Al Mezan condamne sans équivoque les crimes en cours d’Israël, perpétrés pour la poursuite du génocide continuel à Gaza, particulièrement à Rafah. Nous appelons la communauté internationale à prendre des mesures urgentes et concrètes pour mettre fin au génocide, arrêter la destruction systématique de Rafah, et garantir le retour en toute sécurité des résidents déplacés. Des mesures immédiates doivent être prises pour faire rendre des comptes aux responsables, en particulier un soutien total à la Cour pénale internationale et à d’autres mécanismes de reddition de comptes, l’imposition d’un embargo des armes dans les deux sens contre Israël et des sanctions ciblées contre les individus et les entités complices de ces crimes. La communauté internationale doit aussi réviser et suspendre les accords bilatéraux et les liens diplomatiques qui facilitent les violations d’Israël, œuvrer au démantèlement de l’occupation illégale et respecter le droit du peuple palestinien à l’auto-détermination.

Les forces israéliennes continuent d’attaquer les résidents de Gaza, en violation des termes de l’accord de cessez-le-feu dont la première phase est entrée en vigueur le 19 janvier. Des frappes aériennes et des tirs visant des civils et leurs biens continuent dans plusieurs zones de Gaza, résultant en des centaines de morts et de blessures. Par ailleurs, l’entrée et la distribution de l’aide humanitaire — particulièrement de l’équipement médical, des fournitures, des tentes, des mobile homes et des machines essentielles pour l’évacuation des décombres et la récupération des corps — restent sévèrement entravées. En conséquence, les civils sont confrontés à des conditions humanitaires détériorées à cause de la destruction étendue de l’infrastructure et des services essentiels. À Rafah, les résidents déplacés ne sont toujours pas autorisés à retourner dans leurs maisons, les forces israéliennes démolissant systématiquement les bâtiments, tant privés que publics, de la ville.
Les forces israéliennes redéployées le long des frontières de Gaza dans la première phase de l’accord de cessez-le-feu continuent à maintenir un contrôle absolu et une lourde présence militaire dans la plupart des quartiers de Rafah, au sud de Gaza, pour le dixième mois consécutif. Des rapports sur le terrain indiquent que, depuis l’invasion de Rafah début mai 2024 et la saisie du côté palestinien du passage de Rafah, de l’axe Salah al-Din (le couloir Philadelphi) et d’autres parties de la cité, les forces israéliennes ont systématiquement détruit l’infrastructure. Les explosions et le son des machines militaires demeurent constants en périphérie de la ville, tandis que les résidents sont toujours interdits de retour dans la plupart des quartiers. La majorité de la population déplacée de Rafah reste dans des tentes de fortune au centre de Gaza et dans Al-Mawasi, à Khan Younis.
Selon l’information rassemblée par Al Mezan, les forces israéliennes ne sont pas restées dans les zones désignées qui étaient mentionnées dans l’accord de cessez-le-feu et elles continuent à maintenir leurs positions à l’intérieur de Rafah — plus d’un kilomètre à l’intérieur du centre ville, s’étendant à la zone du garage est, à la frontière palestino-égyptienne au sud et à la barrière périphérique à l’est. Ces zones restent extrêmement dangereuses, tout mouvement y déclenchant un feu de l’artillerie, des attaques de snipers ou un bombardement aérien.
Selon la municipalité de Rafah, 200 000 des 300 000 résidents de la ville sont encore incapables d’y revenir. Aucune organisation n’a été capable d’accéder aux nombreuses zones qui sont encore sous contrôle israélien, dont Abu Al-Saeed à Tal Al-Sultan – s’étendant de la côte au passage de Rafah —, ainsi qu’aux quartiers à l’intérieur de la ville, comme les places Al-Awda et Al-Najma. De la surface totale de Rafah, 60000 dounams [60 km2], 60% a été déclaré zone restreinte et extrêmement dangereuse.
Plus de 90% des quartiers de Rafah ont été complètement ou partiellement détruits, avec de graves dommages aux bâtiments résidentiels, aux routes et à l’infrastructure publique essentielle — dont des établissements de santé, gouvernementaux et commerciaux. Le dommage est particulièrement concentré dans les parties sud et ouest de la ville, où six des quinze quartiers et cinq camps de réfugiés ont été rasés. De plus, neuf centres médicaux ont été détruits, dont l’hôpital Abu Yousef Ak-Najjar — le seul hôpital du gouvernement à Rafah —, l’hôpital Kuwaiti, et l’Hôpital de campagne indonésien. Environ 70% des pompes d’assainissement et d’eau ont été détruites et les réseaux d’électricité et de communications se sont presque totalement effondrés. La quantité de décombres à Rafah est estimé à 20 millions de tonnes, avec probablement beaucoup de corps coincés dessous.
