Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez dit qu’Israël ‘extermine un peuple sans défense’

L’Espagne annonce une série de mesures destinées à accroître la pression sur Benjamin Netanyahou pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Le premier ministre d’Espagne, Pedro Sanchez, a intensifié ses critiques cinglantes des actions d’Israël  à Gaza, accusant le gouvernement de Benjamin Netanyahou d’« exterminer un peuple sans défense » en bombardant les hôpitaux » et « en faisant mourir de faim des garçons et des filles innocents ».

Prenant la parole lundi matin pour annoncer une série de mesures destinées à accroître la pression sur Netanyahou pour qu’il arrête la campagne militaire, Sanchez a dit que, alors que le gouvernement espagnol soutiendrait toujours le droit d’Israël à exister et à se défendre, il se sentait obligé d’essayer de « mettre fin à un massacre ».

« Protéger votre pays et votre société est une chose, mais bombarder des hôpitaux et faire mourir de faim des garçons et des filles innocents est tout à fait autre chose », a-t-il dit.

« Ce que le Premier ministre Netanyahou a présenté en octobre 2023 comme une opération militaire répondant aux horribles attaques terroristes est finalement devenu une nouvelle vague d’occupations illégales et une agression injustifiable contre la population civile palestinienne – agression que la rapporteure spéciale de l’ONU et la majorité des experts ont déjà décrit comme un génocide. »

Le premier ministre espagnol a souligné le nombre de morts, de blessés, de déplacés et de dénutris. « Ce n’est pas vous défendre ; ce n’est même pas attaquer », a-t-il dit. « C’est exterminer un peuple sans défense. C’est enfreindre toutes les règles du droit humanitaire. »

Les paroles et les actes de Sanchez ont ravivé une querelle diplomatique réciproque entre l’Espagne et Israël qui a atteint son point culminant avec la décision de Madrid de rappeler lundi après-midi son ambassadeur à Tel Aviv.

Le dirigeant socialiste espagnol a également utilisé une allocution télévisée pour s’en prendre une fois de plus à la communauté internationale, disant que les plus grandes puissances mondiales avaient fini par être « paralysées entre l’indifférence face à un conflit sans fin et la complicité avec le gouvernement du Premier ministre Netanyahou ». Ses commentaires sont sortis presque une semaine après qu’il ait dit au Guardian que la réponse à l’agression israélienne sur le territoire palestinien était « un fiasco ».

Parmi les mesures qu’il a annoncées « pour mettre fin au génocide à Gaza et en poursuivre les auteurs », il y avait une loi qui formalisait l’interdiction existant de facto sur les ventes ou les achats d’équipement militaire avec Israël, et un interdit sur l’utilisation des ports et des aéroports espagnols pour faire parvenir du carburant ou des armes à l’armée israélienne. Sanchez a dit par ailleurs que les personnes « directement impliquées dans le génocide » ne seraient pas autorisées en Espagne et a annoncé des augmentations de l’aide humanitaire de son pays à Gaza.

« Nous savons que toutes ces mesures ne suffiront pas pour mettre fin à l’invasion ou aux crimes de guerre », a-t-il dit. « Mais nous espérons qu’elles aideront à augmenter la pression sur le Premier ministre Netanyahou et son gouvernement, a apaiser un peu les souffrances de la population palestinienne, et à permettre au peuple espagnol de savoir que son pays a été du bon côté de l’histoire lorsqu’il s’est agi de l’un des épisodes les plus tristement célèbres du 21ème siècle. »

Le discours de Sanchez a entraîné une réponse immédiate et furieuse du gouvernement israélien, qui a accusé son administration de déployer « une rhétorique déchaînée et haineuse » et d’utiliser une « agression continuelle anti-israélienne et antisémite » pour détourner l’attention d’ « allégations de corruption ».

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar, a annoncé que deux hauts politiques espagnols de gauche – la ministre du Travail et vice-premier ministre, Yolanda Diaz, et la ministre de la Jeunesse, Sira Rego – seraient interdites d’entrer en Israël à cause de leur critique de la conduite d’Israël à Gaza.

Sa’ar a dit qu’il était clair que Diaz – fondatrice de l’alliance Sumar, partenaire mineur de la coalition gouvernementale de Sanchez menée par les socialistes – « exploitait la faiblesse politique du Premier ministre Sanchez et le poussait, pas à pas, à mettre en œuvre sa vision anti-israélienne et antisémite ».

Le ministère espagnol des Affaires étrangères a décrit les termes du gouvernement israélien comme étant « mensongers et calomnieux », a traité l’interdiction d’entrer en Israël de Diaz et Rojo d’« inacceptable » et a dit que le pays ne se laisserait pas « intimider dans sa défense de la paix, du droit international et des droits de l’Homme ». Il a également fait remarquer que l’Espagne avait accordé la citoyenneté à 72.000 descendants des Juifs qui avaient été expulsés d’Espagne en 1492, et avait immédiatement condamné « les horribles attaques » d’octobre 2023 » par le Hamas et avait appelé à la libération de tous ceux qui étaient encore retenus en otages.

Des sources du ministère des Affaires étrangères ont dit que l’ambassadeur d’Espagne a été rappelé « face aux accusations calomnieuses envers l’Espagne et aux mesures inacceptables contre deux membres du gouvernement de notre pays ».

Le gouvernement israélien a rappelé son ambassadeur à Madrid en novembre 2023 après que Sanchez ait dit qu’il avait « des doutes véritables » sur le fait de savoir si Israël se conformait au droit humanitaire international dans son offensive à Gaza.