L’ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett a plaisanté devant des centaines de personnes, proposant d’envoyer des engins explosifs aux participants dissidents de l’événement, lors d’une conférence jeudi à l’École de commerce de Harvard (Harvard Business School, HBS), selon six personnes présentes à la discussion.
L’ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett a plaisanté devant des centaines de personnes, proposant d’envoyer des engins explosifs aux participants dissidents de l’événement, lors d’une conférence jeudi à l’École de commerce de Harvard (Harvard Business School, HBS), selon six personnes présentes à la discussion.
Le professeur de HBS Paul A. Gompers (promotion 1986), qui était le modérateur, a commencé cet événement non officiel en expliquant les directives de Harvard sur les perturbations, indiquant que les membres de l’auditoire en désaccord et qui interrompraient l’orateur seraient expulsés. Bennett l’a alors interrompu pour ajouter : « Je pense que nous leur donnerons simplement un biper ».
Le commentaire, qui a été accueilli par quelques rires de l’auditoire, était une apparente allusion aux attaques du 17 et 18 septembre au Liban et en Syrie, où Israël a fait détoner des milliers de bipers portables et de talkies walkies conçus initialement pour des membres du groupe de la milice libanaise du Hezbollah. L’attaque a tué des dizaines de personnes et blessé près de 3000, selon le gouvernement libanais.
Israël n’a au départ pas revendiqué les attaques, mais un porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahou en a accepté la responsabilité en novembre. Netanyahou a plus tard offert au Président des États-Unis Donald Trump un biper doré lors d’une réunion de février à la Maison blanche, avec une plaque louant Trump comme « un grand ami et un grand allié » d’Israël.
Bennett a été Premier ministre d’Israël de 2021 à 2022, après avoir dirigé une coalition politique pour éjecter le Premier ministre précédent Benjamin Netanyahou. Il s’est décrit lui-même comme « plus à droite » que Netanyahou.
Une étudiante de la Harvard Kennedy School [École d’administration de Harvard], Noa Margalit, qui assistait à l’événement, a dit que la remarque sur les bipers était « simplement une plaisanterie de très mauvais goût ».
« Bennett évidemment n’était pas dans ce gouvernement, et il n’est pas dans le gouvernement actuel ni une figure politique de premier plan en ce moment », a dit Margalit. Bennett n’a pas fait partie du gouvernement israélien depuis 2022, mais il a exprimé son interêt pour y revenir.
Bennett n’a pas répondu aux multiples demandes de commentaires dimanche dernier.
La conférence de Bennett, intitulée « Du conseil d’administration à la scène mondiale » était organisée par l’Israel Business Club [Club Affaires Israël]. La discussion a été en grande partie centrée sur son expérience du monde des affaires, selon de nombreux auditeurs de l’événement.
Des auditeurs ont dit que Bennett n’a que brièvement mentionné la guerre en cours à Gaza, se focalisant plutôt sur son expérience des affaires et des questions sociales, comme le système d’éducation israélien. Bennett a co-fondé deux compagnies israéliennes de technologie et les a vendues pour plus de 100 millions de dollars [c. 92 millions d’euros] chacune en 2005 et 2013.
« C’était une discussion très fade — il n’a rien dit de vraiment violent, ni de vraiment révolutionnaire », a dit Margalit.
Pourtant, l’événement a suscité des réactions hostiles de la part de plus de 100 manifestants, qui ont protesté contre la décision de Harvard d’accueillir Bennett à cause de ses commentaires antérieurs sur la politique israélienne et sa position dans le gouvernement.
Pendant un discours de 2012, Bennett avait déclaré : « Je ferai tout en mon pouvoir, toujours, pour empêcher la fondation d’un État palestinien à l’intérieur du territoire d’Israël », selon le journal israélien Haaretz.
Les manifestants ont défilé de John F. Kennedy Park à Klarman Hall à HBS où l’événement avait lieu. Cette manifestation a connu la plus grande participation à une manifestation pro-Palestine à Harvard depuis que des centaines de personnes ont quitté la cérémonie de remise des diplômes de l’École, en mai dernier.
Avant de parler à Harvard, Bennett s’est arrêté cette année dans plusieurs autres universités des États-Unis.
L’École des Affaires internationales et publiques de l’université Columbia et deux centres étudiants juifs ont accueilli Bennett pour un événement, sur invitation seulement, deux jours avant sa conférence à Harvard. Contrairement à la conférence à HBS, les remarques de Bennett à Columbia concernaient principalement la politique et l’avenir politique de Bennett.
Selon Haaretz, Bennett a dit à l’auditoire de Columbia que s’il devait être élu Premier Ministre à l’avenir, le gouvernement israélien n’inclurait pas de parti arabe, et au lieu de cela se concentrerait sur la nomination de « sionistes » au gouvernement. Bennett a été le premier Premier ministre israélien à inclure un parti arabe dans la coalition au gouvernement en 2021.
En 2024, 21,4% de la population d’Israël était arabe.
« Mon hypothèse, c’est que peut-être il essayait d’adoucir le ton après avoir fait quelques remarques plutôt controversées dans sa conférence à l’université Columbia quelques jours plus tôt », a dit Margalit.
Les représentants de l’Israel Business Club de HBS ont écrit dans une déclaration par e-mail que Bennett avait indiqué clairement que sa remarque sur les bipers « était conçue comme une plaisanterie ».
« Elle a été faite dans le contexte de ses premiers mots — remerciant explicitement chaque personne de la salle pour sa présence », ont-ils écrit.
Le groupe a ajouté qu’ils avaient fait des efforts pour garantir un auditoire diversifié à la conférence, étendant leurs invitations à la direction du Club sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, ainsi qu’au Centre pour les Études sur le Moyen-Orient d’Harvard.
Pendant l’événement, Gompers a posé des questions vérifiées auparavant que les membres de l’auditoire avaient soumises à l’avance. Pour l’étudiante de la Harvard Kennedy School Nitsan Machlis, les questions semblaient éviter les sujets « controversés ».
« J’ai personnellement, en tant qu’étudiante israélienne, de sérieux désaccords avec beaucoup des politiques de Bennett. Donc j’attendais de pouvoir lui poser ces sortes de questions difficiles », a dit Machlis.
« Trop de questions qui ont été posées étaient un petit peu des questions de complaisance, « a-t-elle ajouté. « Il s’agissait plus de faire des compliments à Bennett que de contester Bennett. »