société Socialiste Intercollégiale [pages 166-167] « Liberté de Discussion dans les Collèges Américains » a montré que « un nombre croissant d’écoles interdisait les affiliations extérieures à des associations politiques (2), imposant des restrictions croissantes aux orateurs et (3) et censurant le droit des professeurs à exprimer des opinions libérales ». Cela vous rappelle quelque chose ?

Dans les années 1930, des professeurs libéraux avaient déjà été pris pour cibles dans différentes parties des Etats Unis pour un large échantillon de positions politiques jugées offensantes pour les administrateurs et curateurs conservateurs des universités… la plupart du temps en lien avec la race. Des carrières universitaires ont été ruinées à cause de positions « malsaines » sur les relations raciales qui violaient les normes sociales telles que l’invitation à des thés où l’on recevait à la fois des blancs et des gens « de couleur » et où on défendait l’attribution de bourses à des étudiants de troisième cycle « nègres ».

McCarthy et la répression académique d’autrefois ont détruit des vies et des réputations ; plus grave, en tant que nation, en réalité en tant que peuple, ces purges nous ont fait régresser, dramatiquement, créant un environnement empoisonné qui a forcé les libres penseurs à choisir entre leurs convictions et leur sécurité et a coûté cher à notre jeunesse alors qu’elle se démenait pour devenir l’encadrement des générations à venir. Si, cependant, il y a eu un point commun entre la tyrannie académique antérieure et le dogme académique du politiquement correct, il fut généralement bien de chez nous et imposé. La pureté de pensée d’aujourd’hui est différente. Elle trouve son élan et son financement, non pas dans les réunions des salles publiques ou dans la politique domestique, mais dans la vision mondiale d’Israël, autocratie étrangère qui cherche à contrôler le discours et le dialogue de la jeunesse transcendante de notre propre pays.

L’influence d’Israël sur les universitaires américains aujourd’hui

Pour Israël, ce n’est pas suffisant d’envahir les amphis de nos prestigieuses écoles, telles que De Paul, l’université de l’Illinois, Oberlin, CUNY ou Columbia, pour chasser des universitaires pro-palestiniens « controversés » tels que Finkelstein, Salaita, Karega, Schulman, Massad et Dabashi de leur chaire au collège ; ou de contraindre une université telle que Berkeley à suspendre un cours présentant une vision de la colonisation de peuplement en décalage avec le discours sioniste. En réalité, maintenant, grâce à ses mandataires pro-sionistes bien financés, Israël cherche à réorienter fondamentalement ces mêmes amphis vers la promotion et l’appropriation de ses propres besoins et intérêts géopolitiques.

Récemment, d’une côte à l’autre, des organisations bien financées telles que l’Initiative Amcha et la Mission Canari se sont escrimées à intimider les administrateurs et les professeurs d’université dans un effort pour punir ce qu’ils appellent l’antisémitisme en salle de classe. Au nom d’une liberté académique acceptable, ces associations promeuvent une vision israélienne de la liberté d’expression, vision où la diversité de la pensée est constamment attaquée dans les salles de classe et dans la rue dans un effort pour réduire au silence les dissidents palestiniens et leur supporters, d’une façon ou d’une autre.

L’histoire israélienne de la Liberté Académique

L’idée qu’Israël est indifférent aux principes fondamentaux de la liberté d’expression et d’association et a peur d’un échange d’idées ouvert est un débat sans contradiction. Toute conversation sur la façon dont Israël voit l’importance de la liberté académique et le droit de l’État à contrôler un accès sans entraves à l’information doit, bien sûr, commencer par son histoire bien documentée, évidemment sans équivalent, des attaques ciblées, souvent mortelles, sur les établissements d’enseignement et leurs étudiants dans l’ensemble des Territoires Occupés.

