Camera Palaestina: Photographie et Histoires déplacées de la Palestine

par Salim Tamari (auteur), Issam Nassar (auteur), Stephen Sheehi (auteur)
Première édition (août 2022)

University of California Press

Un ebook gratuit en libre accès est disponible sur www.luminosoa.org.

À propos du livre

Camera Palaestina est un examen critique du chroniqueur jérusalémite Wasif Jawahariyyeh (1904–1972) et de ses sept albums de photos intitulé L’histoire illustrée de la Palestine. Les neuf cents images de Jawahariyyeh racontent le milieu culturel et politique riche de la Palestine ottomane et mandataire. Nassar, Sheehi et Tamari situent cette archive à la jonction entre l’histoire de la photographie dans le monde arabe et l’histoire sociale de la Palestine. En apportant un nouvel éclairage sur cette période fondatrice, les auteurs explorent non seulement des événements historiques majeurs et le développement d’un style de vie urbain bourgeois, mais un champ social sur une vision de la vie palestinienne incarnée dans la communauté de Jérusalem. Par leur repérage des interactions entre les images photographiques, les auteurs apportent la preuve que l’expérience matérielle, historique et collective du passé vivant au présent vivant de la Palestine arabe est un champ intact.

À propos des auteurs

– Issam Nassar est professeur d’histoire à l’Université d’État de l’Illinois et coéditeur de Jerusalem Quarterly. Il est coauteur de The Storyteller of Jerusalem : The Life and Times of Wasif Jawahariyyeh (Le conteur de Jérusalem: la vie et l’époque de Wasif Jawahariyye et de Gardens of Sand (Jardins de sable).

– Stephen Sheehi est professeur titulaire de la chaire Sultan Qaboos, enseignant en Études du Moyen Orient et directeur du projet de décolonisation des sciences humaines à l’Université William &Mary. Il est coauteur de Psychoanalysis under occupation : Practicing Resistance in Palestine (La psychanalyse sous occupation : pratiquer la résistance en Palestine) et auteur de The Arab Imago : A Social History of Indigenous Photography, 1860–1910 (L’imago arabe : une histoire sociale de la photographie indigène, 1860-1910).

– Salim Tamari est professeur associé à l’Institut d’études palestiniennes et directeur de son programme d’études à Jérusalem. Il est aussi professeur de sociologie émérite de l’Université de Birzeit et l’auteur de The Great War and the remaking of Palestine (La grande guerre et la reconstruction de la Palestine), de Year of the locust (L’année des sauterelles) et de The Mountain against the Sea (La montagne contre la mer).

Critiques

« Ce livre est une brillante histoire potentielle de la Palestine, autour de sept albums de photographies rassemblés et conservés par Wasif Jawahariyyeh sur la période du milieu des années 1920 au milieu des années 1960. Servis par un engagement décolonial et une envergure intellectuelle, les auteurs transforment les photographies en un droit inaliénable (kawshun) à la Palestine et la Palestine en un lieu « continu bien que traumatique », dont l’existence ne peut ni être éradiquée par les activités sionistes ni effacée par les narratifs européens. C’est un livre que les érudits sur la Palestine et sur la photographie doivent lire absolument ». Ariella Aïsha Azoulay, auteure de Potential History : Unlearning Imperialism (L’Histoire potentielle : désapprendre l’impérialisme).

« Camera Palaestina offre aux lecteurs à la fois une riche chronique visuelle de la vie sociale et politique de la période ottomane et de celle du mandat britannique et un rendu détaillé de l’histoire de la photographie en Palestine. L’histoire de ces archives – avec leurs genres, sujets et points de vue multiples – éclaire les termes polyvalents de la modernité palestinienne dans les décennies pivot d’avant 1948 tout en offrant la base d’une nouvelle théorisation de la pratique anticoloniale que représente la prise de connaissance de ces photos par les Palestiniens ». Rebecca L. Stein, auteure de Screen Shots: State Violence on Camera in Israel and Palestine (Captures d’écran : la violence d’État des caméras en Israël et en Palestine).

« Qui savait que la collection photographique d’un homme pouvait révéler une image aussi multiforme d’une société ? Camera Palaestina montre comment ces photos, leur agencement et le commentaire de Wasif Jawahariyyeh esquissent une image fascinante de la société palestinienne avant la Nakba, une société plus complexe au plan éthique, avec plus de coexistence religieuse (y compris avec les juifs), moins homogène et, par-dessus tout, une société moins centrée sur les pouvoirs coloniaux que certains ont été amenés à croire. Les trois perspectives entremêlées de ces albums contribuent ensemble à jeter le trouble sur la notion « du » sujet palestinien. Voilà une étude profonde des pratiques photographiques de collecte, d’agencement et d’annotations ». Margaret Oli, auteure de Touching Photographs (Photographies émouvantes).

« Camera Palaestina ouvre un nouveau chapitre de l’histoire de la photographie au Moyen Orient. Traditionnellement dominé par des analyses de photographies orientalistes prises par des Européens et des Américains, le focus se déplace vers des photographes de la région. Ce livre unique couvre l’histoire politique, sociale et culturelle depuis un point de vue sous-représenté en des temps de transformation critique » – Zeynep Çelik, auteure de Displaying the Orient and Urban Forms of Colonial Confrontations (Représenter l’Orient et les formes urbaines des confrontations coloniales).

« Ce livre apporte une des contributions les plus critiques du champ en développement des cultures visuelles de la région arabe et de la Palestine en particulier : c’est l’idée que les images trouvées parlent par elles-mêmes des façons dont les régimes coloniaux du visuel, comme l’orientalisme, étaient sans le savoir réfutées dans les pratiques de ceux qui les vivaient. Camera Palaestina exige que nous dépassions le regard pour aller au coeur des expériences vécues par les faiseurs d’images indigènes qui ont collecté des matériaux sur leurs vies politiques et sociales dans leurs propres termes ». Hanan Toukan, auteure de The Politics of Art : Dissent and Cultural Diplomacy in Palestine Lebanon and Jordan (Les politiques de l’art : divergences et diplomatie culturelle en Palestine, au Liban et en Jordanie).

« En se centrant sur les mémoires et les albums photographiques de Jawahariyyeh, ce livre est une œuvre collaborative impressionnante de trois érudits en différents domaines. Par leur minutieuse mise en contexte d’images et de commentaires historiques dans leurs temporalités, les auteurs mettent au premier plan les continuités de la vie palestinienne, incluant la présence et l’absence, les tensions et les contradictions ». Annelies Moors, professeure émérite, Université d’Amsterdam.