Pendant des années, le géant à base américaine de la technologie de l’information, Hewlett-Packard, a été ciblé avec succès par le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) pour son….
Pendant des années, le géant à base américaine de la technologie de l’information, Hewlett-Packard, a été ciblé avec succès par le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) pour son soutien matériel à l’occupation israélienne de la Palestine.
La société fournit des matériels et services au « ministère de la Défense » et à la marine de guerre israéliens, et elle maintient sa présence dans une colonie illégale de Cisjordanie.
Elle fournit également et entretient un système haute technologie de contrôles des pièces d’identité sur le réseau, brutal et sadique, des check-points racistes de Cisjordanie.
La coalition américaine Stop Hewlett-Packard et la Campagne pour le boycott d’HP ont tenu la société comme responsable en appelant à son désinvestissement et à son boycott. En mai par exemple, les étudiants de l’université DePaul de Chicago ont voté en faveur de son désinvestissement de HP, avec d’autres entreprises qui profitent de l’occupation israélienne.
En juin, l’Église presbytérienne américaine a voté lors de son assemblée générale le retrait de ses titres de certaines sociétés, dont HP, en raison de leur rôle dans l’occupation israélienne.
Même si l’ambassade israélienne a écarté cette initiative comme une « mesure symbolique », il était apparu que la société s’inquiétait suffisamment, avant l’assemblée générale de juin, pour adresser une lettre apparemment désespérée à la Commission de l’Église qui traite des questions du Moyen-Orient.
The Electronic Intifada a obtenu une copie de la lettre et la publie intégralement ci-dessous.
Malgré les tentatives de relations publiques pour faire illusion sur son rôle, Zoe McMahon, directeur de « Responsabilité sociale et environnementale mondiale et droits de l’homme » de HP, confirme ses relations intimes avec l’occupation israélienne de la Cisjordanie.
Pas de liberté de mouvement
Le ministère israélien de la Défense a contacté EDS Israel (Electronic Data Systems) pour développer, exécuter et entretenir le système de Bâle, un système d’identification biométrique automatisé mis en place sur les check-points militaires israéliens en Cisjordanie occupée (EDS Israel a été racheté par HP, et renommé en 2009 HP Enterprise Services).
Le système de Bâle nuit gravement au droit à la liberté de mouvement des Palestiniens. Dans sa lettre de juin à l’Église presbytérienne, HP confirmait son rôle dans le système de Bâle.
Extraordinairement, elle présente le système comme « réduisant les frictions entre les Palestiniens et les soldats israéliens aux check-points tout en accélérant le processus du passage ».
En réalité, tous les habitants du territoire palestinien occupé doivent faire une demande auprès des autorités militaires israéliennes pour obtenir une carte d’identité biométrique, qui leur est exigée pour obtenir toute autorisation de voyage. Bien que refusant la plus grande partie des autorisations demandées, les autorités israéliennes enregistrent toutes les informations recueillies dans leur base de données.
Un registre de la population
Hewlett-Packard joue un rôle crucial dans le système israélien d’enregistrement de la population, en Israël et en Palestine occupée.
Ce système d’enregistrement de la population est exploité et entretenu par HP, et il est clivé par origine ethnique et religion. Il est utilisé comme un outil majeur dans la discrimination systématique qu’exerce Israël entre juifs et Palestiniens, y compris à l’intérieur d’Israël.
Toutes les cartes d’identité sont délivrées par la base de données israélienne, même les cartes d’identité de l’Autorité palestinienne.
HP fabrique en outre les nouvelles cartes d’identité biométriques pour tous les citoyens et résidents d’Israël, notamment les habitants palestiniens de Jérusalem-Est occupée. La société a systématisé la donnée biométrique et photographique et l’a installée dans les bureaux de l’Autorité responsable de la population qui délivre les cartes d’identité.
Profiteur de la colonisation
HP exploite un centre de développement dans la colonie illégale en Cisjordanie de Beitar Illlit, comme l’indique Who Profits. HP fournit aussi les services et les technologies aux grandes colonies israéliennes de Modi’in Illit et Ariel.
Dans sa lettre, HP confirme l’implication d’une « filiale de HP Israel » en fonction à Beitar Illit. Utilisant un même langage orwellien, HP justifie ceci comme « s’intégrant dans un programme de diversité ciblant les femmes ultra-orthodoxes ».
Elle confirme aussi que HP Israel commerce avec des clients dans « des municipalités de Cisjordanie par le biais de partenariats commerciaux et des appels d’offres généraux du gouvernement ». Elle dit faire ainsi parce que la loi anti-boycott israélienne lui interdit toute « discrimination » contre les colons de Cisjordanie.
Augmenter la pression
Le Comité national palestinien du BDS a appelé les consommateurs à ne pas acheter les ordinateurs, imprimantes ou cartouches d’encre de chez HP. Son appel le plus récent était une réponse à l’agression d’Israël cet été contre la bande de Gaza, tuant 2154 Palestiniens – dont une majorité de civils.
En octobre, HP a annoncé son intention de séparer son secteur des ordinateurs et imprimantes personnels des services aux gouvernements et entreprises (notamment les services à l’armée et à l’administration pénitentiaire israéliennes) en deux sociétés différentes.
Cette annonce ne doit pas être prise au pied de la lettre. Par exemple, la multinationale à base française Veolia a annoncé à plusieurs reprises qu’elle se démarquerait du projet d’Israël du tramway de Jérusalem. Sauf que dans la réalité, la société reste profondément impliquée dans le projet, lequel est haï par les Palestiniens en tant que manifestation de l’occupation israélienne.
Mais si HP mène à son terme cette scission en deux sociétés, cela ne signifie pas qu’elle mettra fin à ses contrats avec le gouvernement israélien.
Le dossier détaillé de Hewlett-Packard dans la base de données du projet de recherche de Who Profits donne plus d’explications sur le rôle de la société dans la surveillance, le contrôle et l’oppression des Palestiniens par Israël.
En 2012, l’ancien rapporteur spécial des Nations-Unies, Richard Falk, a appelé l’Assemblée générale des Nations-Unies et la société civile à boycotter plusieurs sociétés pour leur implication dans les colonies israéliennes et les violations d’Israël du droit international – parmi ces sociétés : Hewlett-Packard, Caterpillar, Veolia Environnement, G4S, Elbit Systems et Motorola.
Falk a demandé aux sociétés de suspendre immédiatement toutes leurs opérations apportant de l’aide aux colonies israéliennes, notamment par la fourniture de produits et de services. Il a demandé à la société civile de « poursuivre résolument des initiatives pour boycotter, désinvestir et sanctionner les entreprises » citées dans son rapport jusqu’à ce qu’elles agissent en conformité avec le droit international.
L’annonce de HP qu’elle apporterait ses services à des gouvernements par le biais d’une soi-disant nouvelle société ne veut pas dire qu’elle mettra fin à ses services aux ministères et organismes gouvernementaux israéliens – notamment aux colonies illégales.
S’adressant à moi, Dalit Baum, directeur du militantisme économique de l’American Friends Service Committee, m’a dit que l’annonce de la société ne devait pas être prise pour argent comptant : « rien ne change tant que nous ne voyons rien changer dans leurs pratiques ».
Par conséquent, il nous faut développer nos campagnes de boycott. Vous pouvez soutenir la campagne Stop Hewlett-Packard en boycottant les produits HP et en signant la pétition.