La brutale et sauvage attaque d’Israël sur les infrastructures universitaires de Gaza en 2014 est bien connue ; elle est trop récente pour qu’on oublie qu’en quelque 50 jours de bombardements incessants, elle a complètement détruit 26 écoles primaires et secondaires et en a endommagé 122 autres, y compris des écoles de l’UNRWA. Sur les 407 jardins d’enfants de Gaza, 133 ont été endommagés et 11 totalement détruits. Quatre universités ont subi des dommages significatifs et des morts parmi leur personnel et leur population étudiante. Lors d’une attaque délibérée sur le bâtiment du nord de Gaza de l’université ouverte Al Quods, 22 étudiants ont été tués. Bien qu’on ne connaisse pas le nombre exact d’étudiants qui ont été blessés ou ont perdu la vie pendant l’été 2014, 490 enfants palestiniens ont été tués et 3.000 blessés. On pense que 9 professeurs et membres de l’équipe administrative d’établissements d’enseignement supérieur ont été tués et 21 blessés et que 421 étudiants ont été tués et 1.128 blessés.

Lors d’une attaque antérieure sur les infrastructures d’éducation de Gaza, en 2009, Israël a détruit 18 écoles et en a endommagé 280 des 641 autres, dont 14 de ses établissements d’enseignement supérieur.

Ne nous y trompons pas, Israël regarde l’éducation palestinienne, non pas comme un droit fondamental, mais comme un obstacle politique, préférant des générations d’étudiants isolés, sinon silencieux, aux jeunes femmes et hommes dotés d’une compétence et d’une expérience universitaires qu’ils mettront en concurrence sur le marché des idées chez eux et à l’étranger.

Ainsi, entre 1988 et 1992, pendant la première Intifada, Israël a fermé, oui fermé, tous les établissement palestiniens d’enseignement supérieur, empêchant tous les étudiants et professeurs d’aller dans leurs classes, d’utiliser les bibliothèques ou d’obtenir une expérience clinique. Et même si, maintenant, ils sont à nouveau ouverts, les établissements d’enseignement supérieur de Cisjordanie occupée fonctionnent sous le règne d’une intimidation académique… parfois de pure terreur… qui dépasse largement la frontière du criminel. Comme c’est devenu la règle, Israël fait des raids dans les universités de toute la Cisjordanie. Entre autres, l’université de Birzeit, l’université Arabo-Américaine, l’université Polytechnique et l’université Al Quods de Jérusalem Est ont été fréquemment ciblées par l’armée israélienne qui a agressé et arrêté des étudiants, détruit des biens et des équipements de l’université et saisi du matériel d’organisations étudiantes.

Ces quatre dernières années, l’université Al Quods a particulièrement été la cible favorite de soldats pillards israéliens qui ont fait des raids sur son principal campus à plus d’une trentaine d’occasions. Au cours de ces attaques, plus de 2.000 étudiants ont été blessés et 12.000 évacués alors que les sldats déversaient des milliers de bombes lacrymogènes et des quantités de munitions. Plusieurs centaines d’étudiants ont été arrêtés pour « investigation » et beaucoup détenus sans charges officielles. A ce jour, certains sont encore à l’isolement sous détention militaire. Pendant la seule année scolaire 2013-2014, plus de 600 cours ont été annulés à Al Quods, et un millier d’étudiants ont annulé leur inscription, trop traumatisés pour poursuivre leurs études.

Même là où l’éducation palestinienne a été autorisée à continuer sans agression physique, le contrôle israélien sur les écoles palestiniennes est toujours présent… aseptisant les références, les symboles et l’histoire dans les textes, n’épargnant aucun niveau y compris le jardin d’enfants, dans un effort très évident pour réécrire un passé ancien, bien documenté et illustre. Des années auparavant, Israël a commencé un travail en règle de nettoyage, dans l’histoire écrite palestinienne, des repères qu’ il considère comme contraires à une éducation sous contrôle acceptable ou dont il croit qu’ils représentent une « menace » pour sa conception unitaire suprémaciste du monde.

