Conférence de géographie tenue à Ramallah en geste de solidarité

Ces dernières années, les universités occidentales ont été un terrain de bataille pour les membres de la campagne qui veulent travailler et étudier dans des endroits qui leur permettent de….

Ces dernières années, les universités occidentales ont été un terrain de bataille pour les membres de la campagne qui veulent travailler et étudier dans des endroits qui leur permettent de refuser tout partenariat avec les institutions israéliennes complices des crimes de l’État.

Cette semaine, le Cercle International de Géographie Critique, corporation universitaire qui traite de géographie sociale et urbaine et autres champs associés, a fait un pas de plus.

Le Cercle tient une conférence dans la ville occupée de Ramallah, non pas pour prendre part à cette sorte de faux « équilibre » qu’essaient de trouver les groupes dominants en organisant des événements en Israël et en Cisjordanie, mais clairement pour manifester leur accord avec les universitaires palestiniens.

Comme l’admettent les organisateurs dans leur déclaration de conférence, la décision de tenir la conférence à Ramallah et les implications de cette décision ne sont pas nécessairement choses faciles.

En créant cette opportunité pour les universitaires palestiniens d’y prendre part, sans en être empêchés par les restrictions et les humiliations imposées aux Palestiniens qui cherchent à voyager, les organisateurs ont pris en compte le fait que les chercheurs de plein de pays arabes et à majorité musulmane étaient empêchés d’entrer par « les restrictions et le profilage racial imposés à la frontière par les autorités israéliennes d’occupation ».

Il reconnaissent aussi que certains universitaires à travers le monde, soit de leur propre choix, soit à cause de la politique de leur gouvernement, peuvent percevoir un voyage en Cisjordanie elle-même comme un acte de « normalisation » avec Israël puisque cela implique de traverser les frontières contrôlées par Israël.

Le Cercle de Géographie Critique a cependant clairement déclaré qu’il voit le fait d’avoir choisi Ramallah pour sa conférence comme un choix politique. Selon la déclaration de conférence, tous ceux qui ont participé à cet événement sont considérés comme :

soutenant fermement les trois droits fondamentaux des Palestiniens, définis dans la législation internationale. C’est-à-dire, la fin de l’occupation de la Bande de Gaza, de la Cisjordanie, qui comprend Jérusalem Est, et des Hauteurs du Golan ; la reconnaissance du droit fondamental des citoyens arabes-palestiniens d’Israël à une totale égalité ; et le respect, la protection et la promotion du droit des réfugiés palestiniens à retrouver leurs maisons et leurs biens.

Pour une organisation universitaire formellement engagée dans l’utilisation de ses privilèges éducatifs pour « développer la théorie et la pratique nécessaires au combat contre l’exploitation et l’oppression sociales », cet acte de solidarité concrète avec les universitaires palestiniens prend beaucoup de sens.

Sa décision est aussi un défi proposé aux autres institutions universitaires pour qu’elles recherchent sur le terrain des moyens concrets similaires de soutien à leurs collègues palestiniens.

Sarah Irving pour The Electronic Intifada


J’allais à une conférence… (Encore plus de raisons pour un boycott universitaire d’Israël).

par Stale Holgersen

Au moment où j’écris, la septième Conférence Internationale de Géographie Critique se tient en Palestine. Tout comme quelques centaine de participants du monde entier, j’étais inscrit à cette conférence et devais y faire une présentation de la théorie de la planification. Pourtant à ma grande surprise, les autorités israéliennes ne m’autorisèrent pas à y participer, alors que j’étais retenu à l’aéroport Ben Gourion et renvoyé en Suède.

