Des étudiants réagissent aux sanctions de l’université après une manifestation contre des soldats israéliens

Des étudiants réagissent à une série de sanctions que leur a infligées l’université de Californie, Irvine (UCI) pour les punir d’avoir scandé des slogans et tapé dans leurs mains en….

Des étudiants réagissent à une série de sanctions que leur a infligées l’université de Californie, Irvine (UCI) pour les punir d’avoir scandé des slogans et tapé dans leurs mains en mai au cours d’un événement sur le campus avec des soldats israéliens.

Les administrateurs ont lancé une enquête sur Etudiants pour la Justice en Palestine (EJP) après la manifestation, bien que les membres de l’association aient dit que c’était eux qui avaient subi des journées de harcèlement, y compris des injures sexuelles et des intimidations racistes de la part des soldats israéliens qui étaient invités à faire un exposé sur l’armée israélienne.

Les étudiants pensent que ce harcèlement voulait provoquer une réaction.

Fin août, l’UCI a jugé le chapitre universitaire des Etudiants pour la Justice en Palestine responsable de « perturbations » et a condamné l’association à deux ans de probation, 12 rencontres obligatoires avec un doyen pour parler de la liberté d’expression et l’obligation de rencontrer les responsables de l’université deux semaines avant d’accueillir ou de co-accueillir un événement, d’après Palestine Legal (Palestine Juridique).

Dans ces rencontres préalables aux événements, on attend des étudiants qu’ils débattent de la façon dont SJP a le droit de réagir et soient contraint à revoir les protocoles et règlements de l’université.

Le 31 août, les étudiants ont fait appel contre les sanctions de l’université.

Harcèlement en ligne et menaces de mort

« Il est scandaleux que l’université nous punisse, nous étudiants, au lieu de nous protéger contre des agents étrangers agressifs sur le campus », a dit Daniel Carnie, un des étudiants ciblés par les soldats israéliens.

En plus de poser aux soldats israéliens des questions critiques, Carnie a dit que les étudiants « avaient commencé à scander des slogans pour réagir contre une femme soldat membre du groupe de militaires qui se précipitait sur un étudiant palestinien, agitant les mains, criant et repoussant un autre étudiant avant d’en être physiquement empêchée ».

« Nous étions effrayés et les administrateurs ne sont pas intervenus, et nous avons alors spontanément fait éclater nos slogans. Nous faisons appel contre cette décision injuste », a ajouté Carnie.

Après cette réaction, les étudiants disent qu’ils ont dû faire face à du harcèlement en ligne, y compris avec des menaces de mort, du harcèlement sur les réseaux sociaux et un site qui liste le nom des étudiants, leur numéro de téléphone et leur adresse personnelle, avec une cible sur leur visage, relate Palestine Legal.

Jusqu’ici, l’université n’a pas tenu compte de ces menaces contre les étudiants, ni du harcèlement de la part des soldats israéliens qui a précédé l’événement de mai, ajoute l’association juridique.

« Poursuivre la procédure »

UC Irvine a été un point de mire pour les associations de défense d’Israël qui cherchent à classifier la défense des droits des Palestiniens comme antisémite.

Les documents obtenus par Palestine Legal grâce à une demande d’accès à l’information montrent que, au cours de l’année dernière, les organisations de défense d’Israël ont constamment fait pression sur l’administration de UC Irvine pour réprimer le militantisme pour la Palestine.

Début juillet, une lettre rédigée par le Centre Louis D. Brandeis, association juridique sioniste de droite, conjointement à deux lobbies israéliens, Etudiants en Soutien d’Israël et DeboutAvecNous, a été envoyée aux responsables d’UCI pressant l’université à « poursuivre la procédure » contre les manifestants et à « punir » SJP.

La lettre, qui a été vue par The Electronic Intifada, exhorte l’université à pénaliser les manifestants selon le Code Pénal 403 de Californie qui décrit la perturbation d’un événement comme un délit – loi qui a servi en 2011 à enquêter, poursuivre et condamner les étudiants qui avaient protesté contre un discours de l’ambassadeur d’Israël aux Etats Unis à ce moment là, Michael Oren.

Ces étudiants, connus sous le nom des Onze d’Irvine, ont été soumis à une enquête criminelle d’un an et à un procès devant jury conclu par un verdict de culpabilité.

« Grave escalade »

« A l’UCI, ce n’est que le dernier épisode d’une longue histoire de réponses impitoyables, administratives et judiciaires à ce qui devrait être un discours politique protégé », a dit Liz Jackson de Palestine Legal à The Electronic Intifada. « En ce sens, il n’y a rien de nouveau. »

Cependant, Jackson a expliqué que cette façon qu’a l’UCI de punir les étudiants représentait une « grave escalade » dans les événements des deux dernières années au cours desquelles l’université a étendu sa définition d’une « perturbation passible de sanctions ».

L’année dernière, l’administration a puni EJP « pour avoir manifesté trop bruyamment à l’extérieur d’un événement », a dit Jackson.

« Cette année, elle punit des étudiants pour avoir claqué des mains et scandé des slogans spontanément – et ce alors que ces slogans n’ont été scandés qu’après une agression physique survenue dans la salle », a-t-elle fait remarquer.

Jackson a ajouté que le fait que les étudiants ne soient pas autorisés à « claquer des mains tous ensemble » ou à être « trop bruyants » en parlant est une extension de la définition d’une perturbation passible de sanctions, « ce qui est une violation des droits des étudiants garantis par le Premier Amendement parce que l’université n’aime pas le point de vue qu’ils expriment ».

Jackson a fait remarquer l’hypocrisie qu’il y a à enseigner la liberté d’expression aux étudiants « tout en laissant l’université violer les droits des étudiants garantis par le Premier Amendement en les punissant pour avoir utilisé leur liberté d’expression ».

Imposer ces graves sanctions bureaucratiques contre EJP met l’association en échec et approuve les lobbies d’Israël qui réclament l’interdiction de l’association, a dit Jackson.

« Ils n’ont pas directement interdit EJP en tant que club ni ne lui ont supprimé son statut de club, mais ils lui ont imposé à la place des exigences bureaucratiques extrêmement difficiles à assurer, pour quiconque », a-t-elle dit.

« Et donc [EJP fait face] à cette conséquence imminente que, s’ils ne se conforment pas aux sanctions, ils devront affronter d’autres sanctions plus graves. Il semble donc que ce soit clairement un pas en direction de l’interdiction de EJP. »