Les États Unis disent qu’Israël ne se soumet toujours pas aux exigences du programme de dispense de visas

Le ministère de la Sécurité Intérieure dit à un député démocrate qu’Israël doit encore étendre les privilèges de dispense de visas réciproques à tous les citoyens étatsuniens.

WASHINGTON – le Ministère étatsunien de la sécurité intérieure (DHS) dit qu’Israël a manqué à se soumettre aux conditions nécessaires à l’intégration dans le programme de dispense de visas, selon ce qu’a appris Haaretz.

D’après une lettre initiée par le démocrate Don Beyer, qui circule dans les bureaux du Congrès, la secrétaire adjointe du DHS pour les questions juridiques, Alice Lugo, l’a informé fin septembre qu’Israël ne satisfait pas actuellement à toutes les exigences (du programme de dispense de visas), notamment l’extension des privilèges réciproques de voyages sans visa à tous les citoyens et nationaux étatsuniens ».

Israël a longtemps souhaité intégrer le programme, ce qui exempterait ses citoyens du processus chronophage et onéreux de demande de visas. L’adhésion d’Israël donnerait la possibilité de visites de 90 jours touristiques ou professionnelles et serait un catalyseur de coopération économique, disent ses partisans.

Le principal point d’achoppement est celui de la « réciprocité » – assurant que tous les citoyens étatsuniens soient traités de la même façon à tous les lieux d’entrée en Israël. Les voyageurs non blancs et non-juifs se plaignent depuis longtemps d’un profilage racial à l’aéroport Ben Gourion. Les Palestiniens de nationalité étatsunienne, quant à eux, passent par la frontière jordanienne au Pont Allenby.

« Au vu de cette position, il est clair qu’Israël ne peut et ne de devrait pas être admis dans le programme de dispense de visas dans le statu quo actuel », précise le député démocrate de Virginie au Secrétaire d’État des États-Unis Antony Blinken, dans une lettre dont la date limite des signatures est ce mercredi. La lettre appelle les États-Unis à faire pression sur Israël pour qu’il retire les nouvelles « restrictions discriminatoires » imposées par l’armée israélienne à l’entrée en Cisjordanie, pour assurer la réciprocité à tous les citoyens étatsuniens et pour ouvrir une hotline qui publie des rapports mensuels en vue d’évaluations du programme de dispense de visas.

Étant données les « déclarations du Ministère de la sécurité intérieure et du Département d’État qui mettent en évidence la discrimination à laquelle sont confrontés des Américains aux frontières d’Israël, il est essentiel que le Département d’État agisse pour adoucir les effets de ces nouvelles restrictions discriminatoires » écrit Beyer.

Les Démocrates au Congrès se sont montrés sceptiques sur la possibilité qu’Israël intègre le programme depuis que les deux pays l’ont affiché comme priorité depuis que l’administration Blinken a pris les rênes du pouvoir l’an dernier. Dans une série de lettres en juin, plus d’une dizaine de Démocrates ont poussé des hauts fonctionnaires étatsuniens à empêcher l’intégration d’Israël sur la base d’une « discrimination d’ordre ethnique ».

« Il incombe à Israël, en tant qu’allié clef des États-Unis et bénéficiaire d’une aide significative, de traiter les citoyens étatsuniens avec dignité et respect sans considération de race, de religion ou d’ethnicité et c’est particulièrement pertinent en ce moment où Israël est soumis à une évaluation pour son entrée dans le programme des États Unis de dispense de visas », écrit Beyer.

Il a mis en évidence les nouvelles restrictions « onéreuses et discriminatoires » publiées par le bureau de coordination de l’armée israélienne pour les affaires du gouvernement dans les Territoires, qui ont été retardées à la suite de l’indignation internationale et de la pression étatsunienne concertée mais qui sont maintenant prêtes à prendre effet en fin de semaine.

« La codification du traitement discriminatoire des voyageurs étatsuniens indique cependant que ces règles s’appliquent spécialement à des pays qui ont « accepté un programme de dispense de visas avec Israël » déclare Beyer. « Donc, leur décision d’accroître la discrimination en codifiant les règles est particulièrement déconcertante étant donné le désir des États-Unis comme d’Israël d’admettre Israël dans le programme ».

Beyer poursuit : « Israël a constamment refusé d’étendre un traitement juste aux visiteurs étatsuniens tentant de voyager en passant par les points d’entrée contrôlés par Israël » en dépit des prérequis de réciprocité du programme de dispense de visas » ajoute-t-il.

Parce qu’il n’y a pas de système officiel en place pour mesurer si ceci est un problème significatif ou à quel point Israël manque à se soumettre à la réciprocité, Beyer en appelle au Département d’État pour qu’il développe un mécanisme de suivi comportant une hotline pour compter le nombre de citoyens étatsuniens concernés – y compris ceux renvoyés aux points d’entrée et ceux auxquels un visa est refusé lorsqu’ils en font la demande par avance.

« Le renforcement de cette relation essentielle ne peut se faire aux dépens de grands parents palestiniens qui souhaitent simplement rendre visite à leurs petits enfants ou aux dépens d’Américains ayant des activités économiques, fréquentant des établissements scolaires, enseignant ou conduisant tout autre activité légale dans les territoires contrôlés par Israël » écrit Beyer.

Au-delà de la question de la réciprocité, Israël doit abaisser son taux annuel de rejet de demandes de visas en-dessous de 3%. Les États-Unis et Israël ont travaillé ensemble pour réduire ce taux, pour autant il ne sera pas possible de déceler un progrès d’ici la fin de 2022. Les représentants israéliens, cependant, ont longuement insisté sur le fait que de jeunes Israéliens tout juste sortis de l’armée comptent pour un nombre disproportionné de rejets de visas pour les États-Unis à cause de leur manque d’emplois stables et de revenus.

Les partisans de l’entrée d’Israël dans le programme ont souligné l’urgence en la matière et le créneau limité que constitue le taux anormalement bas de rejet de visas par Israël au cours des deux dernières années, largement dû à la baisse du nombre de voyageurs pendant la pandémie de COVID-19.

Des étapes positives ont été franchies au cours de l’année écoulée, dont l’accord formel de mars permettant aux autorités étatsuniennes de vérifier si des Israéliens cherchant à entrer aux États-Unis ont commis des délits (même après la mise en place de l’exemption de visa) et l’accord de partage d’information de juillet – malgré le manquement d’Israël à promulguer deux lois constituant des prérequis à l‘entrée.

Un représentant de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem a noté que le coordonnateur des règles des activités du gouvernement dans les territoires (COGAT) et les efforts d’Israël pour intégrer le programme de dispense de visas opèrent sur deux registres politiques différents et que toute tentative d’amender les prérequis à l’entrée en Cisjordanie des Palestiniens-Américains sur des permis de longue durée ne sont pas liés aux questions de réciprocité du programme de dispense de visas.

« Le programme étatsunien de dispense de visas ne vaut que pour des séjours de 90 jours maximum, alors que les permis de longue durée du COGAT concernent le travail, les études et d’autres types de voyages de long terme » a dit le représentant. Concernant la réciprocité dans le cadre du programme de dispense de visas, le porte-parole de l’ambassade a ajouté « qu’Israël doit étendre les privilèges réciproques à tous les citoyens étatsuniens et aux nationaux, dont les Palestiniens -Américains, comme ceux que les États-Unis étendraient aux citoyens israéliens. Nous recherchons un traitement égal et la liberté de voyager pour tous ces voyageurs étatsuniens vers Israël, sans considération d’origine nationale ou d’ethnicité ».