Mohsen Mahdawi — l’étudiant de Columbia arrêté à son rendez-vous de citoyenneté — s’exprime

L’arrestation le 14 avril de l’étudiant de l’université Columbia Mohsen Mahdawi a été filmée en vidéo, le montrant en train de faire un signe de paix tout en étant emmené hors d’un bureau de l’immigration à Colchester, Vermont. Il a dit à NPR qu’il y était arrivé en pensant que son interview serait la dernière étape avant de devenir citoyen des États-Unis, le pays où il vit et étudie depuis 10 ans.

Note de la rédaction : Mercredi 30 avril, un juge fédéral du Vermont a ordonné la libération de Mohsen Mahdawi pendant que son cas est en cours.

Au lieu de cela, après avoir passé l’interview de naturalisation et signé un document jurant allégeance aux États-Unis et à la protection et à la défense de la Constitution, il a été arrêté par des agents masqués portant des vestes de la Sécurité intérieure.

Dans ce qui est le premier interview aux médias de l’un des étudiants détenus par le gouvernement Trump — tous risquant la déportation — Mahdawi a parlé à Leila Fadel dans l’établissement correctionnel d’État du Nord-Ouest [du Vermont], à St Albans, dans le Vermont, où il attendait une audition au tribunal mercredi, après sa requête arguant que les employés gouvernementaux violaient son droit à la libre expression selon le Premier Amendement [de la Constitution des États-Unis] et son droit à une procédure régulière.

Avant l’interview, il a dit qu’il avait médité pour retrouver son calme, comme il fait chaque jour.

« Je suis recentré intérieurement. Je suis en paix. Même si je sais au fond que c’est à un certain niveau d’injustice que je suis confronté, j’ai confiance. J’ai confiance que la justice prévaudra », a dit Mahdawi, qui a co-fondé l’Union étudiante palestinienne de Columbia et était président de l’Association bouddhiste de l’université.

Mahdawi, un résident permanent légal aux États-Unis qui a grandi dans un camp de réfugiés palestinien en Cisjordanie occupée, fait partie des nombreux étudiants internationaux menacés d’expulsion – apparemment à cause de leur mobilisation sur plusieurs campus contre la guerre d’Israël à Gaza.

Ses avocats argumentent, au tribunal fédéral du Vermont, que Mahdawi a été arrêté « en représailles pour son expression de défense des droits humains palestiniens » et que son arrestation et sa détention font partie d’une politique « conçue pour réduire au silence et punir la parole de ceux qui plaident en faveur des droits humains palestiniens ».

Le Département de la Justice a soumis lundi de nouveaux dépôts de plainte contre lui, qui incluent une lettre de deux pages du Secrétaire d’État Marco Rubio affirmant que « les activités et la présence de Mahdawi aux États-Unis sapent la politique des États-Unis destinée à combattre l’antisémitisme ». [Marco Rubio] ajoutait que des manifestations comme celles que Mahdawi a organisées à Columbia « minent potentiellement le processus de paix en cours au Moyen-Orient », où les efforts pour un cessez-le-feu sont bloqués.

En ce moment quelque 59 otages emmenés d’Israël sont encore retenus par le Hamas à Gaza, dont la moitié sont considérés comme morts, selon Israël. Parallèlement, Israël retient l’aide humanitaire pour Gaza depuis huit semaines et les Palestiniens ont faim, tout en endurant des attaques quotidiennes.

L’accusation de lundi ne fournissait aucune preuve des accusations formulées contre Mahdawi dans la lettre de Marco Rubio, comme celles d’avoir une rhétorique menaçante et d’intimider des passants pro-israéliens. Le gouvernement argue que le tribunal fédéral du Vermont ne devrait pas accorder la libération demandée dans la requête de Mahdawi parce qu’il n’a pas juridiction dans les questions de politique étrangère.

En réponse aux documents, l’avocate de Mahdawi, Luna Drouvi, a dit que les accusations de la lettre sont « complètement fausses ». Mahdawi a été très explicite dans son opposition à l’antisémitisme.

« M. Mahdawi est une personne de principes, complètement et pleinement, une personne qui croit à la dignité humaine de chacun et chacune », a-t-elle dit à NPR. « Le gouvernement gratte le fond du tonneau pour essayer de trouver quelque chose, n’importe quoi, qui mène simplement à punir des étudiants pour leur plaidoyer en faveur des droits palestiniens ».

L’interview qui suit a été légèrement édité pour des questions de longueur et de clarté.

