Khalida Jarrar écrit à sa fille, après ses funérailles, mardi dernier : ta vie est « la vie d’une Palestinienne qui aime la vie et l’espoir et la liberté, et qui déteste l’esclavage et le colonialisme ».
Facebook a suspendu pour deux mois le compte d’un utilisateur qui avait posté une lettre de Khalida Jarrar, militante politique palestinienne et ancienne membre du parlement qui subit une peine de prison en Israël, une lettre écrite après les funérailles de la fille de Jarrar mardi.
Omar Nazzal, ami proche des Jarrar, a été informé cette semaine que son compte Facebook était suspendu pour deux mois, peu après avoir posté cette lettre.
Lundi, l’administration pénitentiaire d’Israël a refusé la requête de Jarrar de se rendre aux funérailles de sa fille, Suha, décédée dimanche d’une insuffisance cardiaque à l’âge de 31 ans. Une autre lettre de Jarrar, écrite quand elle a appris qu’elle n’était pas autorisée à se rendre aux funérailles, a été lue mardi lors des funérailles, et a largement circulé sur Facebook et d’autres médias sociaux.
Nazzal, ami proche des Jarrar, est journaliste, et il a déjà été mis en détention administrative par Israël dans le passé. Il a posté la lettre sur son compte Facebook jeudi matin. Environ cinq heures plus tard, une annonce en anglais de Facebook apparaît sur son compte, qui déclare : « Vous ne pouvez pas mettre en ligne ni passer d’annonce pendant 60 jours. Ceci parce que vous avez précédemment posté quelque chose qui ne respectait pas nos normes communautaires ».
L’annonce, qui avait coupé le haut de la lettre de Jarrar, n’en laissant visible que la première phrase, poursuit : « ce post contrevient à nos normes sur les individus et organisations dangereux, donc vous seul pouvez le voir ».
« Suha est venue au monde alors que son père était en prison, et elle quitte le monde alors que sa mère est en prison » commence la lettre de Jarrar. Le père de Suha, Ghassan Jarrar, était en détention administrative, sans procès ni charges, au moment de la naissance de Suha.
La lettre poursuit : « C’est un résumé humain intense de la vie d’une Palestinienne qui aime la vie et l’espoir et la liberté, et qui déteste l’esclavage et le colonialisme. L’occupation nous prend tout, même l’air que nous respirons, et elle nous interdit tout, comme elle m’a interdit de dire au revoir à mon petit oiseau Suha ».
C’est Nazzal qui a trouvé dimanche le corps de Suha dans sa maison à Ramallah, alors que son père, qui passait une journée à Jénine, et sa sœur Yafa qui vit au Canada, n’avaient pu la joindre.
Le service pénitentiaire d’Israël a refusé la requête de Jarar de se rendre à ses funérailles, alors même qu’au moins deux membres de la Knesset avaient appelé le ministre de la Sécurité publique, Omer Bar-Lev.
Jarrar endure une peine de prison de deux ans en Israël après avoir été déclarée coupable d’appartenir au Front populaire pour la libération de la Palestine, qu’Israël a interdit et déclaré illégal. Elle est détenue à la prison de Damoun depuis son arrestation en octobre 2019, et il est prévu qu’elle soit libérée dans environ trois mois. Elle avait déjà été arrêtée en avril 2015 et condamnée à un an de prison après avoir été reconnue coupable d’incitation et d’appartenance au FPLP. C’est à cette époque, pendant qu’elle était détenue, que son père est décédé, et elle n’avait pu se rendre à ses funérailles