Les présidents des universités israéliennes disent qu’ils n’interviendront pas dans la discrimination contre les écoles palestiniennes

Le Comité dit que le refus d’accorder des visas aux professeurs invités n’est pas de sa compétence. Des centaines d’universitaires demandent aux plus hauts responsables d’apparier les lignes directrices des institutions de Cisjordanie avec celles des institutions israéliennes.

Le Comité des Présidents d’Université d’Israël a déclaré que la discrimination contre les universités palestiniennes à propos de l’attribution de visas aux professeurs invités est une question politique et qu’il n’y interviendront donc pas. Cette annonce a été faite pour répondre à un appel lancé par 33 professeurs de l’université de Haïfa au Professeur Ron Rubin, recteur de l’université et président du Comité.

Ces professeurs ont demandé à Rubin de prendre en compte le tort infligé par Israël à l’enseignement supérieur en Cisjordanie à cause de la façon dont Israël traite les visas pour les professeurs invités, qui ne sont généralement pas accordés du tout, ou après de longs délais, ou pas renouvelés.

« En tant que professeurs concernés par la liberté académique pour nous mêmes et pour nos invités, nous nous sentons obligés de veiller à ce que la liberté académique de nos collègues soit maintenue », dit leur lettre, qui a été envoyée le 18 juillet, après qu’un rapport sur le sujet ait été publié dans Haaretz une semaine plus tôt. « Comme il est dit dans ce récit », disent les professeurs dans leur lettre au président du comité, « un changement clairement négatif a été initié il y a trois ans dans le processus d’attribution des visas et des permis de résidence temporaire aux universitaires invités dans les enclaves palestiniennes, même si ces invités avaient répondu aux exigences d’habilitation de sécurité… Il apparaît que la politique en direction des professeurs invités est discriminatoire comparée à la politique propre aux universités israéliennes, et que cette politique a pour objet de perturber le fonctionnement d’une activité académique normale et autonome ».

D’après les signataires de la lettre, qui sont membres du Forum de la Gauche à l’université de Haïfa, « les présidents des universités israéliennes doivent absolument étudier les recommandations faites dans Haaretz et exiger que le gouvernement protège la liberté académique, ainsi que l’activité et le développement continus des institutions d’enseignement supérieur en Cisjordanie. Ils devraient exiger un processus égalitaire dans l’attribution des permis de travail et de résidence temporaire aux invités qui viennent en Israël ou dans les territoires ».

Cependant, d’après Dvora Margolis, directrice administrative du Comité des Présidents d’Université, « cette question fait partie des décisions politiques dont le comité ne peut et ne souhaite pas traiter ». Elle a expliqué que le comité est une organisation bénévole composée des présidents des universités de recherche en Israël. Une politique méticuleusement observée fait que les activités ne seront directement liées qu’à ce mandat.

Margolis a écrit que « la question des restrictions à l’entrée d’universitaires en Israël, fondées sur leur profil personnel ou sur le fait qu’ils soutiennent le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions, est en constante discussion entre le comité et le ministère des Affaires Stratégiques. Le comité pense que l’entrée d’étudiants ou de professeurs qui viennent en Israël dans un but académique clairement identifié ne devrait pas être restreinte.Cette position a été maintes fois présentée, clairement et sans équivoque, à toutes les agences qui traitent de ce sujet dans les départements compétents du gouvernement. »

Haaretz a demandé au comité si on pouvait en conclure qu’il pensait que l’instruction et les études dans les universités palestiniennes étaient une question politique, empêchant ainsi le comité d’intervenir dans les considérations des autorités israéliennes qui essaient de perturber ou d’empêcher ces activités. Le porte-parole du comité a répété les déclarations faites par Margolis.

A la suite de ce récit dans Haaretz, cent professeurs, actuels et anciens membres de l’Université Hébraïque, et trente conférenciers de l’Université Ben Gurion ont signé une lettre appelant leurs collègues et les universités à prendre une position publique contre le tort infligé à l’enseignement supérieur en Cisjordanie. La lettre fait également référence au fait qu’aucun visa n’est attribué aux étudiants étrangers qui souhaitent étudier en Cisjordanie, si bien que les gens sont découragés d’en faire la demande ou s’arrangent avec des visas touristiques qui expirent avant la fin de l’année universitaire.

L’Académie pour l’Egalité, association constituée de 500 universitaires en Israël, s’est tournée vers l’avocat général ainsi que vers le coordonnateur des activités dans les territoires, l’avocat général des armées et le ministre de l’Intérieur, demandant la péréquation des procédures d’attribution des visas pour les professeurs qui viennent en Cisjordanie avec celles qui sont appliquées en Israël.

Conjointement, 360 professeurs, principalement de l’étranger, ont signé une pétition similaire adressée aux quatre mêmes personnes. Une réponse du coordonnateur des activités à la lettre des professeurs membres de l’université de Haïfa, envoyée également aux pétitionnaires, a dit que « un travail d’équipe est actuellement en cours pour préparer une procédure qui fixera les règles d’entrée des différentes populations dans la région, y compris les étudiants ». Une réponse du même genre a été faite ces trois dernières années aux avocats qui représentent des étrangers, y compris les épouses de Palestiniens qui vivent en Cisjordanie et qui rencontrent des difficultés pour obtenir des permis de résidence temporaire.