Par exemple, entre autres choses, le logo de l’Autorité Palestinienne a été retiré des couvertures de livres et toutes les représentations du drapeau palestinien ont été retirées des manuels, même dans les albums de coloriage pour enfants de six ans. Toute mention de la Nakba (catastrophe de 1948) et du droit au retour a été effacée, comme s’il s’agissait d’une simple invention sortie de l’imagination des Palestiniens. Les poèmes, chansons et histoires sur la beauté des paysages et des villages palestiniens, la résistance de la première et de la deuxième Intifadas et les checkpoints israéliens ont été effacés dans tous les textes et représentations vidéo et audio. Toute mention de Jérusalem en tant que Al Quods a été nettoyée, de même que toute note sur Israël en tant que force d’occupation de la capitale palestinienne. Les plus de un million de Palestiniens qui vivent à l’intérieur de l’Israël « proprement dit » ont été dépouillés de leur identité et ne sont mentionnés nulle part en tant que Palestiniens dans l’éducation sous contrôle israélien. Dans les manuels des collèges, un livres d’histoire a été rédigé presque entièrement en laissant des pages blanches que les élèves peuvent contempler, des chapitres autrefois riches en détails sur les événements, de la déclaration Balfour en 1917 jusqu’à la Nakba, comme si eux aussi relevaient d’une fiction historique un peu plus provocante.

L’attaque d’Israël sur la Liberté d’expression et la Liberté académique pour les Juifs

En toute honnêteté envers Israël, sa tendance à contrôler le discours sur ses 68 ans d’Occupation et d’Apartheid ne s’est pas limitée qu’aux cercles éducatifs palestiniens.

En mars 2011, la Knesset israélienne a voté la dite loi Nakba autorisant le ministre des Finances à réduire le financement de l’État pour une institution si elle s’engage dans une « activité contraire aux principes de l’Etat ». Bien que de portée ambiguë, la loi concernait spécifiquement ceux qui rejettent « l’existence de l’État d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique » et/ou qui commémorent l’indépendance d’Israël comme un jour de deuil.

Récemment, le ministère de l’Education d’Israël a interdit l’utilisation d’un roman, qui raconte une histoire d’amour entre une Israélienne et un Palestinien, dans les établissements secondaires de tout le pays. Parmi les raisons avancées pour interdire « Borderlife » (Vie frontalière, ou limite), il y a le besoin de sauvegarder « l’identité et l’héritage des étudiants dans tous les secteurs » et la croyance que « des relations intimes entre Juifs et non-Juifs menacent l’identité séparée ».

Le Musée des Arts de Tel Aviv, le plus grand musée d’art du pays, a récemment annulé une exposition d’oeuvres de l’artiste et dissident chinois Ai Weiwei, qui devait aussi présenter les portraits de milliers de réfugiés palestiniens et des camps de réfugiés par le photographe israélien Miki Kratsman.

A l’intérieur des universités, les étudiants et professeurs juifs contrôlent souvent le milieu universitaire, agissant comme autant de surveillants des professeurs « dissidents ». Pour éviter toute diffamation publique, perte de travail, emprisonnement, ou pire, on a connu des éducateurs qui ont rédigé des informations qui pouvaient être utilisées pour punir autrement les associations extérieures et militants politiques qui s’opposaient à la politique du gouvernement. Plus d’une fois, la pureté académique a fait retirer de postes éminents d’enseignement des érudits juifs parmi les plus respectés d’Israël. Ainsi, le célèbre professeur et auteur Ilan Pappe, qui soutient le boycott académique d’Israël, a lui-même été boycotté à l’université d’Haïfa. Après avoir reçu plusieurs menaces de mort et avoir été condamné par la Knesset, il est parti en 2008 enseigner à l’université d’Exeter. La professeure Ariella Azoulay de l’université de Bar-Ilan a perdu son emploi à cause de ses fréquentations politiques « controversées ». Et, dans ce que l’on ne peut décrire que comme un effort pour réduire au silence la dissidence et l’opposition politiques d’un département tout entier de l’université Ben Gourion, le Conseil de l’Enseignement Supérieur a tenté, bien que sans y arriver, de fermer son département de politique et de gouvernance parce que s’y trouvait un professeur accusé d’être de gauche.

Ailleurs, la liberté d’expression d’étudiants essentiellement juifs a été affaiblie. Par exemple, l’université de Haïfa, aidée par le syndicat étudiant, a interdit à une association d’étudiants de tenir une manifestation pour commémorer le premier anniversaire de l’Opération Plomb Durci. Dans un cas similaire, elle a interdit une manifestation contre ce qui se passait autour de la flottille qui allait de Turquie à la Bande de Gaza. Un troisième exemple, le site internet NRG-Maariv a prétendu que l’université de Tel Aviv avait empêché un reporter d’une station de radio régionale de « Judée » et « Samarie » de couvrir une conférence au sujet de la Nakba.