Sur sa confiance que la justice prévaudra :

D’abord, de voir les gens du Vermont, les gens aux États-Unis qui élèvent leurs voix, disant que c’est injuste et que nous ne l’acceptons pas, cela me donne de la confiance. Deuxièmement, je crois dans le système de la démocratie et j’ai confiance dans le système de la justice ici. Et enfin, ce qui est le plus important pour moi, ce qui me donne confiance, c’est de voir la résilience et la force de mon peuple à Gaza. Après toute la peine et la destruction et le génocide par lesquels ils sont passés, ils se raccrochent encore à l’espoir et ils ont une confiance forte.

Note: Mahdawi appelle ce qui arrive à Gaza un génocide. C’est aussi de cette manière que des groupes de défense des droits humains israéliens et internationaux comme B’tselem, le Centre israélien d’information pour les droits humains dans les territoires occupés et Amnesty International jugent la réponse d’Israël à Gaza après que le Hamas a attaqué Israël. L’attaque de 2023 a tué près de 1200 personnes et le Hamas a pris 251 otages, selon le gouvernement israélien. Israël nie l’accusation de génocide.

Sur une décennie d’expérience sur les libertés américaines :

Avant de venir dans ce pays, la liberté était seulement un concept [pour moi]. Mais l’expérience effective de la liberté de mouvement, de voyager à travers 50 états, la liberté de respirer la brise de l’océan et de sentir ses pieds dans le sable, c’est le premier endroit où j’ai eu l’expérience de cette liberté, et la liberté d’expression, où je n’ai pas subi de représailles ni été puni pour avoir dit ce que je pense.

Est-ce que je ressens encore la même chose ? Je pense que c’est en danger. Je pense que c’est un drapeau rouge, pas seulement pour moi, mais pour les Américains qui se soucient de la liberté, du droit à la vie et à la poursuite du bonheur. J’ai l’espoir que ce pays remplira sa promesse.

Sur le jour où il a été arrêté :

Quand j’ai reçu le rendez-vous, la première chose était : « euh… est-ce un piège ou est-ce légitime ? Et j’ai réalisé directement que j’avais affaire à deux pôles opposés à l’extrême. L’un est de devenir un citoyen avec les pleins droits et l’autre d’être détenu et de n’avoir aucun droit.

Je vois le risque, je vois l’opportunité et je veux que les Américains le voient aussi. Voir ce niveau d’injustice. Que je fais tout légalement, que j’ai préparé et étudié la Constitution et que je suis allé [au rendez-vous] volontairement et j’ai respecté la loi, j’ai fait tout de la manière dont c’est supposé être fait.

Sur son cas d’atteinte au Premier Amendement :

Quand je parle d’injustice, je me souviens de Martin Luther King. Quand il dit que l’injustice n’importe où est une menace à la justice partout. Et l’injustice à laquelle je suis confronté ici et l’injustice à laquelle le mouvement anti-guerre est confronté, sont aussi connectés à l’injustice que le peuple palestinien subit.

Nous parlons d’environ 55000 personnes tuées. Nous voyons des enfants tués, amputés, des enfants perdre leurs parents, sans maisons. C’est ce qui nous fait bouger. Et quand j’ai signé le Serment d’allégeance, j’ai signé pour protéger et défendre la Constitution. Je pratique ici mes droits constitutionnels, pas pour appeler à la destruction de qui que ce soit, pas pour combattre qui que ce soit. Je dis que nous avons besoin de paix. Nous avons besoin d’arrêter la guerre. Et nous voulons que les enfants, tous les enfants, vivent en paix, sans peur et sans traumatisme.

Note: les responsables de la santé de Gaza disent que plus de 52000 personnes ont été tuées depuis le 7 octobre 2023. 

Sur les allégations du gouvernement que le maintien de sa présence aux États-Unis aurait des conséquences défavorables sur la politique étrangère et qu’il « aurait promu la violence, glorifié et soutenu des terroristes et harcelé des juifs ? » :

Le gouvernement manipule les Américains et particulièrement les communautés juives américaines. En fait, nous avions tellement de juifs et d’Israéliens qui nous ont effectivement rejoints pour demander le cessez-le-feu maintenant. Donc ils instrumentalisent en réalité l’antisémitisme pour détruire l’espoir qu’a cette Amérique, les universités et les institutions progressistes. Ils font partie du contrôle et des contrepoids en fait de ce pays, de toute démocratie.

