Des universitaires et des artistes israéliens mettent en garde contre une mise en équation de l’antisionisme et de l’antisémitisme

Leur lettre ouverte en amont d’une conférence à Vienne déconseille d’accorder l’immunité à Israël pour ‘violations graves et étendues des droits de l’Homme et du droit international’

Une lettre ouverte de 34 éminents Israéliens, dont des chercheurs en histoire juive et des lauréats du Prix Israël, a été publiée mardi dans les média autrichiens appelant à faire une différence entre critique légitime d’Israël, « aussi dure puisse-t-elle être », et antisémitisme.

Cette lettre a été émise avant un rassemblement international à Vienne sur antisémitisme et antisionisme en Europe.

L’ événement de cette semaine, « L’Europe par delà l’antisémitisme et l’antisionisme », se tient sous les auspices du Chancelier autrichien Sebastian Kurz. Son homologue israélien, Benjamin Netanyahu, devait y prendre part, mais est resté en Israël pour s’occuper de la crise dans sa coalition gouvernementale.

« Nous adoptons et soutenons totalement le combat intransigeant [de l’Union Européenne] contre l’antisémitisme. La montée de l’antisémitisme nous inquiète. Comme nous l’a enseigné l’histoire, elle a souvent été l’annonce de désastres ultérieurs pour toute l’humanité », déclare la lettre.

« Cependant, l’UE défend les droits de l’Homme et doit les protéger avec autant de force qu’elle combat l’antisémitisme. Il ne faudrait pas instrumentaliser ce combat contre l’antisémitisme pour réprimer la critique légitime de l’occupation par Israël et ses graves violations des droits fondamentaux des Palestiniens. »

Les signataires accusent Netanyahu de suggérer qu’il y a équivalence entre la critique anti-israélienne et l’antisémitisme. La déclaration officielle de la conférence fait également remarquer que l’antisémitisme s’exprime souvent à travers une critique disproportionnée d’Israël, mais la lettre met en garde sur le fait que ce genre d’approche pourrait « accorder à Israël l’immunité contre la critique pour violations graves et étendues des droits de l’Homme et du droit international. »

Les signataires élèvent une objection contre la prétendue « identification » dans la déclaration entre antisionisme et antisémitisme. « Le Sionisme, comme tout autre mouvement juif moderne au 20ème siècle, s’est vu contrer par de nombreux Juifs, ainsi que par des non-juifs qui n’étaient pas antisémites », ont-ils écrit. « Beaucoup de victimes de l’Holocauste se sont opposées au Sionisme. D’autre part, beaucoup d’antisémites ont soutenu le Sionisme. Il est absurde et impropre d’identifier antisionisme et antisémitisme. »

Parmi les signataires, on trouve Moshe Zimmerman, professeur émérite à l’Université Hébraïque et ancien directeur du Centre Koebner de l’université pour l’Histoire Germanique ; Zeev Sternhell, professeur émérite en sciences politiques à l’Université Hébraïque et actuellement chroniqueur à Haaretz ; Le sculpteur Dani Karavan ; Miki Kratsman, ancien président de l’Académie Bezalel des Beaux Arts et du Design ; Jose Brunner, professeur émérite à l’Université de Tel Aviv et ancien directeur de l’Institut Minerva pour l’Histoire Germanique ; Alon Confino, professeur d’études sur l’Holocauste à l’Université du Massachusetts à Amherst ; et David Tartakover, concepteur graphique.