Les étudiants de quantité d’université israéliennes racontent que, souvent, ils ne peuvent pas obtenir d’autorisation pour des activités telles que des manifestations sur le campus, la venue de conférenciers, la tenue d’un stand ou la distribution de tracts. Et, dans les rares occasions où ils l’obtiennent, l’autorisation est souvent retirée au dernier moment, sans aucune explication raisonnable. Chose pas rare du tout, les étudiants qui organisent des manifestations ou des réunions d’information sont convoqués devant un conseil de discipline.

Liberté académique et Liberté d’expression aux Etats Unis

Ici, ce n’est pas Israël. Je veux que Rachel et Nadia trébuchent, peut-être même chutent, puisqu’elles sont elles mêmes prêtes à assumer les habits du commandement dans ce monde. L’orthodoxie signifie simplement la poursuite du même parcours brisé. Je veux qu’elles soient libres d’échanger des idées qui provoquent la polémique avec Robert et Tarik. A certains moments, cela se passera doucement, à d’autres, cela les fera grimacer d’une douleur qui peut, en fait doit, évoluer vers un débat tendu, inconfortable. C’est ce qu’on appelle le marché des opinions concurrentes. Il n’y a rien de mauvais ou de malsain à crier ou même pleurer pour une conviction. C’est l’un de ces ponts universels qui, depuis des temps immémoriaux, a transcendé les limites étroites des frontières et des serments nationaux.

Le débat d’aujourd’hui sur la liberté d’expression entre les sionistes qui cherchent à contrôler la discussion et ceux qui luttent pour résister à leur vision étroite et corruptrice de notre monde n’est pas nouveau. La tension entre les puissants et ceux qui osent défier leur expansion est ici aussi vieille que la République elle même. Bien que chaque génération ait affronté différents démons de différentes manières, en fin de compte, on en est toujours revenu à la notion d’une expression libre et robuste comme meilleur moyen pour arriver à la connaissance et au changement. Ironiquement, l’une des explications les plus éloquentes du rôle crucial du Premier Amendement dans la recherche de la vérité a été rédigée par personne d’autre qu’un sioniste, Justice Louis Brandeis, dans son opinion concordante du Whitney v. California, 274 U.S. 357 (Brandeis, J., concordance). Les mots de Justice Brandeis valent la peine d’être répétés :

« Ceux qui ont gagné notre indépendance ont cru que le but final de l’État était de rendre les hommes libres de développer leurs facultés ; et que, dans son gouvernement, les forces délibératives prévaudraient sur l’arbitraire. Ils ont mis en avant la liberté à la fois comme une fin et comme un moyen. Ils ont cru que la liberté était le secret du bonheur et le courage le secret de la liberté. Ils ont cru que la liberté de penser comme vous le voulez et de parler selon votre pensée sont des moyens indispensables pour découvrir et répandre la vérité politique ; que sans liberté d’expression et d’association, le débat serait futile ; qu’avec elles, le débat offre généralement une protection suffisante contre la dissémination de doctrine nuisibles ; que la plus grande menace contre a liberté, c’est un peuple inerte ; que le débat public est un devoir politique ; et que ce devrait être un principe fondamental du gouvernement américain. Ils ont reconnu les risques auxquels les institutions humaines sont sujettes. Mais ils savaient que l’ordre ne peut être assuré que par la peur de la punition pour son infraction ; qu’il est risqué de décourager la pensée, l’espoir et l’imagination ; que la peur engendre la répression ; que la répression engendre la haine ; que la haine menace la stabilité du gouvernement ; que la voie vers la sécurité réside dans la possibilité de discuter librement des griefs supposés et des remèdes proposés ; et que le remède contre les mauvais conseils, ce sont les bons. Croyant au pouvoir de la raison tel qu’elle s’applique grâce au débat public, ils ont évité le silence contraint par la loi – l’argument de la force sous sa pire forme. Reconnaissant les tyrannies occasionnelles de majorités au pouvoir, ils ont amendé la Constitution afin que la liberté d’expression et d’association soit garantie. » Id. pages 375-76