Un lauréat du Prix Nobel appelle au boycott d’Israël

George P. Smith, le lauréat 2018 du Prix Nobel de Chimie, a appelé au boycott d’Israël, lors de sa conférence jeudi matin au 14ème Symposium de Hancock

Le lauréat du prix Nobel de chimie 2018 a appelé au boycott d’Israël lors de sa conférence jeudi matin au 14ème Symposium de Hancock.

George P. Smith s’est adressé au public de Westminster College sur un sujet sur lequel il se considère lui-même comme un « amateur ». Smith étudie depuis 15 ans la lutte palestinienne pour l’égalité des droits de ceux qui vivent en Israël et l’exode palestinien de 1947-49, également connu sous le nom de Nakba.

« Une catastrophe s’est produite en Palestine. Plus de la moitié du peuple indigène arabo-palestinien a été chassée de la partie de la Palestine qui allait devenir Israël » a dit Smith.

Durant la Nakba, des pillages de masse se sont produits dans diverses villes comme Lydda et Ramle, a dit Smith. Plus de 50 000 Palestiniens ont été déplacés de ces deux villes[1]. Smith a expliqué que la Cisjordanie et la bande de Gaza étaient les seules zones ayant résisté au dépeuplement.

« Toute activité humaine est compliquée, mais est-ce si compliqué que nous ne puissions être consternés par ce crime contre l’humanité ? Je ne le pense pas », a dit Smith.

Le contexte

Smith a donné des éléments sur le fond concernant les Palestiniens et les Juifs au 20ème siècle, afin de situer le contexte du problème. Cela incluait la renaissance juive du début du 20ème siècle aussi bien que la révolte palestinienne qui se produisit alors que la Palestine était encore sous le mandat britannique.

Son exposé s’est centré sur les murs physiques qui séparent les Israéliens des Palestiniens et sur les raisons pour lesquelles ces murs devraient tomber.

Le premier mur en Israël auquel Smith a fait allusion est la barrière à la frontière avec Gaza qui sépare la bande de Gaza d’Israël.

« La barrière de la frontière de Gaza me rappelle un mur de prison et je pense que c’est tout à fait approprié » a dit Smith.

Smith a dit que la bande de Gaza est sous blocus militaire depuis 70 ans et qu’Israël a empêché les gens vivant dans la bande d’avoir accès au monde extérieur. Quelques exemples qu’il a donnés sont la destruction par Israël de l’aéroport de la bande de Gaza comme l’empêchement de la construction d’un port maritime.

« Sara Roy, qui est une économiste de Harvard, et qui se trouve être juive également, a fait une étude de l’économie de la bande de Gaza » a dit Smith. « Elle a inventé un nouveau terme pour la politique économique d’Israël envers la bande de Gaza et elle l’appelle « un dé développement délibéré ou intentionnel ». C’est un très bon terme pour ce qui est arrivé à l’économie de la bande de Gaza ».

Smith a aussi cité l’opération israélienne Barrière Protective de 2014 dans laquelle les Israéliens ont lancé une opération militaire contre la bande de Gaza à la suite de l’enlèvement et du meurtre de trois jeunes Israéliens par des membres du Hamas de Gaza. Le conflit qui a suivi, au cours duquel le Hamas a lancé des roquettes sur Israël et où Israël a mené des frappes aériennes sur Gaza, s’est soldé par la mort de plus de 2 000 Gazaouis et de 73 Israéliens, a dit Smith. Il a souligné le fait que la plupart des Gazaouis tués dans ce conflit étaient des civils.

« Les Israéliens ont tué 550 enfants de Gaza et les Gazaouis ont seulement tué un enfant israélien avec leurs roquettes » a-t-il dit.

L’autre mur dont il a été question dans sa conférence était la barrière de séparation de Cisjordanie qui sépare la Cisjordanie d’Israël. Il a dit que derrière ce mur, 60% des villages palestiniens ne sont pas reconnus par les Israéliens et sont souvent détruits sous le régime de la loi martiale.

« La démolition de maisons est un outil de premier plan que les Israéliens utilisent pour chasser les Palestiniens dans ce qu’il reste d’enclaves disjointes (en Cisjordanie) » a dit Smith.

Des solutions

Smith a été critique vis-à-vis de l’aide des États Unis à Israël tout au long du siècle dernier. il a dit que les USA ont opposé leur veto à chaque résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies qui aurait pu avoir un effet sur le comportement des Israéliens.

Il a suggéré que la seule façon de réaliser l’unité serait que les USA coupent leur aide militaire et de boycotter toutes « les corporations complices d’Israël ». Il soutient le mouvement palestinien BDS qui se positionne pour « le boycott, le désinvestissement et les sanctions ».

« Notre gouvernement devrait couper toute aide militaire à Israël jusqu’à ce qu’il réponde aux trois demandes fondamentales du droit international. Tout d’abord, mettre fin à leurs 52 années d’occupation militaire de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Ensuite, garantir la pleine égalité et la citoyenneté aux Palestiniens et respecter le droit au retour (dans leur patrie) » a souligné Smith.

Il a été demandé à Smith par un membre de l’assistance si une solution en deux parties ou un État démocratique serait la meilleure façon de résoudre les problèmes de la région. Smith a dit qu’il ne croit pas qu’une solution en deux parties permettrait d’obtenir la paix dans la région parce qu’elle réfuterait « le statut de seconde classe, le statut Jim Crow du peuple palestinien et son exil ».

« Je pense vraiment qu’une démocratie sur l’ensemble du pays est la seule (solution) logique et je pense finalement que c’est ce qui va se produire » a dit Smith.

Cet article a été publié à 10:35 le 25 septembre 2019, pour clarifier la déclaration de Smith sur le déplacement des Palestiniens durant la Nakba.