Gaza, 15 octobre 2025 – Al Mezan est extrêmement préoccupé par la détention arbitraire du Dr. Hossam Abu Safiya, pédiatre palestinien qui dirige l’hôpital Kamal Adwan. Le Dr. Abu Safiya n’a pas fait partie du groupe des prisonniers et détenus palestiniens libérés par Israël dans le cade de l’accord de cessez-le feu, ce qui est un signal d’alarme sur la possibilité du prolongement une fois de plus de sa détention sous l’égide de la loi israélienne illicite sur les combattants.
Demain, le 16 octobre 2025, à 9h30 (heure de Palestine, 10h30 en France), est prévue une audience à huis clos au tribunal de district de Bir al-Sabi en vue de prolonger la détention arbitraire du Dr. Abu Safiya pour six mois de plus. Le Dr Abu Safiya participera en vidéo depuis la prison d’Ofer où il est actuellement détenu.
La détention prolongée sans accusation contre le Dr. Abu Safiya, alors que des rapports ont documenté la torture, les conditions de détention inhumaines et l’absence de toute mention de libération, indiquant qu’il est retenu comme otage. Al Mezan avertit qu’Israël est susceptible d’utiliser sa détention, de même que celle de milliers d’autres Palestiniens, comme levier politique dans les négociations en cours de cessez-le feu. Une telle utilisation de prisonniers et détenus palestiniens dans la négociation constitue une prise d’otages en droit humanitaire international (DHI).
Le Dr. Abu Safiya, qui est représenté par l’avocat d’Al Mezan, a été arrêté par les forces israéliennes avec plusieurs de ses collègues et d’autres civils le 27 décembre 2024 à l’hôpital Kamal Adwan. Ils ont été kidnappés au cours d’une attaque israélienne contre l’établissement médical, après plusieurs attaques contre ce service et ses environs pendant l’invasion terrestre du nord de Gaza de 2024. Il a d’abord été détenu à Sde Teiman, un camp de prisonniers de l’armée, connu pour les tortures infligées systématiquement aux Palestiniens, jusqu’au 9 janvier 2025, puis transféré à la prison d’Ofer, le 11 février 2025. Le 25 mars 2025, le tribunal de district de Be’er Sheva a maintenu le Dr. Abu Safiya en détention qu’il a prolongée de six mois en vertu de la loi israélienne illicite des combattants, sans accusation.
Lorsque l’avocat d’Al Mezan a finalement eu la possibilité de lui rendre visite en février 2025, après 47 jours d’interdiction d’avoir un conseil juridique, le Dr. Abu Safiya a confirmé qu’il était soumis à des tortures et d’autres traitements inhumains et dégradants. Il a raconté avoir été déshabillé de force par les autorités israéliennes à Sde Teiman, obligé de s’asseoir sur du gravier coupant pendant des heures, et fortement battu par des soldats israéliens avec des matraques et des aiguillons électriques. À la prison d’Ofer, le Dr. Abu Safiya a passé 25 jours à l’isolement et a été interrogé pendant 10 jours d’affilée. Pendant le premier mois de sa détention, sa santé s’est dégradée significativement alors qu’Israël lui refusait toujours une aide médicale.
Ce que vit le Dr. Abu Safiya reflète l’expérience vécue par des milliers d’habitants palestiniens de Gaza qui ont été arbitrairement détenus par les autorités israéliennes depuis octobre 2023. Cela est fait au nom de la loi israélienne illicite sur les combattants, qu’Al Mezan considère comme une grossière violation du droit international des droits humains (DIDH) et du DIH. Avec cette loi, Israël classe sans justification tous les Palestiniens emmenés par les forces israéliennes lors de raids d’arrestations à Gaza, de « combattants ennemis ». La loi est utilisée pour dépouiller les habitants palestiniens de Gaza des diverses protections auxquelles ils ont droit en tant que civils vivant dans un territoire occupé en droit international.
Al Mezan condamne fermement l’usage continu de la loi illicite des combattants par les autorités israéliennes pour détenir illégalement des Palestiniens sans accusation ni procès en bonne et due forme et considère que c’est une grave violation à la fois du DIDH et du DIH. La communauté internationale doit agir immédiatement et exercer une pression significative sur Israël pour mettre fin à son usage systématique et large de la détention arbitraire et de l’emprisonnement de Palestiniens comme otages torturés, affamés et soumis à de d’autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants. Les États doivent exiger la libération immédiate et inconditionnelle de tous les Palestiniens détenus sans accusation ni procès équitable, assurer le plein accès à des mécanismes de contrôle dans les lieux de détention et tenir les autorités israéliennes responsables de graves violations du droit humanitaire et du droit des droits humains.