Déclaration de l’ASCA, un centre de recherche d’Amsterdam, sur ses collaborations avec des institutions israéliennes ou les compagnies internationales complices dans des crimes d’atrocité

Cette déclaration vient des Directeurs de l’École d’analyse culturelle d’Amsterdam (Amsterdam School for Cultural Analysis, ASCA).

Elle est faite dans le contexte du soutien de longue date de l’ASCA pour des recherches critiques sur les régimes d’oppression et de la conviction de l’ASCA que la recherche ne peut être neutre politiquement. La déclaration a pris forme après consultation du Bureau de l’ASCA et de la communauté de recherche de l’ASCA. Cette déclaration n’est pas faite au nom de tous les chercheurs de l’ASCA. Nous continuerons à promouvoir les événements qui offrent un espace pour un engagement critique sur des questions politiquement sensibles, depuis des perspectives et des positionnements variés.

Cette déclaration concerne seulement les activités que l’ASCA, entre tant que centre de recherche, finance ou/et promeut activement avec son budget annuel d’opérations. 

L’ASCA ne collaborera pas avec des institutions israéliennes, y compris universitaires, ni avec des compagnies israéliennes ou internationales structurellement complices dans des crimes d’atrocité  commis dans le Territoire palestinien occupé, tels qu’identifiés par le Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (Office of the United Nations High Commissioner for Human Rights, OHCHR). Cette décision suit le jugement de la Cour internationale de justice (Ordonnance de la CIJ du 26 janvier 2024) qui a trouvé plausible le risque que l’État d’Israël commette un génocide et catastrophique la situation à laquelle sont confrontés les Palestiniens, avec un risque de dommages irréparables. De plus, elle est faite dans le double contexte d’un climat politique aux Pays-Bas où le plaidoyer pour les droits humains des Palestiniens est de plus en plus criminalisé et banalisé, et d’actions militaires continues par les Forces de défenses israéliennes à Gaza, qui ont conduit à ce que son entière infrastructure éducative soit détruite et que des milliers d’enseignants, d’administrateurs et d’étudiants soient tués.

Pendant de nombreuses décennies, la question de la Palestine a été le sujet d’une production de connaissance riche et nuancée — par des universitaires palestiniens, israéliens et internationaux, par des institutions internationales, par des ONG, ainsi que des chercheurs de l’ASCA. Depuis octobre 2023, l’ASCA a encouragé une série d’activités universitaires sur l’histoire longue et le contexte de la violence actuelle, cherchant à apporter cette connaissance à un plus large auditoire universitaire et à contribuer en définitive à informer l’opinion publique.

Nous soutenons le droit à la liberté académique pour tous et toutes et nous pensons que cette déclaration n’est pas en conflit avec cette liberté, étant donné qu’elle ne concerne que des collaborations potentielles avec l’État israélien, les institutions et compagnies complices et leurs représentants officiels. Elle ne concerne pas les universitaires individuels affiliés à, ou employés par, des institutions universitaires israéliennes — elle concerne la complicité institutionnelle, pas l’identité. Nous reconnaissons le positionnement particulier des universitaires de l’ASCA qui ont la citoyenneté israélienne et la complexité de la situation où ils se trouvent. Nous prendrons particulièrement soin de soutenir ces universitaires.

En attendant les nouvelles directives de l’UvA (Université d’Amsterdam) sur la collaboration avec des tierces parties (samenwerking met derden), l’ASCA s’engage à ce qui suit, dans le cadre de ses attributions en tant que centre de recherches à l’intérieur d’une plus large institution :

  1. L’ASCA ne participera à aucune collaboration et n’invitera à aucune de ses activités des représentants de l’État israélien ou des groupes de pression en faveur d’Israël ou des institutions ou compagnies complices.
  2. L’ASCA ne procurera ni biens ni services à aucune des compagnies qui fournissent du matériel destiné à la violence ou en sont complices.
  3. L’ASCA continuera à soutenir les initiatives de sa communauté de recherche qui encouragent la production de connaissances critiques, les débats et l’éducation publique sur la Palestine et sur Israël.
  4. L’ASCA sera solidaire des universitaires palestiniens ainsi que de tous les universitaires qui sont confrontés à des menaces contre leur liberté académique à cause de leur position sur la Palestine, et plaidera pour leur inclusion dans les programmes de type « universitaires en danger ». 
  5. L’ASCA ne fera aucune discrimination contre des universitaires individuels, y compris ceux venant d’Israël, quand ils postulent pour des positions, des bourses de recherche, des subventions ou d’autres financements.

Juillet 2024

Pour toute question sur cette déclaration, merci de contacter le directeur scientifique de l’ASCA par intérim Jaap Kooijman à asca-fgw@uva.nl