La réponse de la Campagne américaine pour le boycott académique et culturel d’Israël (USACBI) au décret-loi de Trump ciblant les critiques d’Israël sur les campus

La Campagne américaine pour le boycott académique et culturel d’Israël (USACBI) rejoint le vaste choeur d’individus et d’organisations dénonçant le décret-loi du président Donald Trump du 11 décembre 2019, qui….

La Campagne américaine pour le boycott académique et culturel d’Israël (USACBI) rejoint le vaste choeur d’individus et d’organisations dénonçant le décret-loi du président Donald Trump du 11 décembre 2019, qui vise à étouffer les discours et le militantisme critiques d’Israël sur les campus des Etats-Unis.

Ce décret-loi présente une inquiétante escalade dans la campagne du gouvernement de Trump pour éteindre toute critique d’Israël et il pose un problème très préoccupant pour la liberté académique et la promotion des droits humains. De fait, le jour même où il était annoncé, le député Denver Riggleman (républicain – Virginie) a demandé une enquête sur le Centre pour les études arabes contemporaines de l’université de Georgetown, en se fondant sur le fait que certains membres de son personnel soutiennent ouvertement BDS.

Le décret, qui adopte la définition de travail de l’antisémitisme proposé par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), ne fait, en appliquant l’article VI de l’acte sur les droits civiques, qu’exposer les départements universitaires à des menaces contre leur liberté académique et à des distorsions de la recherche. En contrôlant le discours sur Israël-Palestine en accord avec la définition de l’IHRA, toute distinction entre antisémitisme et critique de l’état d’Israël devient obscure, sinon indiscernable. La définition de l’IHRA a déjà été vigoureusement critiquée par des intellectuels, des militants et des universitaires tant aux Etats-Unis qu’au Royaume-Uni, dont beaucoup étaient juifs.

De plus, ce décret-loi suit une tendance hautement problématique, consistant à se servir de l’article VI pour des poursuites judiciaires frivoles de la part de militants anti-palestiniens qui accusent les universités américaines d’antisémitisme et de violations de leurs droits civiques. Trois d’entre elles, contre des campus de l’université de Californie, ont été rejetées par les tribunaux. L’ironie est que la législation sur les droits civiques, destinée à protéger de la discrimination raciale, est ici déployée pour soutenir un agenda raciste, anti-arabe et islamophobe, un agenda qui est promu aggressivement par l’actuel gouvernement de droite.

Plus tôt cette année, le Département de l’Education des Etats-Unis a effectivement menacé de couper des subventions au Consortium pour les Etudes sur le Moyen-Orient de l’université Duke et de l’université de Caroline du Nord, s’il ne révisait pas son programme pour satisfaire à l’agenda du parti républicain. L’Association américaine des professeurs d’université (AAUP) a souligné que cela était une violation de la liberté académique et constituait un dangereux précédent en ce que toute critique d’Israël pourrait conduire à des coupes dans les subventions fédérales. L’exceptionalisme fait en faveur d’Israël a conduit à une situation dans laquelle les violations des droits humains pourraient être juridiquement exemptés de critiques, tandis que les contestations des biais raciaux ou de l’islamophobie des politiques d’Israël ou de ses défenseurs pourraient être punies par la loi. C’est une parodie de la liberté académique et de l’antiracisme. Personne ne perd son emploi s’il ose critiquer la Russie, la Chine ou même l’Arabie saoudite !

Depuis des décennies maintenant, les universitaires américains critiques d’Israël ont été confrontés à une campagne d’intimidation significative et de harcèlement, et une définition ambiguë de l’antisémitisme a été utilisée pour éteindre le militantisme en faveur des droits humains et les campagnes BDS relatives à Palestine-Israël, y compris en mettant sur liste noire et en tyrannisant les militants étudiants. La croissance du mouvement BDS a aidé à repousser cette censure et le personnel de l’université de Calfornie a également objecté à l’adoption par les Régents de l’université de la définition de l’antisémitisme du département d’état comme étant excessivement large.

De plus, il faut dire clairement que la définition de l’antisémitisme de l’IHRA n’aide pas à se protéger de l’antisémitisme existant effectivement. En fait, étant donné que le régime de Trump a fait ami-ami avec des néo-nazis et des antisémites, tout en soutenant un programme aggressif pour l’expansion israélienne et l’annexion des terres palestiniennes, elle a seulement permis de mettre à nu la compatibilité, et même l’interdépendance, entre antisémitisme et sionisme.

Le décret-loi de Trump est d’abord et avant tout une réponse au succès du mouvement BDS aux Etats-Unis et à l’adhésion croissante des jeunes étudiants et des défenseurs progressistes des droits humains palestiniens. Au cours des 13 dernières années, il y a eu plus de 250 victoires du mouvement BDS en Amérique du Nord. BDS est maintenant appuyé également par des groupes aussi différents que l’Eglise presbytérienne des Etats-Unis, des syndicats d’enseignants et des Afro-Américains de premier plan, comme Angela Davis. Comme dans beaucoup d’autres secteurs de la vie politique, le gouvernement de Trump essaie de ramener les Etats-Unis en arrière vers un passé plus réactionnaire. Le décret-loi de Trump doit être contesté et les efforts de son gouvernement pour étouffer tout discours critique d’Israël et toute organisation en faveur des droits humains palestiniens échoueront. Mais cela exige de nous que nous continuions à organiser et à résister — à tenir bon face au fascisme tout en continuant à soutenir BDS sur les campus de nos universités.