Conférences Bisan – Joel Beinin – La culture populaire égyptienne en Palestine à la fin de la période ottomane et pendant la période mandataire

Le prochain webinaire des Conférences Bisan aura lieu le mercredi 8 mars 2023, à 19h (heure de la Palestine) (18h CET- heure normale d’Europe centrale ; 12h-US EST -heure normale de l’Est nord-américain). Nous aurons le plaisir d’accueillir Prof. Joel Beinin (Stanford) qui parlera (en anglais avec une traduction simultanée en arabe pour ceux et celles qui le souhaitent) de Egyptian Popular Culture in Late-Ottoman and Mandate Palestine [La culture populaire égyptienne en Palestine à la fin de la période ottomane et pendant la période mandataire]. Vous pouvez vous inscrire pour l’événement sur Zoom ici.

Chers et chères collègues,

Dans sa conférence Bisan du 8 février, Juliet Floyd (professeure à l’université de Boston) a retracé l’évolution des idées de Turing sur le calcul, en portant une attention particulière à l’influence exercée sur lui par les cours de Ludwig Wittgenstein à Cambridge – à certains desquels il a lui-même assisté, ainsi que d’autres que lui ont transmis des amis qui s’y trouvaient. Selon Floyd, Turing n’a pas seulement été influencé par les idées novatrices de Wittgenstein à propos des « formes de vie » et de leur importance pour comprendre nos concepts — il a aussi influencé Wittgenstein, particulièrement dans la manière dont ce dernier a conçu les algorithmes en lien avec les actions humaines comme des « jeux de langage ». Des traces de cette influence se trouvent clairement dans les Cahiers bleu et brun de 1933-4. Tout au long de son exposé, Floyd a souligné les idées philosophiques sur la nature, les limites et les fondements de la logique partagées par Turing et Wittgenstein.

Floyd a d’abord présenté brièvement le développement du modèle de calcul maintenant connu en général sous le nom de « machine de Turing », qui prouvait qu’il ne peut y avoir d’algorithme général pour déterminer à l’avance ce qu’un algorithme produira à partir de données spécifiques. Elle a ensuite poursuivi son exposé par une analyse et une interprétation de ce qu’on appelle maintenant le « test de Turing », publié par Turing dans un article de philosophie en 1950. Floyd a récusé les lectures du test de Turing qui en font des réponses à des questions sur la possibilité pour les machines d’avoir une conscience, ou des enquêtes épistémologiques sur les machines déguisées en êtres humains. Elle le lit plutôt comme une expérimentation sociale concernant les échanges entre humains en présence d’une machine. Pour Turing (comme pour Wittgenstein), des notions comme la « liberté », l’« agentivité » et l’« intelligence » sont intrinsèquement sociales, intégrées dans des formes de vie humaines, dans les expériences quotidiennes.

Dans la discussion qui a suivi la conférence, les questions ont tourné principalement autour des différents usages de la notion d’« intelligence » (particulièrement par les informaticiens), du contexte historique et politique du milieu Turing-Wittgenstein discuté dans la conférence, et des implications contemporaines des arguments de Floyd pour l’intelligence artificielle.

Vous pouvez regarder l’enregistrement vidéo de la conférence ici. Les diapos de l’exposé sont disponibles ici.

Nous sommes heureux d’annoncer que le prochain webinaire des Conférences Bisan aura lieu le mercredi 8 mars 2023 à 19h heure de la Palestine time (18h CET- heure normale d’Europe centrale ; 12h-US EST -heure normale de l’Est nord-américain). Nous aurons le plaisir d’accueillir Prof. Joel Beinin (Stanford) qui parlera de

Titre: Egyptian Popular Culture in Late-Ottoman and Mandate Palestine

[La culture populaire égyptienne en Palestine à la fin de la période ottomane et pendant la période mandataire]

[Conférence en anglais avec traduction simultanée en arabe pour ceux et celles qui le souhaitent]

Vous pouvez vous inscrire pour l’événement sur Zoom ici.

Résumé : A la fin de la période ottomane et pendant la période du Mandat britannique, la Palestine a été une composante à part entière du public des nouvelles formes de la « culture populaire de masse  » qui ont émergé au Caire, devenu la capitale culturelle de la région arabe orientale (Mashreq) toute entière. Des artistes égyptiens figuraient dans la nouvelle technologie des enregistrements audios, comme Shaykh Salama Hijazi et Munira al-Mahdiyya, les troupes de théâtre itinérantes de Naguib al-Rihani et Yusuf Wahbi, ainsi que le Théâtre national égyptien et les géants de la musique populaire égyptienne de l’entre-deux-guerres – Umm Kulthum et Muhammad Abdel Wahhab – se produisaient régulièrement et étaient chaleureusement reçus en Palestine.

