Le licenciement de Salaita projette l’université de l’Illinois sur la liste des censures de l’AAUP

L’Association américaine des professeurs d’université (AAUP) a officiellement censuré l’université Urbana-Champaign de l’Illinois (UIUC) pour son licenciement l’été dernier de Steven Salaita pour avoir critiqué Israël sur Twitter. La mesure,….

L’Association américaine des professeurs d’université (AAUP) a officiellement censuré l’université Urbana-Champaign de l’Illinois (UIUC) pour son licenciement l’été dernier de Steven Salaita pour avoir critiqué Israël sur Twitter.

La mesure, votée par les délégués à la conférence annuelle de l’AAUP à Washington DC samedi, place l’UIUC parmi les 56 institutions actuellement sur la liste des censures, sur les milliers de facultés et universités aux États-Unis.

« La censure par l’AAUP indique à la communauté universitaire que l’administration d’une institution n’a pas respecté les principes généralement reconnus de la liberté universitaire et de la titularisation », selon un communiqué de presse de l’organisation qui compte comme membres des dizaines de milliers de professeurs d’universités et facultés et d’étudiants diplômés.

Seules, trois autres institutions ont subi l’ignominie d’être ajoutées sur la liste des censures cette année, dont l’une a été retirée.

Des sifflements

Cary Nelson, autrefois président de l’AAUP et « faculty fellow » pour le groupe sioniste de la Coalition Israël sur les campus, aurait été sifflé au moment où il exhortait les délégués de la conférence à s’opposer à la censure de l’UIUC. (The Daily Illini sur Twitter)

Nelson a déclaré aux délégués qu’ « une censure bâclée avait été réglée par des sentiments anti-israéliens ».

Professeur d’anglais à l’UIUC en retraite, Nelson fut un grand défenseur de la décision de l’administration de licencier Salaita.

Une tache sérieuse

« La censure de l’AAUP entache sérieusement le dossier de l’université », déclare le Centre pour les Droits constitutionnels (CCR) dans un communiqué.

« L’entêtement de l’université persiste en dépit des boycotts universitaires, des votes de défiance par des services de l’administration de l’UIUC, des grèves surprises par des étudiants, des dizaines de milliers de signatures de pétitions, d’un procès devant la Cour fédérale, et de la réprimande de l’AAUP suggérant que l’administration de l’UIUC avait plus de reconnaissance envers les donateurs qu’elle n’en avait envers la justice, la liberté universitaire et le Premier Amendement » ajoute le CCR.

Le CCR et le cabinet d’avocats Loevy & Loevy représentent Salaita dans un procès fédéral sur les droits civils, où ils soutiennent que les administrateurs de l’université et des fidéicommis l’ont licencié sous la pression de donateurs pro-israéliens.

La censure de l’AAUP tombe juste aussi le lendemain du jour où Salaita a remporté une victoire juridique importante, où un juge de l’Illinois ordonne à l’université, sur la base de la loi relative à la liberté de l’information, de rendre publics des milliers d’emails qu’elle gardait secrets depuis des mois.

Dans un émail à la faculté, la recteure de l’UIUC, Phyllis Wise, a considéré la censure de l’AAUP comme « décevante », mais pas « inattendue ».

Un rapport cinglant

La censure fait suite à la publication en avril d’un rapport officiel d’enquête cinglant de l’AAUP sur le problème Salaita.

Salaita a été licencié en août dernier, alors qu’il était à la veille de prendre un poste de professeur permanent dans le programme des Études amérindiennes à l’UIUC, en raison de tweets où il critique l’agression d’Israël contre Gaza, et que les administrateurs ont jugé manquer de « civisme ».

Le rapport de l’AAUP a confirmé que la décision de l’université constituait un « licenciement » de Salaita et non un simple retrait d’une offre de poste. Salaita avait donc droit à la pleine protection de sa liberté académique et à une procédure en bonne et due forme, toutes choses que l’université a violées.

Il a noté qu’un professeur bien connu pour exprimer habituellement ses sympathies pour la suprématie de la race blanche s’était vu accordée la protection de ses droits, ce qui fut refusé à Salaita.

Le rapport a examiné minutieusement le motif de « civisme » évoqué par la recteure de l’UIUC, Phyllis Wise, et il a conclu que ses allégations selon lesquelles les tweets de Salaita feraient de lui un professeur inapte relevaient d’une « pure spéculation ».

L’AAUP défend depuis longtemps l’idée que le « civisme » et la « collégialité » sont des critères vagues maniés par les puissants sur les marginaux de manière à imposer la conformité aux idées dominantes.

Le rapport signale que par le passé, les critères de civisme étaient utilisés par « les aristocrates pour se distinguer de la bourgeoisie » et par « les Chrétiens pour établir leur supériorité sur les Musulmans et les Juifs ».

Le rapport a constaté beaucoup d’inquiétude sur le campus, parce que la mesure prise par l’administration de l’université contre Salaita a eu un vaste « effet effrayant » sur la liberté universitaire et la liberté d’expression.