41 pour cent des enfants palestiniens détenus le sont sans inculpation

Ramallah, le 2 septembre 2025 –

Un nombre record d’enfants palestiniens sont prisonniers en détention administrative, sans charge ni procès.

Au 30 juin, d’après les dernières données disponibles du Service Carcéral Israélien (SCI), 360 enfants palestiniens sont détenus dans les prisons israéliennes, chiffre le plus élevé depuis début 2016. 147 enfants, soit 41 pour cent de la totalité, sont prisonniers en détention administrative sans charge ni procès, ce qui est à la fois le chiffre le plus élevé et la proportion la plus élevée enregistrés depuis que Défense des Enfants International – Palestine a commencé à surveiller ces chiffres en 2008. Le SCI, qui publie généralement les données relatives aux détenus sur une base trimestrielle, avait plus de deux mois de retard dans sa livraison des données du deuxième trimestre 2025.

« Tous les mois depuis octobre 2023, les forces israéliennes ont rapidement étendu leur recours à la détention administrative pour cibler les enfants palestiniens », a dit Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilité à DFCI. « Ces enfants dépérissent dans les prisons israéliennes surpeuplées, nourris avec une alimentation avariée et battus quotidiennement par les gardes israéliens, tout en étant complètement isolés du monde extérieur, y compris de leurs familles et de leurs avocats. Il faut tous les libérer immédiatement. »

Le retard de publication des données du deuxième trimestre est un effort de plus de la part des autorités israéliennes pour occulter et limiter l’information sur les détenus palestiniens, dont les enfants. Depuis octobre 2023, les autorités israéliennes ont drastiquement restreint les visites des avocats dans les prisons et les visites des familles ont été complètement suspendues. DCIP a fait face à d’immenses défis pour documenter les violations des droits, la torture et les mauvais traitements subis par les enfants palestiniens prisonniers depuis octobre 2023.

Les données fournies par le SCI concernent les prisons qu’il gère, dont Megiddo et Ofer, où des enfants sont détenus et emprisonnés. Ces données n’incluent pas les enfants détenus dans les prisons militaires et les centres d’interrogatoire israéliens, tels que Huwwara, ou les bases militaires telles que Sde Teiman. Il n’existe pas de données disponibles sur le nombre d’enfants ou d’adultes détenus dans ces sites, même si DCIP a reçu de la part d’enfants préalablement détenus des témoignages de torture et de conditions déshumanisantes régulièrement mises en place dans ces lieux.

En septembre 2023, 15 pour cent de tous les enfants palestiniens détenus l’étaient en détention administrative, d’après les données du SCI gérées par DCIP.

Les avocats qui représentent les détenus palestiniens font désormais face à des obstacles croissants, dont l’annulation de visites programmées, de sévères limitations des heures de visite, des retards prolongés jusqu’à des mois et des interdictions de faire entrer même des matériaux élémentaires. Les avocats ont par ailleurs l’interdiction de faire passer de simples messages des familles et des enfants qui souhaitaient confier à leur avocat des messages pour leur famille ont été battus. Enfin, Israël a retiré depuis le 7 octobre 2023 au Comité International de la Croix Rouge son droit de visite aux prisonniers palestiniens détenus dans les lieux de détention israéliens.

Selon le droit international, dont l’Article 37(d) de la Convention sur les Droits de l’Enfant, tout enfant a le droit d’avoir un accès rapide à une assistance juridique et de contester la légalité de sa détention devant un tribunal. En plus, l’obstruction délibérée de ce droit par Israël, parallèlement à ses interdictions prolongées des visites des familles et son refus d’autoriser les représentants élus à surveiller les conditions de détention, viole les standards les plus basiques du droit humanitaire international et des droits de l’Homme. Il est clair qu’Israël n’a aucune intention de maintenir son système carcéral en accord avec le droit international. Au contraire, son traitement des prisonniers palestiniens équivaut à une punition collective, une imposition délibérée de conditions dégradantes, une restriction d’accès à la nourriture, aux médicaments et à la communication avec le monde extérieur.