Tenir une conférence de géographie en Palestine est très intéressant pour toutes sortes de raisons -depuis sa situation dans le Moyen Orient politiquement instable, jusqu’à son extraordinaire histoire géographique en tant que point de rencontre de cultures, de peuples et de religions. Dans les mots-clés de la discipline de la géographie humaine, il y a « frontières », « territoire » et « colonialisme » ; c’est pourquoi la Palestine est un choix hautement pertinent pour accueillir une conférence de géographie. Ici, ces mots-clés ne révèlent pas seulement des sujets de recherche fascinants, mais ils sont des problèmes réels et substantiels pour beaucoup de gens, étant donné que la Palestine est encore sous occupation par Israël.

Le 24 juillet, j’ai moi même fait l’expérience d’un petit bout de cette injustice en étant interdit d’entrée en Israël. Après des interrogatoires et 6 heures d’attente, on m’informa que j’étais un « risque pour la sécurité ». Je trouve cela dur à comprendre, mon seul « crime » étant d’avoir été présent dans une manifestation en Cisjordanie à l’automne 2013, et d’être le partenaire d’un médecin de Suède d’origine iranienne à qui on refusa l’accès quand elle avait voulu faire son internat à l’hôpital de Naplouse en 2014.

Etre renvoyé en Suède après une journée à l’aéroport et une nuit en détention n’est bien sûr rien comparé à ce que des milliers de Palestiniens, actuellement dans les prisons israéliennes -et beaucoup sans charges- endurent, sans parler par exemple des 500 enfants tués pendant la dernière guerre à Gaza. Mais mon cas est cependant un nouvel exemple de la façon dont Israël entrave la liberté académique en Palestine. La septième Conférence Internationale de Géographie Critique – contrairement aux précédentes accueillies dans des villes comme Francfort, Mumbai ou Mexico – est directement contrecarrée par un pouvoir d’occupation à différents niveaux : depuis le fait de rendre insupportables les conditions de travail des universitaires palestiniens et des chercheurs en ou sur la Palestine, jusqu’à celui de forcer les organisateurs de cette conférence à utiliser avec prudence l’information et la franchise, mais aussi d’empêcher directement des gens d’assister à la conférence (beaucoup de collègues moyen-orientaux arabes et musulmans, venant de pays tels que l’Iran, la Malaisie, le Pakistan, le Liban et l’Irak ne purent que rêver de participer à la conférence). Sans faire mention de la situation à Gaza où les étudiants doivent se procurer leurs propres livres en contrebande !

A cette conférence, je devais, comme je l’ai mentionné, faire une présentation sur la planification urbaine et la théorie de la planification. Et à cet égard, il est intéressant de voir comment les universités israéliennes et la société académique sont entremêlées à l’occupation actuelle de la Palestine par le régime. Que les universités et la recherche soient étroitement liées à la politique des gouvernements, nous le savons partout dans le monde, mais dans peu d’endroits ce type de connections a des conséquence aussi désastreuses. En termes de planification et d’architecture spatiales, les universités et le gouvernement israéliens sont étroitement liés sur nombre de sujets : par exemple la planification des colonies et l’infrastructure du mur et la gestion de l’eau, l’attribution de permis de construire à Jérusalem, aussi bien que le déplacement de populations comme stratégie coloniale.

Puisque l’État d’Israël continue à ignorer les droits internationaux et les résolutions de l’ONU ; puisqu’il continue sans répit à attaquer la liberté universitaire en Palestine de toutes sortes de façons ; puisque les universités israéliennes sont si mêlées à la présente occupation, il n’y a pas d’autre alternative qu’un boycott universitaire international des institutions israéliennes – y compris les institutions universitaires. A quelques kilomètres seulement de là où les Palestiniens sont privés de leur droit à l’éducation, les universités israéliennes produisent de la connaissance sur la façon de renforcer l’occupation. Pour le bien de l’humanité, je vous en prie rejoignez la Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël sur http://pacbi.org/ .

Stale Holgersen, Malmo, Suède, 28 juillet 2015.

(Stale Holgersen est un chercheur (post-doctorant) à l’Institut pour la Recherche sur le Logement (IBF) à l’Université d’Uppsala, en Suède.)