Le directeur artistique quitte le Festival du théâtre alternatif (Fringe Theater Festival) d’Acre après la disqualification par son comité directeur de la pièce « Prisonniers de l’occupation ».
Le directeur artistique du Festival du théâtre alternatif d’Acre a démissionné dimanche parce qu’une pièce sur les prisonniers palestiniens était rejetée par le comité directeur de l’évènement.
Avi Gibson Bar El a informé la municipalité d’Acre qu’il démissionnait au motif que la pièce « Prisonniers de l’occupation », d’Einat Weitzman, était bloquée par le comité. Gibson a publié une courte déclaration sur sa démission à l’attention des artistes du Festival. Par la suite, Yosef Abu-Varda, membre du comité artistique du Festival, a lui aussi démissionné.
Puis ce sont six des huit ensembles qui devaient participer au Festival qui ont menacé d’abandonner si la pièce de Weitzman n’était pas rétablie dans le programme, on ne sait pas exactement quelle forme – le cas échéant – le Festival, prévu pour les journées intermédiaires de Sukkot, va prendre cette année. Plusieurs artistes de la production se sont rencontrés durant le week-end pour décider de la façon de procéder, et l’un d’eux a dit à Haaretz qu’ils prévoyaient de monter leurs pièces en dehors du Festival d’Acre.
« Cette année, Acre aura le Festival Miri Regev », dit l’artiste, se référant à la ministre de la Culture qui dénonce et menace le financement des œuvres qu’elle considère comme antipatriotique. « Le Festival du théâtre alternatif se tiendra dans une (autre) ville qui comprend la liberté d’expression ».
Des producteurs et acteurs israéliens condamnent le coup « choquant » par Acre
L’exclusion par le comité directeur de « Prisonniers de l’occupation », pièce qui porte sur des lettres et des histoires de prisonniers palestiniens, a mis en colère certaines organisations d’artistes. L’Association des producteurs de théâtre indépendants et le Syndicat des acteurs israéliens ont soutenu Gibson et le retrait de plusieurs artistes du Festival, et ils ont condamné la municipalité d’Acre qu’ils ont qualifiée de « choquante et antidémocratique ».
« Durant toutes les années de son existence, le Festival a préservé la liberté d’expression et il est devenu un symbole de coexistence et de coopération », écrivent les deux organisations dans une déclaration commune. « L’an dernier, le public faisait l’éloge de Gibson, de même que les critiques, les résidents d’Acre, et la municipalité, pour la qualité du Festival ».
Elles déclarent qu’il était crucial que le comité directeur et le comité des artistes fonctionnent séparément. « À partir du moment où ce sont le comité directeur et la municipalité qui choisissent le directeur artistique, ils doivent le soutenir, même si le contenu artistique n’est pas conforme à leurs opinions personnelles, si légitimes soient-elles. (La décision) a secoué le Festival tout entier et elle remet même son existence en question ».
Le dramaturge et réalisateur Yehoshua Sobol, qui pensait que sa pièce « Shukulim » serait mise en scène au Festival, a déclaré à Haaretz que le comité directeur avait disqualifié la pièce de Weitzman « sans avoir vu son pilote ni avoir lu son texte, puisque le texte était encore en cours de formulation. Elle a soumis une idée et un pilote, mais la disqualification s’est basée sur le nom de l’œuvre, ‘Prisonniers de l’occupation’, et sur le nom de son auteur, lequel avait monté l’an dernier, ‘Palestine – Année zéro’. Les politocrates ont décidé que le sujet avait été suffisamment traité comme cela, et c’est là la pire sorte de censure ».
En réponse, la direction du Festival d’Acre a qualifié la démission de Gibson d’ « irresponsable et de preuve de son incompréhension de son rôle et d’un manque scandaleux de professionnalisme ».
Et d’ajouter : « La décision de Gibson que, année après année, le sujet principal serait des terroristes qui ont du sang sur leurs mains est la preuve d’une fixation et d’une incapacité à se diversifier ».