Sur ses espoirs de devenir un citoyen américain : 

Est-ce que je veux encore devenir américain ? J’ai montré ma volonté, mon désir de devenir américain dans un endroit que j’appelle mon foyer, dans le Vermont. Et le gouvernement américain m’a dénié cette opportunité en me piégeant, en me trompant en fait. Donc maintenant c’est au peuple américain de décider quel chemin ils veulent prendre, soit de suivre le chemin où ils m’accueillent comme citoyen de ce pays ou non. Et je veux aussi rappeler à tout le monde, la définition du gouvernement dans la Constitution, c’est « nous le peuple », et je compte sur les gens que j’ai eu la chance de connaître, des gens de coeur, des gens bien, pour défendre ce qui est juste.

 Note de la rédaction : Après la diffusion de cette interview, Tricia McLaughlin, secrétaire adjointe des Affaires publiques au Département de la Sécurité intérieure, a répondu à notre demande de commentaires. Elle a dit : «  C’est un privilège de se voir accorder un visa ou une carte verte pour vivre et étudier dans les États-Unis d’Amérique. Quand vous promouvez la violence, glorifiez et soutenez des terroristes qui se réjouissent de tuer des Américains et harcelez des juifs, ce privilège devrait être révoqué et vous ne devriez pas être dans ce pays. » McLaughlin n’ a pas répondu à la requête de NPR pour que le gouvernement fournisse des preuves de ses allégations que les actions de Madhawi revenaient à de l’antisémitisme et conduisait à la violence. Mahdawi et ses avocats disent que ces allégations sont fausses.

  • Photo : Mohsen Mahdawi pris en photo à l’établissement correctionnel d’État du Nord-Ouest [du Vermont], St. Albans, Vermont, USA, 28 avril.

[Nous reproduisons ci-dessous la transcription intégrale de l’interview qui contient des informations supplémentaires sur les circonstances de l’arrestation]

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LEILA FADE (animatrice):

Je suis ici dans le Vermont pour une des batailles judiciaires sur les droits des étudiants internationaux liés au Premier Amendement, des étudiants qui risquent la déportation en principe pour avoir manifesté en faveur des droits humains palestiniens et s’être opposés à la guerre à Gaza.

Je regarde des barbelés. Nous venons d’arriver à un établissement correctionnel ici dans le Vermont et nous sommes sur le point d’entrer pour parler à Mohsen Mahdawi, un des étudiants détenus, qui est menacé d’expulsion à cause de son plaidoyer pro-palestinien. Mahdawi est en licence à l’université Columbia et résident permanent légal des États-Unis. Il appelle le Vermont son foyer et c’est dans cet État qu’il a été arrêté et transporté dans cette prison le 14 avril.

(BRUIT d’UNE PORTE QUI CLAQUE)

FADEL : Et c’est là que nous attendons pour parler avec lui dans sa première interview avec un média depuis qu’il a été arrêté.

Bonjour, Mohsen. Je suis Leila.

MOHSEN MAHDAWI : Enchanté, Leila.

FADEL : Enchantée. Merci beaucoup de parler avec nous aujourd’hui.

PERSONNE NON IDENTIFIEE : Bonjour.

FADEL : Il entre dans la pièce où nous nous trouvons avec un de ses avocats. Ses yeux sont encadrés par des lunettes à monture dorée et il porte l’uniforme bleu des détenus de la Northwest State Correctional Facility [établissement correctionnel d’État du Nord-Ouest (du Vermont), NSCF].

Alors comment allez-vous ?

MAHDAWI : Comment je vais ?

FADEL : Oui.

MAHDAWI : Une question ouverte.

FADEL : Oui.

MAHDAWI :  Je suis recentré intérieurement. Je suis en paix. Même si je sais au fond que c’est à un certain niveau d’injustice que je suis confronté, j’ai confiance. J’ai confiance que la justice prévaudra.

FADEL : Qu’est-ce qui vous donne cette confiance ?

MAHDAWI : D’abord, de voir les gens du Vermont, les gens aux États-Unis qui élèvent leurs voix, disant que c’est injuste et que nous ne l’acceptons pas, cela me donne de la confiance. Deuxièmement, je crois dans le système de la démocratie et j’ai confiance dans le système de la justice ici. Et enfin, ce qui est le plus important pour moi, ce qui me donne confiance, c’est de voir la résilience et la force de mon peuple à Gaza. Après toute la peine et la destruction et le génocide par lesquels ils sont passés, ils se raccrochent encore à l’espoir et ils ont une confiance forte.