Selon le ministère de la Santé, les forces israéliens ont tué 111 civils et blessés 916 autres depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. La municipalité de Rafah rapporte qu’environ 40% de ces morts se sont produites à Rafah, quand les résidents ont essayé de vérifier l’état de leurs maisons et de leurs terres agricoles. La victime la plus récente, Hanaa Tawfiq Suleiman Hassanein (Al-Ghouti), a été tuée le 21 février 2025 quand un tank israélien a tiré sur sa maison du quartier d’ Al-Jeneina, dans la partie orientale de Rafah, peu après son retour à la maison.
Mr. Mohammed Hassan Abu Sultan, 35 ans, marié et père de deux enfants, a partagé l’expérience de sa tentative de retour vers sa maison de Rafah :
« Début mai 2024, ma famille et moi avons été forcés de fuir à Deir al-Balah, et plus tard à Al-Mawasi, Khan Younis, où nous avons lutté pour vivre, sous une tente avec de maigres ressources. Quand le cessez-le-feu a été annoncé le 19 janvier 2025, j’ai été enchanté, car j’ai cru que je pourrai enfin retourner à la maison et laisser derrière moi les épreuves du déplacement. Mais le lendemain, j’ai découvert que les forces israéliennes ne s’étaient pas complètement retirées de Rafah. Quelques jours plus tard, j’ai essayé de vérifier l’état de ma maison dans le quartier de Al-Jeneina. Quand je suis arrivé à Rafah, j’ai été choqué par l’étendue de la destruction. Avant même d’atteindre mon quartier, avec d’autres qui venaient inspecter leurs maisons, on nous a tiré dessus. J’y ai échappé tout juste. J’ai appris plus tard que le tir venait d’une grue israélienne positionnée au sud d’Al-Jeneina, avec des tanks stationnés sur les dunes de sable à proximité. Chaque jour, j’ai appris que d’autres civils avaient été tués ou blessés en essayant de vérifier l’état de leurs maisons. Je vis encore sous une tente à Al-Mawasi, Khan Younis, en subissant le froid glacial et de mauvaises conditions de vie, attendant le retrait total des forces israéliennes pour pouvoir retourner dans ma maison — même si elle a été détruite. »
De même, Mohammed Mahdi Mousa Al-Dawoudi, 38 ans, marié et père de quatre enfants, a raconté sa tentative pour retourner dans sa maison de Rafah après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu :
« Le 28 mai 2024, ma famille et moi, comme beaucoup d’autres, avons été forcés de fuir notre maison du quartier de Tal Al-Sultan à cause d’un bombardement intense et de l’avancée des forces israéliennes. Nous avons trouvé refuge sous une petite tente à Al-Mawasi, Khan Younis, où nous avons subi des déplacements et des conditions de vie très difficiles. Le cessez-le-feu a été annoncé le 19 janvier 2025, après avoir attendu plusieurs mois pour retourner à la maison. Je suis finalement revenu vérifier ma maison, mais quand je suis arrivé à Tal Al-Sultan, j’ai été horrifié de voir des quartiers entiers réduits à des décombres. Alors que nous inspections les conséquences du bombardements dans la zone, les forces israéliennes positionnées le long du couloir Philadelphi (la frontière palestino-égyptienne) ont ouvert le feu sur nous. J’ai tout juste pu retourner à Al-Mawasi. J’ai appris plus tard que les résidents de Rafah sont incapables de revenir à cause des tirs israéliens et de la présence militaire dans les parties est et sud de la ville. Beaucoup de civils ont été tués en essayant d’atteindre leurs maisons. Je reste un déplacé, sous une tente, luttant pour survivre aux températures glaciales, attendant que les forces israéliennes se retirent complètement pour que je puisse retourner à ce qui reste de ma maison. »
Au moment de ce communiqué de presse, les forces israéliennes continuent de maintenir le contrôle sur la plupart des quartiers de Rafah, attaquant les résidents avec des tirs et d’autres armes, particulièrement ceux essayant de retourner dans leurs maisons. Les opérations israéliennes en cours incluent la démolition étendue des maisons et de l’infrastructure, particulièrement dans les quartiers d’ Al-Awda et de Tal Al-Sultan, dans ce qui semble un effort délibéré d’altérer le paysage de la ville et de la rendre inhabitable.
Al Mezan condamne sans équivoque les crimes en cours d’Israël, perpétrés pour la poursuite du génocide continuel à Gaza, particulièrement à Rafah. Nous appelons la communauté internationale à prendre des mesures urgentes et concrètes pour mettre fin au génocide, arrêter la destruction systématique de Rafah, et garantir le retour en toute sécurité des résidents déplacés. Des mesures immédiates doivent être prises pour faire rendre des comptes aux responsables, en particulier un soutien total à la Cour pénale internationale et à d’autres mécanismes de reddition de comptes, l’imposition d’un embargo des armes dans les deux sens contre Israël et des sanctions ciblées contre les individus et les entités complices de ces crimes. La communauté internationale doit aussi réviser et suspendre les accords bilatéraux et les liens diplomatiques qui facilitent les violations d’Israël, œuvrer au démantèlement de l’occupation illégale et respecter le droit du peuple palestinien à l’auto-détermination.