Perpétuant la tendance post-7-octobre, l’université de Tel Aviv durcit la restriction des manifestations

Des étudiants affirment que les règlements attaquent la liberté d’expression, tandis que l’université dit appliquer simplement des règles préexistantes qui exigent que les évènements soient autorisés par la police et limitent la participation aux personnes affiliées à l’université

L’université de Tel Aviv a imposé des limitations plus strictes des manifestations et autres activités publiques sur le campus. Selon l’université, un document publié la semaine dernière regroupe toutes les règles ayant existé jusqu’à présent et ne comporte aucune restriction nouvelle. Cependant, les gestionnaires de l’université considèrent ce document comme un élément d’une “nouvelle procédure”, selon des informations obtenues par Haaretz.

De nombreux étudiants et enseignants disent que les limitations ont été accrues et reflètent une tendance d’atteintes à la liberté d’expression sur le campus qui se poursuit depuis le 7 octobre.

Certaines règles figurant dans le document publié la semaine dernière n’apparaissent ni dans les documents antérieurs ni dans le règlement de l’université. Entre autres, les étudiants doivent recevoir une autorisation de la police pour les activités culturelles sur le campus. Le document dispose que la police examinera ces activités en fonction des articles de la loi anti-terrorisme d’Israël, qui interdit l’identification avec une organisation terroriste, l’incitation au terrorisme et l’incitation à la violence et au racisme.

Pour les étudiants qui ont participé dans le passé à des activités effectuées sans autorisation, il sera peut-être difficile aujourd’hui de bénéficier d’une autorisation. De plus, les évènements se déroulant sur le campus seront limités à 300 participants, et seuls les étudiants, les enseignants et les employés de l’université seront autorisés à y participer. L’université a interdit la vente de billets pour des évènements publics ou culturels et toute publicité les concernant avant qu’une permission officielle soit reçue.

Le document dispose également que seul le syndicat étudiant aura la possibilité de dresser des stands sur le campus et qu’il n’est pas permis de distribuer des matériaux écrits, pour des raisons “écologiques”. Cependant, des étudiants et enseignants se sont interrogés sur l’argument écologique, car cette interdiction a été annoncée dès l’an dernier, après que le groupe étudiant du parti Balad a distribué des tracts utilisant le mot “génocide”. L’université a maintenant ajouté une nouvelle règle qui interdit aussi de distribuer des stickers sur le campus.

Le document dispose que les manifestations ne seront autorisées que sur la place Entin, située près de l’entrée du campus mais à l’extérieur du portail. Certes, cette règle n’est pas nouvelle, mais les étudiants et enseignants disent qu’au cours des dernières années, elle n’a pas toujours été appliquée. “Quelquefois les agents de sécurité venaient nous faire des ennuis, et d’autres fois ils ne venaient pas” précise la docteure Anat Matar, ancienne maîtresse de conférences du département de philosophie. “Souvent, ils restaient sur le côté et nous laissaient manifester, et il était possible de tenir des rassemblements tranquilles sur la pelouse sans pratiquer d’interférence, sans rien montrer, sans défiler”, ajoute-t-elle.

Des manifestations ont eu lieu sur le campus au cours des cinq dernières années. Il y a peu de temps, une manifestation s’est tenue contre le licenciement de chargés de cours de la faculté de Sciences humaines et, pendant la guerre de Gaza, des enseignants ont organisé contre la guerre des rassemblements silencieux, si bien qu’il était difficile pour l’université de les empêcher. Selon certains étudiants, l’attitude à l’égard du corps enseignant n’est pas la même qu’à l’égard des étudiants, et l’université affirme souvent qu’elle manque du personnel nécessaire pour assurer la sécurité des manifestations.

Ce n’est pas la première fois que l’université a imposé des restrictions des manifestations au cours des deux dernières années. Trois jours après que la guerre à Gaza a éclaté, le professeur Eyal Zisser – le vice-recteur – a annoncé que les étudiants ne seraient pas autorisés à organiser des rassemblements sur le campus, sauf si l’évènement était lancé par l’université ou par le syndicat étudiant.

L’université de Tel Aviv assure que ces règles ont été mises en œuvre sur le campus depuis de nombreuses années et qu’elles n’ont “rien de nouveau. L’université respecte la liberté d’expression sur le campus. Chaque semaine, y compris au cours du présent semestre, une longue liste d’évènements émanant de groupes étudiants juifs ou arabes, de droite ou de gauche, a lieu – sans aucune discrimination. L’espace démocratique à l’université n’a jamais été suspendu, même pendant la période de guerre.”

Selon l’université, le document qui énumère les procédures de tenue des évènements a été écrit à la demande de différents groupes sur le campus qui souhaitaient compiler les diverses lignes directrices préexistantes en un document unique et organisé, pour qu’il soit plus facile à expliquer à ceux qui veulent tenir des évènements, et c’est ce qui a été fait. “Toute autre allégation s’écarte de la vérité, pour ne pas dire qu’elle est fausse”, est-il ajouté.

“Pendant plus d’une décennie, des manifestations ont eu lieu sur la place Entin. Cette directive est établie en coordination avec la ville et la police. Il est demandé aux organisateurs de l’évènement de respecter la loi et de recevoir une autorisation conformément aux conditions établies par la loi. Et la police veille au dispositif de sécurité. Même l’interdiction de distribuer des tracts sur le campus, et en pratique n’importe quel genre de papier, existe depuis une décennie, pour des raisons de propreté et liées à l’environnement”, a déclaré l’université.