Déclaration en soutien des 831 universitaires et administratifs des universités de Gaza mis de force en retraite anticipée

L’AURDIP s’associe à USACBI pour exprimer sa solidarité aux 831 universitaires et membres du personnel administratif des universités de Gaza mis de force en retraite anticipée. Elle condamne fermement les mesures récentes prises par l’Autorité palestinienne qui a imposé cette retraite anticipée sur nos collègues de Gaza.

L’USACBI est une organisation d’universitaires et de travailleurs culturels qui, depuis l’invasion israélienne de Gaza en 2008-9, s’est engagée à s’opposer à l’apartheid israélien et à garantir les droits les droits académiques des Palestiniens de même que tous les droits stipulés dans le droit international et dans les normes relatives aux droits de l’homme. L’USACBI, par conséquent, condamne avec force les récentes mesures prises par l’Autorité palestinienne qui mettent à la retraite forcée tout le personnel académique des universités à Gaza, avec aussi peu que 15 % de leur salaire, tout en attendant d’eux qu’ils poursuivent leurs enseignements et leurs recherches. Cette mesure, qui constitue une punition collective à l’encontre de ces universitaires et d’autres agents de la fonction publique à Gaza, n’est pas seulement une violation grave de la Loi fondamentale palestinienne, de la Loi relative à la fonction publique, et du Droit international du travail, elle constitue aussi une violation de traités internationaux, tel que le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (ICESCR) dont l’Autorité palestinienne est signataire.

S’inscrivant dans une série de mesures qui infligent des sanctions à des agents de la fonction publique gazaouis qui comptent sur le paiement de leurs salaires par l’Autorité palestinienne, cette agression contre les universitaires a clairement été entreprise pour exercer une pression politique, et dans le contexte d’une collaboration continue avec le gouvernement d’Israël. Mais elle touche indistinctement tous les universitaires, et elle constitue une violation de la liberté académique et de la liberté d’expression, sans distinction des affiliations politiques des universitaires. En outre, elle crée des conditions intolérables pour les étudiants qui, à cause du blocus permanent d’Israël, n’ont aucune autre alternative que d’étudier à Gaza.

Étant donné notre engagement de longue date en faveur de la réalisation des droits fondamentaux des Palestiniens où qu’ils se trouvent – dans les territoires de 1948, dans la diaspora, dans les Territoires occupés et à Gaza -, nous demandons instamment à l’Autorité palestinienne d’annuler cette mesure qui tourne en dérision les efforts internationaux de solidarité avec la lutte des Palestiniens pour la libération et la justice. En tant qu’universitaires et travailleurs culturels aux États-Unis, nous rejetons également fermement toute pression qui pourrait être exercée par le gouvernement des États-Unis pour couper les financements et les salaires des universitaires palestiniens et des autres secteurs à Gaza.

Nous reconnaissons aussi que la condition qui permet l’adoption de cette mesure punitive, comme lors des récentes coupures dans la fourniture de l’électricité pour Gaza, est le blocus continu d’Israël et son occupation militaire et sa colonisation de la Cisjordanie, qui comptent sur les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne pour maintenir l’ordre et réprimer la population palestinienne. Tant l’occupation que le blocus constituent des violations du droit international et des droits de l’homme, et un déni des droits des Palestiniens à l’auto-détermination, à la justice et à la démocratie.

Sans la fin du blocus et de l’occupation, et sans la réalisation de tous les droits des Palestiniens reconnus internationalement, ni la liberté, ni la justice, ne peuvent être atteintes. Tout en condamnant cette dernière action de l’Autorité palestinienne, l’USACBI confirme, solennellement, son engagement à œuvrer pour la réalisation de ces droits à travers le boycott des institutions académiques et culturelles israéliennes, comme demandé par la société civile palestinienne.

Nous demandons instamment aux universitaires et aux travailleurs culturels, partout dans le monde, de nous rejoindre en signant cette pétition contre la mise à la retraite arbitrairement mandatée et contre les coupes de salaires imposées aux enseignants universitaires de Gaza.