Neuf enfants figuraient parmi les vingt-cinq Palestiniens tués par des frappes aériennes israéliennes à Gaza lundi
Au moins 25 Palestiniens, dont 9 enfants et une femme, ont été tués dans une série de frappes aériennes israéliennes à travers la bande de Gaza lundi, selon le ministère palestinien de la Santé, tandis qu’au moins 106 personnes ont été blessées, certaines dans un état critique.
Parmi les personnes tuées se trouvaient deux frères et sœurs de la famille al-Masri, Ibrahim, 11 ans, et Marwan, 7 ans, de Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza.
Sept autres Palestiniens auraient été tués lors de la même attaque.
« Les enfants étaient en train de jouer avec leurs cousins devant la maison lorsqu’un homme à moto est passé et que l’occupation [Israël] l’a ciblé à deux reprises », a déclaré à Middle East Eye Youssef al-Masri, le père des enfants.
« Mes enfants sont morts en martyrs. Je ne trouve aucune justification au fait de viser quelqu’un qui passe par des quartiers civils surpeuplés où des dizaines d’enfants ont l’habitude de jouer », ajoute-t-il.
Des témoins oculaires ont rapporté que les frappes aériennes avaient frappé des quartiers très peuplés après que des groupes palestiniens armés à la frontière orientale de Gaza eurent ciblé un véhicule militaire israélien avec un missile Kornet et lancé un barrage de roquettes vers Israël.
Les groupes armés palestiniens ont déclaré qu’ils avaient agi ainsi en représailles aux « crimes et violations » commis par Israël à Jérusalem, y compris les attaques anti-palestiniennes à la mosquée al-Aqsa et dans le quartier de Sheikh Jarrah.
Les brigades Izz al-Din al-Qassam, la branche militaire du mouvement Hamas, qui dirige la bande de Gaza, a déclaré avoir aussi mené des attaques à la roquette sur Ashkelon, ville israélienne située à 13 kilomètres au nord de Gaza, en représailles au raid nocturne qui a tué la Palestinienne.
« Mon cœur saigne »
Ibrahim et Marwan, qui ont été tués lors du raid de lundi, étaient les seuls enfants des Masri. Ils aimaient jouer dans la rue près de chez eux avant l’iftar, le repas de rupture du jeûne pendant le Ramadan.
« Cette occupation criminelle dont nous connaissons la réalité depuis des décennies maintient toujours [son] image habituelle de meurtrière d’enfants, de femmes et de civils non armés », dénonce le père.
Marwa al-Masri, d’une autre branche de la famille, raconte à MEE que deux autres frappes aériennes israéliennes ont eu lieu alors que les familles se préparaient pour l’iftar.
« Je rentrais du travail lorsque deux explosions ont secoué le quartier. La poussière et l’odeur du sang et de la mort ont envahi les lieux en un instant, des enfants étaient en sang dans la rue », raconte-t-elle.
« J’ai vu ma cousine serrer ses enfants dans ses bras et crier, tout cela s’est passé en une fraction de seconde. Je ne peux toujours pas croire que c’est arrivé. »
Cinq membres de la famille de Marwa ont été tués et d’autres ont été blessés.
« Mon cœur saigne. Pendant que les gens préparaient leur iftar de Ramadan, nous tenions les cercueils de nos enfants tués de sang-froid par l’occupation », poursuit-elle.
« Cette occupation violente et terrorise les Palestiniens à Jérusalem et à Gaza, et tout ce qui est palestinien depuis 1948. »
« Un cauchemar »
Ahmed Nasser, un voisin des Masri, a lui aussi déclaré à MEE que les familles du quartier préparaient le repas lorsque les frappes aériennes ont eu lieu.
« Nous nous préparions pour l’iftar, les enfants et les jeunes étaient assis dehors, dans le quartier, avant qu’une explosion massive, suivie d’une autre, ne secoue soudainement la rue », témoigne-t-il.
« Je me suis précipité dans la rue et la scène était horrible. Des enfants étaient morts et des jeunes hommes saignaient. Les mères pleuraient et hurlaient alors que la moto [ciblée] et son chauffeur étaient en feu », poursuit Nasser.
