À la veille de la visite de Netanyahou, l’UE s’apprête à célébrer la journée des droits humains avec le groupe anti occupation B’Tselem

C’est une gifle pour Netanyahou : la nouvele ambassadrice de l’UE choisit d’organiser un événement officiel avec un groupe de défense des droits humains. Le ministère des Affaires étrangères dit que ce geste « est un crachat à la figure des Israéliens », tandis que le ministre tire à boulets rouges sur l’UE, disant qu’elle est de moins en moins utile.

Des représentants de l’Union Européenne en Israël célébreront la journée internationale des droits humains, ce jeudi, avec l’organisation de défense des droits humains, B’Tselem. Lors de l’événement, conduit par la nouvelle ambassadrice de l’UE, Emmanuelle Giaufret, la présence d’une exposition de photos montrant 50 ans d’occupation par Israël a déclenché une condamnation féroce de la part d’Israël.

L’exposition, intitulée « 50 ans » est actuellement ouverte au public au port de Jaffa à Tel Aviv. Elle montre des portraits de 50 Palestiniens nés en 1967, l’année de la prise de la Cisjordanie et de Gaza par Israël au terme de la guerre des six jours. La visite de cette exposition par d’autres diplomates étrangers en Israël est également attendue.

Au début de la semaine prochaine, Netanyahou s’envolera pour Bruxelles pour une réunion exceptionnelle avec les 28 ministres des affaires étrangères des États membres de l’UE.

En dehors du protocole, Netanyahou a été invité non pas par les canaux officiels mais par les représentants de la Lituanie à l’UE, un État relativement amical du point de vue de Netanyahou. Cet écart au protocole a énervé la ministre des affaires étrangères de l’UE, Federica Mogherini.

Le porte-parole du ministère israélien des affaires étrangères, Emmanuel Nahshon, a déclaré : « Pour des raisons inconnues, les gens de l’UE croient toucher les Israéliens en leur crachant à la figure. Nous voyons une fois de plus les mêmes méthodes dédaigneuses qui consistent en prêches hypocrites, en moralisme condescendant, qui ne font qu’éloigner plutôt que rapprocher. C’est triste et inutile ».

Des représentants officiels israéliens et des personnages politiques ont fulminé à l’annonce de cette nouvelle. « L’Union Européenne ne perd pas une occasion de lancer des piques à l’État d’Israël et elle persiste dans son unilatéralisme » a déclaré Nafatali Bennet, le leader du parti Habayit Hayehoudi. « Cette attitude fait de l’UE un partenaire moins pertinent aujourd’hui ».

Le commentaire de la vice-ministre des affaires étrangères, Tzipi Hotovely a été qu’Israël « a été menacé par le terrorisme palestinien depuis plus de 100 ans » et que « malheureusement l’UE n’a pas fait d’enquête sur le système éducatif de l’Autorité Palestinienne qui élève les enfants en les préparant à tuer des victimes innocentes ». Elle a ensuite ajouté que « quiconque s’intéresse aux droits humains devrait d’abord regarder le système éducatif palestinien ».

B’Tselem a répondu, disant avoir invité Bennet, Hotovely et Nahshon à l’exposition, « pour qu’ils puissent voir de leurs propres yeux les enfants de 1967 – qui ont été privés de leurs droits humains par Israël ».

En avril dernier, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a annulé une réunion prévue avec le ministre allemand des affaires étrangères Sigmar Gabriel parce que ce dernier refusait la demande de Netanyahou de ne pas rencontrer deux organisations non gouvernementales de défense des droits humains, Breaking the Silence et B’tselem.

Le cabinet de Netanyahou a déclaré qu’il n’est pas dans la politique du premier ministre de rencontrer des diplomates en visite en Israël qui rencontrent des organisations qui « calomnient les soldats (des forces de défense d’Israël) et de chercher à les poursuivre comme criminels de guerre ».

En février, Netanyahou a donné l’ordre au ministère des affaires étrangères de réprimander l’ambassadeur de Belgique en Israël après que le Premier ministre Charles Michel ait rencontré des représentants de B’Tselem et de Breaking the Silence. Le cabinet de Netanyahou a déclaré à ce moment-là : « Israël considère qu’il est grave que le premier ministre belge ait rencontré aujourd’hui les dirigeants de Breaking the Silence et de B’Tselem lors de sa visite en Israël ».

Au cours du même mois, Netanyahou s’est rendu à Londres et a demandé à la Première ministre Theresa May de cesser de financer des organisations de gauche israéliennes, dont Breaking the Silence, B’Tselem, Adalah – le centre juridique pour les minorités arabes en Israël, et d’autres.

Netanyahou a aussi, par le passé, donné l’ordre de supprimer les postes réservés chez B’Tselem à de jeunes Israéliens en service civil national volontaire en alternative à l’armée.

Ce n’est pas la première fois que l’UE a prêté son soutien publiquement à l’organisation, en dépit de la désapprobation du gouvernement israélien. En octobre 2016, la délégation de l’UE en Israël a ouvertement soutenu la présence du directeur exécutif de B’Tselemn, Hagaï El-Had à une session spéciale du Conseil de sécurité de l’ONU sur les colonies, avec le tweet suivant : « Nous soutenons B’Tselem dans la défense des droits humains des villages palestiniens vulnérables de la zone C ».