FADEL : Mahdawi est co-fondateur de l’Union des étudiants palestiniens de Columbia et président de l’Association bouddhiste de Columbia. Il appelle ce qui arrive à Gaza un génocide. C’est aussi de cette manière que des groupes de défense des droits humains israéliens et internationaux comme B’tselem, le Centre israélien d’information pour les droits humains dans les territoires occupés et Amnesty International jugent la réponse d’Israël à Gaza après que le Hamas a attaqué Israël en 2023. Israël nie l’accusation de génocide. Mahdawi, qui a grandi dans un camp de réfugiés palestinien en Cisjordanie occupée par Israël, dit que c’est seulement quand il est arrivé aux États-Unis il y a dix ans qu’il a compris ce qu’est la liberté.

MAHDAWI : Avant de venir dans ce pays, la liberté était seulement un concept. Mais l’expérience effective de, disons, de la liberté de mouvement, de voyager à travers 50 états, la liberté de respirer la brise de l’océan et de sentir ses pieds dans le sable, c’est le premier endroit où j’ai eu cette expérience ; la liberté d’expression, où je n’ai pas subi de représailles ni été puni pour avoir dit ce que je pense. Est-ce que je ressens encore la même chose ? Je pense que c’est en danger. Je pense que c’est un drapeau rouge, pas seulement pour moi, mais pour les Américains qui se soucient de la liberté, du droit à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur. J’ai l’espoir que ce pays remplira sa promesse.

FADEL : Le jour où il a été arrêté, le résident du Vermont a mis un blazer et s’est préparé pour ce qu’il pensait être l’étape finale afin de devenir un citoyen américain, l’interview de naturalisation et le serment à la Constitution. Mais il savait qu’il y avait un risque. D’autres étudiants qui ont protesté ou défendu les droits palestiniens avaient déjà été arrêtés, y compris un détenteur de carte verte comme lui.

MAHDAWI : Quand j’ai reçu le rendez-vous, la première chose était : « euh… est-ce un piège ou est-ce légitime ? Et j’ai réalisé directement que j’avais affaire à deux pôles opposés à l’extrême. L’un est de devenir un citoyen avec les pleins droits et l’autre d’être détenu et de n’avoir aucun droit. Je vois le risque. Je vois l’opportunité. Et je veux que les Américains voient cela, aussi.

FADEL : Voient quoi ?

MAHDAWI : Voient ce niveau d’injustice, que je fais tout légalement, que j’ai préparé et étudié la Constitution et que je suis allé volontairement et que j’ai respecté la loi, j’ai fait tout de la manière dont c’est supposé être fait.

FADEL : Donc il est allé au bureau d’immigration, mais il dit que les choses semblaient étranges. On lui a dit qu’il n’était pas prévu. Le bureau était vide, sauf Mahdawi, son avocat et son ami.

MAHDAWI : Et alors, nous avons eu l’interview normal. Et il m’a demandé de signer un document disant que je suis prêt à faire le Serment d’allégeance, à protéger et à défendre la Constitution. Donc je l’ai signé et il a dit : « donnez-moi une minute ». Il ouvre la porte et alors nous voyons des gens avec des masques. Et quelques-uns, je pense, ils entrent avec des armes. Et ils disent : « vous êtes en état d’arrestation ». Ils ne m’ont pas montré un document quand j’étais là. Ils m’ont isolé de mon avocat et ils m’ont mis les menottes aux poignets.

FADEL : Il dit qu’il les a remerciés d’être modérés, de ne pas l’avoir menotté trop serré. Et ensuite ils l’ont emmené dans un bureau à côté. Il a commencé à se sentir mal, et ils l’ont mis dans une voiture et l’ont conduit à l’aéroport.

MAHDAWI : Il y avait deux agents qui venaient de l’extérieur de l’État (du Vermont), prêts à m’emmener avec eux. Je savais que ce serait vers la Louisiane. Donc je leur ai demandé : « est-ce que nous allons en Louisiane ? ». Et ils ont dit oui.

FADEL : Et vous saviez cela parce que c’était arrivé à d’autres étudiants.

MAHDAWI : Oui, ils avaient fait cela à d’autres étudiants avant moi.

FADEL: Et qu’est-ce qui vous faisait penser, je ne veux vraiment pas prendre cet avion ?

MAHDAWI : Eh bien, le danger d’emmener quelqu’un en Louisiane ; ils ont deux intentions. La première est d’isoler les étudiants d’un soutien juridique. Le deuxième est que c’est mon foyer, le Vermont. Et j’avais cette peur qu’ils essayaient de m’expédier en Louisiane pour m’isoler de mes soutiens juridiques et celui de la communauté.

