BRICUP, APUK et AURDIP ont écrit à Messieurs Philip Hammond et Laurent Fabius au sujet du poète palestinien Ashraf Fayadh condamné à mort par un tribunal saoudien

A :

Monsieur Laurent Fabius, Ministre des Affaires Etrangères

le Très Honorable Philip Hammond, Secrétaire d’État aux Affaires Etrangères et du Commonwealth

Nous vous écrivons au nom de nos organisations – Artistes pour la Palestine UK, le Comité Britannique pour les Universités de Palestine, et l’Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine – pour vous exprimer notre profonde inquiétude concernant la sécurité et le bien-être D’Ashraf Fayadh. Nous vous demandons d’aborder ce sujet avec les autorités saoudiennes comme une affaire d’extrême urgence.

Fayadh, 35 ans, poète palestinien et commissaire artistique, a été condamné à mort en Arabie Saoudite, pays où il est né mais où il n’a pas de citoyenneté. Son délit, tel qu’il se présente, semble n’être rien de plus que de déranger la police religieuse par son travail de poète et de commissaire. En tant que collègues artistes et universitaires, nous souhaitons exprimer dans les termes les plus forts notre soutien à M. Fayadh. Nous ne voyons aucune raison qui puisse justifier son emprisonnement, et encore moins le châtiment barbare dont il est menacé.

Quel est son crime supposé ? Le journal The Guardian raconte qu’il a d’abord été arrêté en août 2013, après une plainte disant ‘qu’il avait maudit Allah et le prophète Mohamed, insulté l’Arabie Saoudite et distribué un recueil de ses poèmes qui faisait la promotion de l’athéisme’. Fayadh a dit à l’époque que la plainte avait suivi ‘un débat personnel avec un autre artiste avec qui il discutait d’art contemporain dans un café’. Il a été condamné à quatre ans de prison et 800 coups de fouet ; a perdu en appel ; a été rejugé ; et, mardi 17 novembre, a été condamné à mort. Il pourrait être décapité dès le 17 décembre à l’expiration de la période d’appel.

Selon Human Rights Watch, ‘les actes du procès révèlent de visibles violations de la procédure officielle, dont des charges qui ne ressemblent pas à des délits identifiables, et un manque d’accès à une assistance juridique’.

M. FAYADH est cofondateur de l’association britannico-saoudienne des arts, Edge of Arabia ; son collègue, Stephen Stapleton, a dit au Guardian que Fayadh avait ‘servi’ à faire connaître l’art contemporain saoudien en Grande Bretagne. Il a été le commissaire d’une très importante exposition à Jeddah en 2013 et a coorganisé, plus tard cette année là, une exposition à la Biennale de Venise.

Parce que nous faisons campagne pour les droits éducatifs et culturels des Palestiniens, nous demandons avec force au royaume d’Arabie Saoudite de rejeter la décision de son tribunal d’Abha et de libérer Ashraf Fayadh. Le gouvernement britannique affiche sa ‘relation bilatérale’ avec l’Arabie Saoudite dans le domaine de la culture. Le gouvernement français, également, a parlé d’une ‘coopération culturelle dynamique’. Nous exhortons nos gouvernements à faire très clairement comprendre au gouvernement d’Arabie Saoudite que sa sentence outrage toutes les normes de la civilisation, et à utiliser toutes les possibilités de pression diplomatique pour assurer la libération de Fayadh.

Ivar Ekeland, président de l’Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP)
Jonathan Rosenhead, président du Comité Britannique pour les Universités de Palestine (BRICUP)
Hilary Westlake, présidente, Artistes pour la Palestine – GB (APUK)