Des étudiants exhortent à la fin des échanges policiers entre les USA et Israël

L’association des étudiants de l’université d’État de Californie à Long Beach a voté une résolution plus tôt ce mois-ci pour demander à l’administration de retirer ses investissements des entreprises qui….

L’association des étudiants de l’université d’État de Californie à Long Beach a voté une résolution plus tôt ce mois-ci pour demander à l’administration de retirer ses investissements des entreprises qui tirent profit des violations des droits des Palestiniens par Israël.

Le vote est intervenu malgré les fortes pressions exercées par la présidente de l’université sur le conseil des étudiants pour qu’il rejette la résolution.

Entre-temps, des étudiants du Wisconsin ont eux aussi voté une résolution pour s’ériger contre les industries d’armement et de maintien de l’ordre basées aux Etats Unis qui tirent profit des violations des droits de l’Homme par Israël.

Dans les semaines qui ont précédé le vote positif à Long Beach Etat de Californie, Jane Conoley, présidente de l’université, a repris les revendications du lobby israélien qui dit qu’il faut condamner le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) conduit par les Palestiniens parce qu’il fait progresser l’antisémitisme.

Dans une lettre adressée fin avril au Conseil des étudiants, Conoley a prétendu que le vote de résolutions de désinvestissement a souvent été accompagné d’une augmentation des graffitis anti-juifs.

Sa lettre reprend le mensonge habituel du trope antisémite utilisé parles organisations du lobby israélien pour étouffer le débat : que les Juifs – monolithe confondu avec l’État d’Israël – font l’objet d’une surveillance particulière par les militants qui défendent les droits des Palestiniens.

« Pourquoi seuls les Juifs sont-ils condamnés ? Cela vaut la peine d’y réfléchir, je pense, lorsqu’on met à part un seul groupe de personnes pour le sanctionner », a remarqué Conoley, ajoutant que BDS « n’a aucun impact réel sur les conflits très complexes et très anciens du Moyen Orient ».

Allégations fallacieuses

Le mouvement, dirigé par le Comité National palestinien BDS (BNC), a pour but de rendre responsables les institutions et les entreprises complices du déni des droits des Palestiniens par l’Etat d’Israël. Le BNC condamne explicitement toute forme de racisme et de sectarisme, dont l’islamophobie et l’antisémitisme.

« Les accusations fallacieuses émises par la présidente de l’université de l’État de Californie sortent tout droit de la stratégie de répression d’Israël », a fait remarquer l’avocate de la Palestine Liz Jackson dans un communiqué de presse.

Palestine Legal et California Scholars for Academic Freedom (les Universitaires de Californie pour la Liberté Académique) mettent en garde Conoley sur le fait que ce genre de déclaration sans fondement attise la répression de l’expression sur les campus.

« Votre affirmation comme quoi le désinvestissement accroît la haine contre les Juifs est infondée et dangereuse », a déclaré l’avocate de la Palestine. « Vous n’offrez pas une seule citation ou autre preuve pour étayer votre affirmation, tout en déclarant vous être engagée dans une étude poussée du mouvement BDS. »

Menaces contre les Musulmans

A contrario, Conoley n’a tenu aucun compte des récentes menaces contre les étudiants musulmans sur le campus », a remarqué l’avocate de la Palestine.

Début avril, « on a découvert sur le campus un graffiti menaçant ‘Nous allons tuer tous les musulmans vendredi’ », a déclaré l’avocate de la Palestine, mais les administrateurs n’en ont rien dit et n’ont pas alerté la communauté.
« La menace de mort était spécialement inquiétante, étant donné que la communauté musulmane du campus se réunit pour la prière tous les vendredis dans un lieu public », a dit l’avocate de la Palestine.

En tant que présidente par intérim de l’université de Californie à Riverside en 2013, Conoley a rassuré les supporters d’Israël comme quoi une motion de désinvestissement récemment votée par les étudiants n’aurait aucun effet sur le soutien constant des USA à Israël.

Les défenseurs des droits de l’Homme, dont le Secours Quaker Américain, Voix Juive pour la Paix et les Étudiants pour la Justice en Palestine de l’université voisine de Los Angeles (UCLA) ont écrit des lettres de soutien au Conseil des étudiants, les exhortant à ne pas plier sous les pressions de Conoley.

L’Université de l’État de Californie à Long Beach est la deuxième université du système public à voter une résolution, après le vote positif de San Jose en 2015.

Par ailleurs, le 10 mai en Californie du Sud, les étudiants de l’université de Californie à Santa Barbara n’ont pas réussi à faire passer leur résolution de désinvestissement.

Les étudiants ont essayé de faire passer une résolution sur ce campus au cours des quelques dernières années et ils disent qu’ils continueront à se battre pour le désinvestissement.

Huit des neuf campus estudiantins des institutions de l’Université de Californie ont déjà voté des résolutions de désinvestissement, y compris la UC Merced qui a voté une résolution en avril 2016.

Les étudiants résistent aux échanges policiers américano-israéliens

Cependant, le Conseil des étudiants de premier cycle de l’université du Wisconsin-Madison a voté à l’unanimité le mois dernier une résolution largement fondée qui appelle l’université à abandonner ses liens avec les sociétés qui tirent profit des incarcérations massives, du vol des terres indigènes, de la violence policière, du mur à la frontière américano-mexicaine, des injustices économiques contre les populations de couleur et des atteintes par Israël aux droits de l’Homme en Palestine.

Une version précédente de la résolution avait rencontré une opposition, selon Omer Arain d’Etudiants pour la Justice en Palestine et membre du Conseil des étudiants.

Arain a dit à The Electronic Intifada que l’année dernière, les militants ont travaillé dur pour identifier les luttes collectives de libération dans lesquelles des étudiants étaient impliqués.

Des officiers de police du Comté Dane de Madison, a dit Arain, ont participé à des entraînements organisés par l’Institut Juif pour les Affaires de Sécurité Nationale (JINSA), groupe de réflexion néoconservateur qui prétend avoir organisé des sessions d’entraînement israéliennes pour des milliers de fonctionnaires du maintien de l’ordre depuis 2004.

La résolution déclare que des échanges policiers américano-israéliens « ont activement contribué à la militarisation des forces de police » et aux « exécutions extrajudiciaires des Noirs et des Bruns ».

L’année dernière, le Comté de Dane a envoyé des députés à Standing Rock dans le Dakota du Nord pour réprimer les manifestations des communautés indigènes contre le projet d’un pipeline pétrolier.

« Je suis vraiment fier que [la résolution] mette en relief les recoupements de toutes ces luttes », a dit Arain.

En réponse à l’approbation de la résolution, les administrateurs ont insisté pour dire que l’université n’était pas du tout associée au Conseil des étudiants et ne soutenait pas « le concept du BDS et des boycotts académiques », prétendant qu’ils marginalisaient les étudiants juifs.

« Cette université ne s’intéresse pas à ce que disent les étudiants de couleur : ils n’auront même pas une conversation pour évoquer tranquillement ce que réclamait le conseil des étudiants, unanimement », a dit Arain.

La résolution suit l’exemple des professeurs assistants diplômés syndiqués de l’université du Wisconsin-Madison qui ont voté il y a un an le soutien à BDS.