Après les menaces de déportation de Trump | Un important militant pro-palestinien de Columbia détenu par l’Autorité d’immigration des États-Unis

Mahmoud Khalil, diplômé de Columbia qui était un négociateur principal pour les manifestants pendant le campement de solidarité avec Gaza sur le campus au printemps dernier, a été arrêté sur le site de l’université. L’arrestation fait suite au décret de Trump sur l’antisémitisme du mois dernier.

Des agents de l’immigration et des douanes (ICE) ont arrêté un important militant pro-palestinien, qui a récemment obtenu son diplôme de Columbia, Mahmoud Khalil, à son appartement de l’université, dans la nuit de samedi. C’est le premier incident de cette sorte après la promesse du gouvernement Trump de déporter les manifestants pro-palestiniens qui restent en Amérique grâce à des visas étudiants.

L’avocate de Khalil, Amy Greer, a dit dans une déclaration que son client a été « arrêté à tort » par les agents de l’ICE qui ont affirmé que « son visa étudiant était révoqué — alors que Mahmoud est un résident permanent légal (détenteur d’une carte verte) et qu’il n’est pas aux États-Unis avec un visa étudiant ».

« Pendant la nuit, nous avons déposé une requête en habeas corpus pour le compte de Mahmoud, contestant la validité de son arrestation et de sa détention. Actuellement, nous ne connaissons pas la localisation précise de Mahmoud. Initialement, nous avons été informés ce matin qu’il avait été transféré dans un établissement de l’ICE à Elizabeth, New Jersey. Cependant, quand sa femme — une citoyenne des États-Unis qui est enceinte de huit mois et a aussi été menacée d’une arrestation par les agents de l’ICE [samedi] — a essayé de lui rendre visite là [dimanche], on lui a dit qu’il n’est pas détenu à cet endroit. Nous avons ensuite reçu des rapports selon lesquels Mahmoud pourrait avoir été transféré jusqu’en Louisiane », disait la déclaration.

 « Nous défendrons vigoureusement les droits de Mahmoud devant les tribunaux et continuerons nos efforts pour rectifier cette faute terrible et inexcusable — et calculée— commise contre lui. L’arrestation par l’ICE et la détention de Mahmoud résultent de la répression ouverte par le gouvernement des États-Unis du militantisme et de l’expression politique des étudiants, ciblant spécifiquement les étudiants de l’université de Columbia pour leur critique de l’attaque d’Israël contre Gaza. Le gouvernement des États-Unis a exprimé clairement qu’il utiliserait le contrôle de l’immigration comme outil pour supprimer la libre expression. Beaucoup d’individus et d’organisations ont exprimé leur soutien à Mahmoud et leur indignation devant la conduite du gouvernement, et ont offert leur aide pour les poursuites judiciaires. Mahmoud apprécie grandement tout ce soutien, comme nous », a dit Greer dans sa déclaration.

Khalil était une personnalité visible, négociateur principal pour les manifestants pendant le campement de solidarité avec Gaza au printemps dernier sur le campus de Columbia.

Dans des interviews récents avec la presse états-unienne, Khalid a dit qu’il avait été accusé de mauvaise conduite quelques semaines seulement avant sa remise de diplôme, en décembre dernier. Il a dit que les allégations, liées principalement à des posts sur les réseaux sociaux, ont conduit l’université à mettre en attente son relevé de notes et à menacer de bloquer sa remise de diplôme. Il a dit qu’après avoir refusé de signer un accord de confidentialité, il a fait appel de la décision par l’intermédiaire d’un avocat et que l’université a finalement fait machine arrière.

Quand Haaretz lui a demandé samedi si l’ICE était entrée sur une propriété de l’université, Columbia n’a ni confirmé, ni nié. Un porte-parole de l’université, cependant, a réitéré que « Columbia a suivi la loi et continuera à le faire. »

« Les forces de l’ordre doivent avoir un mandat judiciaire pour entrer dans des zones non-publiques de l’université, y compris dans les bâtiments de l’université. Columbia s’est engagée à respecter toutes les obligations légales et à soutenir les étudiants et la communauté sur le campus », a dit l’université dans une déclaration.

Cependant, à peu près en même temps que Khalil était emmené en détention, l’université de Columbia a envoyé un e-mail aux étudiants qui porte sur des directives générales concernant les visites de l’ICE sur le campus, tout en conseillant au personnel enseignant et administratif de ne « pas interférer » et de « contacter le service de sécurité publique », mais elle n’a donné aucune information sur l’arrestation elle-même.

L’arrestation est en conformité avec le décret de Trump de janvier sur l’antisémitisme, qui vise à prendre « des mesures sans précédent pour combattre l’explosion d’antisémitisme », en particulier en révoquant les visas étudiants des « sympathisants du Hamas sur les campus des établissements universitaires ».

Cette mesure de la nouvelle administration a alarmé à la fois les défenseurs de la libre expression et des groupes juifs, qui alertent sur l’instrumentalisation de l’antisémitisme et le ciblage des militants pro-palestiniens. Les critiques arguent que cela représente une tentative pour supprimer toute dissidence sur les campus.

L’université de Columbia est devenue un point focal pour les manifestations pro-palestiniennes et anti-Israël après l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023, et la guerre à Gaza. L’université a depuis été confrontée à une surveillance et à des conséquences négatives sous la nouvelle administration Trump.

Pendant le week-end, le gouvernement de Trump a annoncé l’annulation immédiate d’environ 400 millions de dollars de subventions et de contrats fédéraux destinés à l’université de Columbia, en alléguant d’un prétendu échec de l’institution à remédier à un harcèlement antisémite persistant sur le campus.

The Associated Press a contribué à ce rapport