Cependant, les interprètes égyptiens populaires ne venaient pas en Palestine pour affirmer ou renforcer son arabisme. Ils venaient parce qu’ils recevaient des cachets substantiels pour leurs performances et parce qu’ils y avaient un vaste et fidèle public, dont certains membres étaient juifs. Et ils se produisaient dans des salles dont les propriétaires étaient aussi bien juifs qu’arabes. La présence de personnes arabes et juives aux concerts ou dans les cinémas ne signifiait pas nécessairement qu’ils s’aimaient et que leurs familles et leurs amis approuvaient de telles associations. Ni non plus qu’ils se détestaient par principe.

Cet héritage ambigu s’est manifesté dans le tapage politique à propos de l’attribution de noms de rues en hommage à Umm Kulthum et Abdel Wahhab à Jérusalem, Ramla et Haifa en 2020. Cela n’était pas un indicateur de la coexistence arabo-juive, comme des personnes de gauche et du centre l’ont imaginé dans leur myopie. Ce n’était pas une indication que la musique peut surmonter n’importe quelle division politique comme des musiciens soi-disant apolitiques l’ont déclaré. Et cela ne représentait certainement pas une conciliation avec le terrorisme comme des agitateurs de droite hystériques l’ont proclamé. C’était, dans le présent comme cela l’a été dans le passé, un phénomène dans lequel les spectateurs et les fans se lisent eux-mêmes dans le sens de l’oeuvre des artistes qu’ils ont vus, entendus, et, ce qui est plus important, ont admirés et appréciés.

Esquisse biographique : Joel Beinin

Joel Beinin est professeur Donald J. McLachlan d’histoire et professeur d’histoire du Moyen-Orient, émérite, à l’université Stanford. Ses recherches et ses écrits sont centrés sur l’histoire sociale et culturelle et sur l’économie politique de l’Egypte moderne, de la Palestine, d’Israël et sur le conflit israélo-palestinien. Il a enseigné à Stanford de 1983 à 2019, avec une coupure entre 2006 et 2008 en tant que Directeur des Etudes sur le Moyen-Orient et professeur d’histoire à l’université américaine du Caire. En 2001-02,il a été président d’Association des Etudes sur le Moyen-Orient d’Amérique du Nord.

Il a écrit ou édité douze livres, dont le plus récent : A Critical Political Economy of the Modern Middle East (Stanford University Press, 2021) ; co-édité avec Bassam Haddad et Sherene Seikaly The Independent Left in Israel, 1967-1993: A Collection in Memory of Noam Kaminer [en hébreu] (Mevaseret Tziyon: November Books, 2019); co-édité avec Carmel Kaminer, Matan Kaminer, Smadar Nehab Kaminer, et d’autres : Workers and Thieves: Labor Movements and Popular Uprisings in Tunisia and Egypt (Stanford University Press, 2016).

Cette conférence est sponsorisée par le Centre Bisan pour la recherche et le développement, Scientifiques pour la Palestine et le Centre des Etudes palestiniennes de l’université Columbia.

Espérant voir beaucoup d’entre vous à ce webinaire, nous vous adressons l’expression de nos meilleurs sentiments,

Le Comité de pilotage des Conférences Bisan

Prochains webinaires des Conférences Bisan

– mercredi 12 avril 2023, 19h (heure de la Palestine)

Prof. Nergis Mavalvala (MIT)

Titre : « L’Univers courbe : la quête pour découvrir les insaisissables ondes gravitationnelles d’Einstein »

– mercredi 10 mai 2023, 19h (heure de la Palestine)

Prof. Ivar Ekeland (Université Paris-Dauphine)

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Déclaration d’objectifs des Conférences Bisan

En collaboration avec Scientifiques pour la Palestine et le Centre Bisan pour la recherche et le développement, et en concordance avec leur engagement commun pour la pleine intégration de la Palestine dans la communauté globale du savoir, les Conférences Bisan promeuvent des exposés sur des sujets d’importance culturelle, scientifique et sociétale, par des chercheurs et des intellectuels publics de premier plan, d’origines et de points de vue variés. Ces webinaires interactifs sont gratuits et ouverts au public, et leurs enregistrements seront rapidement mis en ligne.