L’armée israélienne a détruit l’hôpital de réadaptation el-Wafa de la bande de Gaza, après avoir au préalable ciblé l’établissement avec cinq missiles, le 11 juillet 2014. L’armée israélienne a recommencé….
L’armée israélienne a détruit l’hôpital de réadaptation el-Wafa de la bande de Gaza, après avoir au préalable ciblé l’établissement avec cinq missiles, le 11 juillet 2014. L’armée israélienne a recommencé ses frappes sur le bâtiment aux environs de 20 h ce soir et en deux heures, tout le personnel hospitalier et les patients avaient évacué ce centre de réadaptation qui est le seul de la bande de Gaza. Alors même qu’ils partaient, ce qui restait intact du centre médical était en train de brûler au sol.
« C’est fini, » dit Basman Alashi, directeur d’el-Wafa, qui poursuit, « je ne sais pas ce qu’il en reste, mais nous avons évacué tous nos malades. Nous n’avions plus la maîtrise, il y avait le feu dans le bâtiment. »
Alashi me parlait au téléphone de chez lui, à Gaza, il ne pouvait pas traverser les bombardements israéliens pour arriver jusqu’à l’hôpital. « J’ai quitté l’hôpital à 19 h, et en deux heures, ils avaient bombardé l’hôpital. » Les obus ont atteint chaque étage du bâtiment, le feu s’est propagé partout.
Dès le début des frappes par l’armée israélienne sur l’hôpital, Alashi et les 25 infirmiers et infirmières d’el-Wafa ont pris des dispositions pour reloger les 17 derniers patients. Beaucoup de ceux qui sont en traitement à el-Wafa sont des personnes paralysées et sont reliées à un support d’oxygène. Certains des infirmiers ont quitté le bâtiment pour chercher de l’aide, bravant les tirs israéliens dans les rues pour trouver une ambulance avec des bouteilles d’oxygène.
« Mes infirmiers n’arrivaient pas à se tenir debout, tant il y avais de fumée et de chaleur, » dit Alashi. Le personnel d’el-Wafa a réussi à évacuer tous les patients vers une clinique proche, à l’intérieur d’un hôtel. « Ceux pour qui c’était possible sont restés, mais ceux qui avaient perdu conscience et tout contrôle, nous les avons déménagé, » continue-t-il.
Ce n’est qu’après que l’établissement se fut trouvé sous un feu nourri et dans son processus d’abandon qu’Alashi a reçu un appel téléphonique du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) relayant un message de l’armée israélienne. Une femme qui s’est présentée comme une déléguée du CICR a dit, « les Israéliens ont demandé combien de temps il vous fallait pour évacuer, » dit Alashi, qui a répondu « deux heures ». Mais dans l’heure qui a suivi, la femme a rappelé et dit que l’armée israélienne « allait cesser ses bombardements, et ne bombardera plus l’hôpital », sauf que l’établissement était déjà en ruine. Alashi a répondu, « Vous voulez rire, êtes-vous en train de vous moquer de moi ? », je lui ai dit qu’il était trop tard, qu’ils avaient déjà tout détruit.
« J’ai dit que la Croix-Rouge s’entendait avec les Israéliens pour détruire l’hôpital, » continue Alashi, racontant sa conversation précédente avec la représentante du CICR. « Je vais vous emmener, vous la Croix-Rouge, et les Israéliens, devant la Cour pénale internationale, » a-t-il prévenu avant de raccrocher.
Pendant que je parlais à Alashi, sa voix était sèche et creuse comparée à celle qu’il avait quand nous avons parlé quelques jours auparavant, après que l’établissement eut été frappé pour la première fois par un obus israélien, le 11 juillet. Cinq missiles ont frappé l’hôpital sur les murs extérieurs, provoquant des dommages importants au quatrième étage. Après l’assaut, les patients qui pouvaient être soignés à domicile ont été évacués et le restant a été relogé au premier étage.
Alashi a dû faire vite pour me parler au téléphone, il se rendait à la clinique Sahaba, plus sûre, pour surveiller ses patients qui s’y trouvent maintenant. Il arrive à la conclusion que la destruction de l’hôpital par Israël n’allait pas nuire à ses objectifs militaires. Un Alashi ravagé qui me dit :
« Les Israéliens et la Croix-Rouge ont détruit la seule clinique de réadaptation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Ils ne résolvent pas les problèmes ; ils fabriquent des kamikazes. Vous ne pouvez absolument pas régler ainsi les problèmes. Ce sont eux qui créent les attentats-suicides, pas nous. »