FADEL : Ils ont raté le vol de quelques minutes seulement et à ce moment, ses avocats avaient persuadé un juge de l’emprisonner dans le Vermont le temps qu’un tribunal fédéral entende sa requête, accusant les employés du gouvernement de violer son droit à la libre expression, donné par le Premier amendement, et de violer la procédure régulière.

Quand vous dites que c’est un cas d’injustice, dites-moi comment. vous voyez cette affaire et ce qui arrive à vous et à d’autres étudiants.

MAHDAWI : Quand je parle d’injustice, je me souviens de Martin Luther King, et quand il dit que l’injustice n’importe où est une menace à la justice partout. Et l’injustice à laquelle je suis confronté ici et l’injustice à laquelle le mouvement anti-guerre est confronté, sont aussi connectés à l’injustice que le peuple palestinien subit. Nous parlons d’environ 55000 personnes tuées. Nous voyons des enfants tués, amputés, des enfants perdre leurs parents, sans maisons. C’est ce qui nous fait bouger. Et c’est cela qui m’a amené à cet endroit où je suis maintenant.

Et quand j’ai signé le Serment d’allégeance, j’ai signé pour protéger et défendre la Constitution. Et je pratique ici mes droits constitutionnels, pas pour appeler à la destruction de qui que ce soit, pas pour combattre qui que ce soit. Je dis que nous avons besoin de paix – nous avons besoin d’arrêter la guerre. Et nous voulons que les enfants, tous les enfants, vivent en paix, sans peur et sans traumatisme.

FADEL : Le gouvernement utilise une loi rarement utilisée sur l’immigration dans votre cas et dans le cas d’autres étudiants et ils disent que votre présence aurait de graves effets défavorables sur la politique étrangère des États-Unis. Qu’est-ce vous dites de cela et des accusations du Département de la Sécurité intérieure qu’ils ont publiquement communiquées à la presse, selon lesquelles vous, je cite, « promouvez la violence, glorifiez et soutenez des terroristes et harcelez des juifs ? »

MAHDAWI : Le gouvernement manipule les Américains et particulièrement les communautés juives américaines. En fait, nous avions tellement de juifs et d’Israéliens qui nous ont effectivement rejoints pour demander le cessez-le-feu maintenant. Donc ils instrumentalisent en réalité l’antisémitisme pour détruire l’espoir qu’a cette Amérique, c’est-à-dire les universités et les institutions progressistes. Ils font partie du contrôle et des contrepoids, en fait, de ce pays, de toute démocratie.

FADEL : Est-ce vous voulez encore être américain ?

MAHDAWI : Est-ce que je veux encore devenir américain ? J’ai montré ma volonté, mon désir de devenir américain dans un endroit que j’appelle mon foyer, dans le Vermont. Et le gouvernement américain n’a dénié cette opportunité en me piégeant, en me trompant en fait. Donc maintenant c’est au peuple américain de décider s’ils suivront le chemin où ils m’accueillent comme citoyen de ce pays ou non. Et je veux aussi rappeler à tout le monde la définition du gouvernement dans la Constitution, c’est « nous le peuple ». Et je compte sur les gens que j’ai eu la chance de connaître, des gens de coeur, des gens bien, pour défendre ce qui est juste.

FADEL : C’était Mohsen Mahdawi, étudiant et résident permanent légal des États-unis. Après cette interview, le gouvernement a soumis de nouveaux documents pour le cas au niveau fédéral, ici dans le Vermont. Dans ces documents, il y a une lettre du Secrétaire d’État Marco Rubio qui affirme que les activités et la présence de Mahdawi sapent la politique des États-Unis pour combattre l’antisémitisme et que les manifestations comme celles qu’il a lancées minent potentiellement le processus de paix au Moyen-Orient. Ils faisaient aussi d’autres accusations, sans preuves, y compris que Mahdawi utilisait une rhétorique menaçante et intimidait les passants pro-israéliens.

En réponse, une des ses avocats, Luna Droubi, dit que les accusations sont complètement fausses et que le gouvernement, je cite, « gratte le fond du tonneau » pour punir les étudiants de plaider en faveur des droits palestiniens. Au tribunal demain, les avocats de Mahdawi demanderont sa libération immédiate, alors que son affaire se poursuit, tandis que le gouvernement prétend que le tribunal n’a pas juridiction dans les questions de politique étrangère. Le Département de la Sécurité intérieure n’a pas répondu à notre demande de commentaires.