Des universitaires et des chercheurs disent non au partenariat entre l’École polytechnique et le Technion

Une pétition rassemble plus de 600 signatures, essentiellement parmi les universitaires français, pour s’opposer aux accords conclus entre l’École polytechnique et le Technion, l’Institut technologique d’Israël.

Par courrier en date du 6 décembre 2013, l’Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine (AURDIP) avait écrit au directeur général de l’École polytechnique pour l’alerter sur les risques moraux et juridiques que présentent les accords de partenariat conclus en 2013 entre l’École polytechnique et le Technion, l’Institut technologique d’Israël et lui demander d’y renoncer.

En dépit de relances par courriel, ce courrier n’a jamais reçu de réponse.

Devant ce silence de la direction de l’École polytechnique, l’AURDIP a lancé le 21 septembre 2014 une pétition ouverte aux universitaires se déclarant défavorables à ce partenariat. Cette pétition a réuni en quelques jours plus de 600 signatures, essentiellement parmi les universitaires français, dont des chercheurs, des enseignants, ainsi que des élèves et des anciens élèves de l’École polytechnique. En outre, plusieurs associations françaises ou étrangères ont déclaré publiquement leur soutien à cette pétition, dont des syndicats de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Cette mobilisation sans précédent de la communauté universitaire est bien la preuve que le Technion, en raison de son implication dans les violations graves du droit international commises par les autorités israéliennes, susceptibles d’être qualifiées soit de crimes de guerre, soit de crimes contre l’humanité, ne peut pas être considéré comme un établissement universitaire comme les autres et que ces accords suscitent un profond malaise.

En effet, le Technion, tout comme nombre d’universités israéliennes, pratique la discrimination envers les palestiniens citoyens d’Israël tout en soutenant l’armée israélienne par la mise en place de cursus adaptés et de mesures favorables aux militaires, qu’ils soient actifs, conscrits ou réservistes. Il met également ses compétences scientifiques au service du complexe militaro-industriel israélien, en entretenant, par exemple, des liens très étroits avec les sociétés Elbit Systems et Rafael Advanced Defense Systems Ltd, qui équipent et conseillent l’armée israélienne. Ce faisant, il constitue une pièce importante du dispositif israélien d’occupation des territoires palestiniens et de son cortège d’actes illégaux (usage disproportionné de la force, colonisation, expropriations, destruction de maisons, expulsions, arrestations arbitraires, assassinats etc.). La coopération avec le Technion expose en conséquence les élèves, chercheurs et professeurs de l’École polytechnique à un risque de complicité de crimes de guerre. Ce risque est réel comme le montrent les massacres commis au cours de l’opération militaire israélienne à Gaza en juillet et août 2014.

Par courrier en date du 10 octobre 2014, l’AURDIP a transmis à la direction de l’École polytechnique la pétition et la liste des signataires, en lui demandant une nouvelle fois de renoncer à ce partenariat. Nous espérons que cette pétition contribuera à une prise de conscience au sein de la direction de l’École polytechnique mais également parmi ses élèves, chercheurs et professeurs, du caractère immoral de ces accords conclus avec le Technion et des risques juridiques et d’image qu’ils font courir au regard du droit international et du droit pénal français. Si tel n’était pas le cas, l’AURDIP, forte de ce soutien et de la mobilisation de la communauté universitaire, continuera sans relâche, avec d’autres, à se mobiliser contre ce partenariat.