Sciences-Po : Défendons nos étudiant.e.s engagé.e.s pour la Palestine 

Nous, enseignant.e.s, doctorant.e.s et chercheur.euse.s à Sciences Po, ainsi que collègues du supérieur, exprimons notre soutien aux étudiant.e.s à l’origine de la manifestation organisée au matin du mardi 12 mars en réponse à l’appel de la Coordination universitaire européenne contre la colonisation en Palestine (CUCCP) à l’organisation d’une journée européenne de soutien académique au peuple palestinien.

Nous condamnons sans ambiguïté les actes d’antisémitisme, contre lesquels nous luttons sans concession. Nous condamnons également l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme. Nous condamnons par conséquent la diffamation dont les étudiant.e.s chargé.e.s de l’organisation de la mobilisation font l’objet, sur la base de « propos inqualifiables et parfaitement intolérables » qui ne sont, par ailleurs, pas précisés. Il ne fait pas de doute qu’il s’agit encore une fois de déplacer le débat, pour éviter de parler du fond : les exactions commises par Israël à l’encontre du peuple palestinien. Nous déplorons la judiciarisation de l’affaire, qui confirme la partialité de l’administration, silencieuse sur le harcèlement subi par des étudiant.e.s engagé.e.s  dans la lutte contre la colonisation en Palestine, en amont de la journée du 12 mars, et qui n’a pas voulu entendre les étudiant.e.s qui souhaitaient marquer leur solidarité à l’égard de la Palestine. Nous appelons donc la direction de Sciences Po à abandonner les procédures disciplinaires à l’encontre des étudiant.e.s mobilisé.e.s. 

Nous déplorons également les méthodes répressives dont l’administration a fait usage (couper l’électricité, donc les micros et rétroprojecteurs), faisant littéralement taire un témoin des crimes perpétrés récemment à Khan Younès. Nous soulignons de la même manière le silence qui entoure, dans notre institution, les violences subies par le peuple palestinien depuis le mois d’octobre. Alors que nous nous efforçons par nos enseignements et nos manifestations scientifiques d’apporter des clefs de lectures nécessaires pour comprendre le conflit et en discuter de la manière la plus apaisée possible, nous observons que l’attitude de l’administration vient nourrir un climat de tension.

Plusieurs d’entre nous étaient présent.e.s lors des quatre heures de réflexion et de discussion constructive sur la Palestine. Nous pouvons témoigner de la position sans faille des organisateurs contre toute forme de haine que ce soit l’antisémitisme, le racisme et l’islamophobie. L’amphithéâtre a été, toute la matinée, un espace ouvert à l’ensemble de la communauté étudiante et enseignante de Sciences Po. À aucun moment nous n’avons été témoins d’actes de discrimination. Concernant la chronologie des évènements, nous renvoyons au communiqué du Comité Palestine

Nous ajoutons que la venue du Premier ministre et les propos du Président constituent des interférences inadmissibles qui remettent en cause l’autonomie de l’université et donc la liberté académique. Nous condamnons, plus généralement, les pressions subies par la communauté académique depuis le mois d’octobre, des pressions dénoncées dans plusieurs tribunes relayées notamment par L’Humanité et le Cercle des Chercheurs sur le Moyen-Orient (CCMO). Nous appelons à la mobilisation des universités françaises pour la Palestine, et soutenons le boycott des institutions académiques israéliennes lorsqu’elles sont impliquées dans la colonisation des territoires palestiniens et dans la répression des Palestinien.n.es (voir le communiqué du CUCCP). 

Vous pouvez signer et consulter la liste des signataires ici