L’Université d’Amsterdam (UvA) suspend pour le moment les échanges d’étudiants avec l’Université hébraïque de Jérusalem à cause d’un risque de violations des droits de l’homme de la part de l’université israélienne. L’UvA est arrivée à cette décision après un avis d’une commission spéciale, indépendante.
L’échange des étudiants d’UvA avec ceux de l’Université hébraïque israélienne de Jérusalem est arrêté à cause d’allégations de « violations des droits humains » et de « restriction de la liberté académique ».
C’est ce qu’a déclaré jeudi après-midi le recteur Peter-Pal Verbeek. « Il y a un risque que les étudiants aient à faire face à ces violations ou soient dans un environnement où la liberté académique n’est pas honorée de manière satisfaisante », selon Verbeek. Cette coopération d’échanges est en place depuis les années 1980.
Des manifestants d’UvA exigent depuis longtemps qu’UvA rompe les liens avec Israël. L’UvA dit spécifiquement ne pas vouloir arrêter des collaborations avec un pays. « C’est quelque chose qu’un gouvernement peut faire, mais pas nous en tant qu’université », selon Verbeek. « Nous examinons les collaborations et si nous sommes impliqués par elles dans des affaires contraires à l’éthique. »
La commission évalue les collaborations ou les échanges qui s’appliquent à l’ensemble de l’université. Il existe aussi des collaborations au niveau des facultés, sur lesquelles la commission donne également des avis. Ceux-ci ne sont pas rendus publics, car le contenu peut être sensible. Ils contiennent ainsi par exemple le nom de chercheurs.
Pour le moment, il y a huit collaborations avec Israël au niveau des facultés, indique un porte-parole de l’UvA. Deux ont été présentés à la commission et ont reçu le feu vert pour l’année.
Hongrie et Chine
Deux autres collaborations ont été soumises à l’examen de la commission consultative spéciale : la formation des doctorants avec le China Scholarship Council (CSC, Conseil des bourses de Chine) et une collaboration avec des institutions hongroises sur la liste des sanctions de l’UE.
Cette dernière est désormais aussi abandonnée. « Cela est dû à la restriction de la liberté académique en Hongrie, qui va très loin », selon Verbeek. « Il serait très étrange que nous, en tant qu’UvA, nous adoptions les décisions de l’UE, mais que nous continuions à collaborer avec ces institutions. »
La formation doctorale en pause avec le China Scholarship Council serait liée à un mélange de problèmes : violations des droits humains, confidentialité des données et sécurité des personnes elles-mêmes. De plus, le rapport de la commission évoque des raisons de croire que « certains doctorants financés par le CSC qui ont mené leurs recherches aux Pays-Bas pourraient avoir été contraints, une fois de retour, à fournir pour leur État des informations, dont celles obtenues par leur recherche universitaire. » Selon la commission, cependant, il n’est pas clair que cela se produise aussi pour les doctorants de l’UvA.
Cette coopération avec la Chine peut être prolongée, dit l’avis, à condition que des « mesures d’atténuation des risques » soient prises. Ces mesures consistent par exemple à présenter à la commission chaque parcours doctoral individuel d’un étudiant chinois. Selon l’UvA cela concernerait « des dizaines » de cas par an.
Nouveau cadre d’évaluation
Cette décision suit les nouvelles directives que l’UvA utilise plus largement pour évaluer les collaborations avec d’autres parties, ce qui est appelé le cadre d’évaluation des collaborations externes. Les collaborations concernant l’éducation ou la recherche ne doivent pas contribuer à des violations des droits humains, à des abus des connaissances pour des fins militaires indésirables ou à de graves dommages à l’environnement.
Jusqu’à présent, le cadre d’évaluation ne concernait que la collaboration avec l’industrie fossile et la sécurité des connaissances. L’UvA a décidé de le réviser après les manifestations et occupations du printemps de 2024, au cours desquelles des étudiants ont protesté contre les collaborations des universités avec des institutions israéliennes. Formellement, le nouveau cadre est encore devant le conseil de participation pour avis. Les trois cas concernant Israël, la Hongrie et la Chine étaient déjà soumis au cadre d’évaluation car les collaborations arrivaient à expiration et une décision devait être prise quant à leur continuation. Au cas où le conseil de participation conseillerait d’ajuster certains points, cela serait pris en compte dans des cas ultérieurs, selon l’UvA.