L’université de la colonie d’Ariel use de mauvais prétextes pour inviter des universitaires étrangers

L’Université de la colonie d’Ariel en Cisjordanie est sur le point d’accueillir ce qui est présenté comme une conférence internationale sur la situation actuelle du peuple juif. Afin de permettre….

L’Université de la colonie d’Ariel en Cisjordanie est sur le point d’accueillir ce qui est présenté comme une conférence internationale sur la situation actuelle du peuple juif. Afin de permettre à des universitaires étrangers de prendre part à cet événement, l’université d’Ariel a eu recours à de mauvais prétextes, en prétendant être située en Israël– alors que l’administration de l’université sait bien qu’elle se trouve dans un Territoire Occupé qui n’est pas et n’a jamais été en Israël.

Voir le lien sur le programme de la conférence sur le site de l’université d’Ariel:

http://www.ariel.ac.il/sites/education/2016/

La semaine dernière, Gush Shalom a envoyé des courriers à des universitaires étrangers dont les noms figuraient sur le programme de la conférence – la plupart étant de Pologne et d’Ukraine, quelques uns d’Europe de l’Ouest, dans les termes suivants :

« À Mr, Mme le professeur… de l’université de …

Nous vous écrivons de Tel Aviv, au nom de Gush Shalom (le bloc de la paix israélien), au sujet de la conférence qui doit se tenir à l’Université d’Ariel du 27 au 30 novembre, sur le thème « l’existence juive moderne dans un monde de menaces et d’hostilité » dans laquelle votre nom figure parmi les conférenciers vedettes.

L’Université d’Ariel, comme tout autre institut dont le fondement déclaré est de promouvoir l’enseignement académique et la connaissance scientifique, se doit de respecter la véracité des faits dans ses publications. Pourtant, le programme de la conférence dans lequel figurent votre nom et votre projet de conférence comporte une erreur factuelle criante, au sens où le lieu de la conférence est indiqué comme « Ariel, Israël ».

Cette désignation est de toute évidence manifestement fausse. L’Université d’Ariel n’est pas située sur le territoire de l’État d’Israël. Elle se trouve dans une enclave qui est une colonie érigée dans le territoire conquis par Israël en 1967, qu’Israël gère sous régime militaire depuis cinquante ans et qu’Israël n’a jamais annexé. Aucun pays au monde ne reconnaît le territoire sur lequel est situé Ariel comme faisant partie d’Israël. Plus, même : l’État d’Israël lui-même ne reconnaît pas Ariel ni le territoire qui l’environne comme faisant partie d’Israël.

Le droit israélien comporte une procédure juridique très spéciale qui doit être adoptée pour appliquer la loi et la souveraineté israéliennes. Pour ce faire, le gouvernement d’Israël doit présenter un Décret d’Annexion à la Knesset (le Parlement), qui doit être approuvé par trois lectures ; alors et seulement alors, le territoire en question devient partie intégrante d’Israël, selon sa propre loi. Il est incontestable qu’aucun des gouvernements en place en Israël depuis 1967 n’a jugé bon de mettre en œuvre cette procédure concernant le territoire sur lequel est situé Ariel, auquel sont donnés divers noms tels que« Cisjordanie », « Judée et Samarie ». Ce territoire était et reste un territoire Occupé selon le droit international. À l’inverse, tous les gouvernements israéliens depuis 1967, dont l‘actuel sous Mr Netanyahou, ont constamment réitéré que dans certaines circonstances, ils pourraient renoncer à la gestion israélienne sur ce territoire. La désignation « Ariel, Israël » est une erreur factuelle, dont l’administration de l’université doit être bien consciente.

Il est important que vous sachiez qu’en participant à cette conférence vous ne prendriez pas seulement part à une activité académique, contribuant par votre savoir et votre expertise à un débat sur la situation et l’avenir du peuple juif. En participant à cette conférence vous prendriez en même temps une position politique. Que vous en soyez informé ou non, en participant à la conférence à l’université d’Ariel, sous l’intitulé fallacieux « Ariel, Israël », vous prendriez parti dans une controverse politique aiguë. De fait, vous prendriez parti sur la question la plus âprement débattue entre Israël et la communauté internationale, entre Israël et les Palestiniens. C’est aussi la question la plus vivement débattue entre les factions politiques et les partis au sein même de la société israélienne. Étant une personne attachée à la probité académique et à la précision, vous ne sauriez agir sans être complètement informé ».

D’ores et déjà, l’une des participants prévus, le Dr Edyta Gawron, professeure assistante à l’institut des études juives de l’Université Jagellonne de Cracovie en Pologne, a informé Gush Shalom qu’elle avait annulé sa participation et demandé à l’Université d’Ariel de retirer son nom du programme de la conférence.

« Il était très important pour nous de mener cette action » dit Adam Keller, le porte-parole de Gush Shalom. « Nous avons le plus grand respect pour les universitaires qui travaillent sur des sujets juifs dans les pays comme la Pologne et l’Ukraine. Ce ne sont pas seulement des chercheurs et des universitaires sérieux, de réputation internationale méritée. Ce sont aussi des personnes courageuses et probes, prêtes à mettre au jour indéfectiblement les pages sombres de l’histoire de leur propre pays. Un des participants prévus à la conférence d’Ariel a certes donné pour titre à la communication qu’il va prononcer « Contre le silence ! », étant sans doute non averti de la connotation chargée que les mots « Briser le silence » ont récemment acquis dans le discours politique israélien. Il est malheureux de voir la bonne volonté et le travail dévoué de telles personnes cyniquement exploité pour la promotion de l’entreprise de colonisation ».