« La scène était un cauchemar que je vois encore. Nous étions en train de préparer la nourriture, nous l’avons laissée sur la table, et nous l’avons mangée à l’hôpital avec nos voisins en deuil. »
« Le conflit actuel pourrait durer un certain temps »
Après une semaine de répression violente de manifestations palestiniennes à Jérusalem par Israël, à l’aide de balles en métal recouvertes de caoutchouc et de gaz lacrymogènes, les tensions se sont intensifiées lundi alors que des groupes de colons israéliens prévoyaient une grande marche dans la vieille ville.
L’armée israélienne a déclaré qu’un homme avait été blessé par un missile antichar tiré de Gaza, tandis que les urgences israéliennes, Magen David Adom, ont indiqué qu’un homme de 49 ans était dans un état stable après avoir été blessé par des éclats de verre.
Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a déclaré la zone située à moins de 80 km de la bande de Gaza sous contrôle militaire pour les prochaines 48 heures.
Plus tôt dans la soirée lundi, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a promis de répondre « avec une grande force » aux roquettes palestiniennes, déclarant que le Hamas avait franchi « une ligne rouge ».
« Nous ne tolérerons pas d’attaques sur notre territoire, notre capitale, nos citoyens ou nos soldats », a-t-il déclaré.
« Celui qui attaque paiera le prix fort. Je vous le dis, citoyens d’Israël, le conflit actuel pourrait durer un certain temps », a-t-il prévenu.
L’armée israélienne a indiqué mardi avoir tué quinze membres de groupes armés palestiniens dans la bande de Gaza, où elle a mené 130 frappes en riposte à des tirs de roquettes sur Israël. « Nous sommes dans la phase initiale de notre riposte contre des cibles militaires à Gaza », a indiqué le porte-parole de l’armée Jonathan Conricus. « Nous sommes prêts pour une escalade. »
En Israël, selon un dernier bilan de l’armée, 200 roquettes ont été tirées de Gaza depuis lundi, dont plus de 90 % ont été interceptées par le bouclier antimissile Dôme de fer.
Un Palestinien tué à Lod, incendie à al-Aqsa
Lundi, le Hamas avait donné à Israël un délai de dix-huit heures pour se retirer de la mosquée al-Aqsa et de Sheikh Jarrah et pour libérer tous les détenus arrêtés lors de la récente répression des manifestations organisées en solidarité avec les familles palestiniennes menacées d’expulsion dans ce quartier de Jérusalem.
Les forces israéliennes ont quitté la mosquée pendant quelques heures, mais juste après le coucher du soleil, des informations ont circulé selon lesquelles elles avaient de nouveau pris d’assaut le lieu saint.
En fin de soirée lundi, alors que des milliers de fidèles musulmans étaient encore réunis sur l’esplanade des Mosquées pour prier, un arbre a été touché par un feu d’artifice destiné à la police israélienne, provoquant un incendie dans la cour intérieure de la mosquée.
Cheikh Omar al-Kiswani, le directeur du complexe, a exhorté les gens à ne pas affronter la police israélienne et à garder ses distances avec elle, a rapporté la correspondante de MEE sur place, Sara Dajani.
Pendant ce temps, un Palestinien a été tué dans la ville israélienne de Lod alors que les manifestations se poursuivaient en Israël en solidarité avec al-Aqsa et Gaza.
Dans des images largement partagées en ligne, l’homme a été vu allongé sur le sol avec de nombreuses personnes entassées autour de lui appelant à des soins médicaux.
Le site d’information palestinien Arab48, citant des sources locales, a rapporté que le manifestant avait été abattu par un colon israélien, tandis que le journal israélien Haaretz a déclaré que la cause du décès n’avait pas encore été confirmée. La police israélienne a confirmé le décès sans autre explication.
Arab48 a identifié la victime comme étant Moussa Hassona. Selon le témoignage d’un membre du comité populaire de Lod, Tayseer Shaban, les colons israéliens ont tiré sans discernement sur des foules de manifestants palestiniens.