J’ai signé, avec beaucoup d’autres personnes, cet appel parfaitement illégal « Nous appelons au boycott des produits israéliens! ». Je suppose que les 12.500 signataires à ce jour, et plus….
J’ai signé, avec beaucoup d’autres personnes, cet appel parfaitement illégal « Nous appelons au boycott des produits israéliens! ». Je suppose que les 12.500 signataires à ce jour, et plus à l’avenir je l’espère, vont être inquiétés par la justice, ou alors c’est très injuste.
En effet (article du Monde du 6 novembre 2015), « deux arrêts de la Cour de cassation du 20 octobre 2015…font de la France l’un des rares pays du monde, et la seule démocratie, où l’appel au boycott par un mouvement associatif ou citoyen pour critiquer la politique d’un Etat tiers est interdit. Concrètement, la Cour de cassation a confirmé la condamnation… de 14 militants du mouvement Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) à 28 000 euros de dommages et intérêts aux parties civiles et chacun à une amende de 1 000 euros avec sursis. Il leur est reproché d’avoir, le 26 septembre 2009 pour les uns et le 22 mai 2010 pour les autres, participé à une manifestation dans un magasin Carrefour… « appelant au boycott des produits en provenance d’Israël »… Il n’a été relevé aucune dégradation, aucune entrave au fonctionnement du magasin (qui n’a pas porté plainte) ni aucun propos antisémite ». Fin de citation.
VIVE BDS, VIVE LE COLLECTIF POUR UNE PAIX JUSTE ET DURABLE ENTRE ISRAELIENS ET PALESTINIENS, VIVE L’UJFP ET BIEN D’AUTRES
On pourrait écrire des pages sur la politique de l’Etat d’Israël et sur ses impacts bien au-delà de cet Etat, mais l’important est de prendre conscience de l’efficacité potentielle de l’arme du boycott international, qui a déjà produit des effets, comme il en avait produits pour combattre l’apartheid en Afrique du Sud et dans d’autres cas. Laissons la parole à Jean-Guy Greilsamer, militant de la paix, membre à la fois de BDS et de l’UJFP, Union Juive Française pour la Paix (site : http://www.ujfp.org/). Extraits d’un entretien publié le 16 février sur le site précédent et qu’il est conseillé de lire en entier :
ZF : En France, un jugement de la cours de cassation d’octobre 2015 condamne 14 militants de BDS et criminalise par la même occasion le mouvement et l’appel au boycott contre un Etat. Comment réagissez-vous ?
JGG : On se focalise sur le jugement d’octobre 2015, mais avant cela, d’autres jugements de cours de cassations se sont soldés par nombre de non-lieux… Il faut cependant voir que la France et Israël sont aujourd’hui les deux seuls pays qui condamnent BDS. Les autres pays considèrent que l’appel au boycott fait partie intégrante de la liberté d’expression, dès lors que ça concerne un sujet d’intérêt public. Tous les boycotts précédents, qui ont impliqué l’Afrique du sud, la Birmanie sous régime militaire, le Mexique ont été acceptés en France, même celui contre l’Iran.
ZF : Que dit l’Europe ?
JGG : Elle est acculée. Les exactions israéliennes atteignent un niveau tel que l’Europe est obligée de rappeler le droit. Il y a donc des mesures au niveau européen qui se sont développées depuis 2014. Des lignes directrices pour proscrire tout financement qui profite aux colonies. Une mesure du ministère des Affaires étrangères et de seize autres pays européens met aussi en garde du danger d’investir dans les colonies israéliennes. Toute personne qui investit dans ces colonies prend le risque de devoir répondre de plainte pour complicité de la dépossession ou du vol des ressources des Palestiniens.
ZF : Avez-vous une évaluation chiffrée de l’effet du boycott ?
JGG : On sait qu’en 2015, les investissements étrangers ont diminué de 46 % par rapport à l’année précédente. Dans le même temps, l’importation de produits israéliens par la Palestine a diminué de 26 %… Mais ce qui fait le plus mal à Israël, c’est son image. A travers BDS, l’enjeu, c’est de montrer le vrai visage de la politique d’Israël.
Il y a eu des grands succès : Véolia, qui avait construit le tramway de Jérusalem, s’est totalement retirée du pays. Elle intervient dans la gestion des traitements des déchets et des transports urbains, et elle a perdu des marchés notamment dans la banlieue de Londres à cause de leur présence en Israël.
Le cours de Véolia a chuté ; du coup, elle s’est retirée d’Israël. Orange aussi avait un accord avec une société téléphonique israélienne qui investissait dans les colonies et soutenait les soldats israéliens pendant les massacres à Gaza en 2014 avec le label Orange Israël. On a réussi à briser leur accord.
ZF : La campagne de criminalisation gagne du terrain, notamment en Europe, on vous accuse de faire le lit de l’antisémitisme. Qu’en dites-vous ?
JGG : Ce qui nourrit l’antisémitisme c’est de protéger un État qui bafoue le droit international, qui se place au dessus des résolutions de l’ONU, qui persécute un peuple, le dépossède et l’opprime et tout ça au nom des juifs du monde entier ! On ne peut pas s’étonner que ça entraîne un certain antisémitisme si les juifs sont présentés comme unanimement défenseurs de cet état. Je suis de racine juive et cette manipulation de la mémoire du génocide nazi utilisée pour persécuter un peuple, je trouve ça ignoble !