Des pays de l’UE déposent une protestation contre la démolition prochaine d’un village bédouin par Israël

Des diplomates de douze pays sont venus à Khan al-Ahmar après des accrochages entre les résidents et la police. Les diplomates ont été empêchés de voir l’école du village après qu’Israël ait déclaré ce terrain ‘zone militaire fermée’.

Le Royaume Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne ont présenté une protestation officielle d’urgence contre le projet des autorités israéliennes de démolir le village bédouin de Khan al-Ahmar.

Des diplomates de France, du Royaume Uni, d’Italie, de Suède, de Belgique, de Norvège, de Finlande, du Danemark, de Suisse, d’Allemagne, d’Espagne et d’Irlande faisaient partie de la visite du village jeudi.

Les autorités israéliennes leur ont interdit de voir l’école symbolique, vieille de dix ans, construite avec des pneus, qui est dans une zone militaire fermée.

Mercredi, onze personnes ont été arrêtées après avoir jeté des pierres sur les forces de sécurité et, selon le Croissant Rouge, des dizaines de Palestiniens ont été blessés dans les manifestations contre la démolition.

En mai, la Cour Suprême israélienne a autorisé la démolition de tout le village au prétexte que les maisons avaient été construites sans permis.

L’Administration Civile a fermé au grand public le terrain qui entoure Khan al-Ahmar jusqu’à fin juillet. Les autorités israéliennes projettent de construire une route jusque là pour faciliter l’expulsion.

Une source de la défense israélienne a dit que l’évacuation n’était pas prévue pour aujourd’hui, faisant écho à d’autres responsables de la défense qui ont dit que la démolition aurait lieu dans quelques jours ou quelques semaines, une fois que la construction de la route serait terminée.

Les autorités prévoient de déplacer les résidents à Al Jabel, village proche de la décharge publique d’Abu Dis que l’Etat a attribué pour l’installation permanente des villageois.

L’Union Européenne a dit jeudi dans un communiqué que les démolitions, « ainsi que les projets de construction de nouvelles colonies pour les Israéliens dans la même zone, aggravent les menaces sur la viabilité de la solution à deux Etats et sapent encore plus les perspectives vers une paix durable ».

Le communiqué a dit par ailleurs que l’UE « attend des autorités israéliennes qu’elles révoquent ces décisions et remplissent entièrement leurs obligations en tant que puissance occupante conformément au Droit Humanitaire International ».

Le président de la Knesset, Yuli Edelstein, a dit en réponse à la protestation de l’UE : « Quand la Cour Suprême ordonne la démolition d’une communauté juive en Judée et Samarie, ils se réjouissent. Mais détruire un village bédouin ? Dieu nous garde. Quelle hypocrisie. »

La Grande Bretagne a réitéré ses craintes devant le gouvernement israélien concernant les démolitions prévues, fait qu’Alistair Burt a mentionné en réponse à une question au parlement du député travailliste Richard Burden.

« Ce matin, des responsables de notre ambassade à Tel Aviv et de notre consulat général à Jérusalem sont allés à Khan al-Ahmar pour exprimer nos inquiétudes et manifester le soutien de la communauté internationale à cette communauté », a ajouté Burt. « Conformément à notre très ancienne politique, nous condamnons donc cette mesure, qui porterait un coup très grave aux projets pour une solution à deux Etats avec Jérusalem comme capitale partagée. »

Il a révélé que l’ambassadeur britannique avait protesté lundi auprès du Conseiller israélien à la Sécurité Nationale Meir Ben Shabbat. « Ceci ne devrait pas se faire et n’a pas besoin de se faire », a ajouté Burt.

D’autres députés ont rejoint la discussion. Alors que certains s’exprimaient en tant qu’amis d’Israël inquiets du manque de progrès dans le processus de paix avec les Palestiniens, d’autres demandaient à la Grande Bretagne de reconnaître immédiatement et unilatéralement un Etat palestinien, en réaction à l’évacuation de Khan al-Ahmar et à ce qu’ils ont appelé le refus du Premier ministre Benjamin Netanyahu de rester fidèle au droit international.

En début de semaine, des responsables de l’Administration Civile, accompagnés de policiers, ont pris des mesures à Khan al-Ahmar et on dit qu’ils ont compté les troupeaux de moutons comme faisant partie de leur stricte inspection.

Le village abrite plusieurs dizaines de familles de Bédouins du clan des Jahalin, qui y ont déménagé après leur expulsion du Negev dans les années 1950. Ils ont alors construit leurs maisons à Khan al-Ahmar sur une terre propriété de l’État. Bien que, en théorie, leurs maisons pouvaient être légalisées rétroactivement, l’État a refusé de suivre cette route et leur a fait une autre proposition de logements dans le village voisin d’Al Jabel.