Des chargés de cours protestent contre une formation proposée par le groupe de droite Im Tirzu dans deux universités israéliennes

Ce mouvement de droite a été décrit par un juge de Jérusalem comme ayant des traits « fascistes ».

Le mouvement de droite Im Tirzu, qui, selon un jugement du tribunal de Jérusalem revêt certaines caractéristiques « fascistes », propose un cours intitulé « Séminaire sur la pensée sioniste » à l’Université Hébraïque (UH) et à l’Université Ben Gourion (UBG). Le programme est conduit en dehors du cursus universitaire et n’est pas financé, mais le mouvement utilise les locaux universitaires.

Le cycle de huit conférences coûte 50 shekels (11 € simplement pour l’inscription). C’est la première année que le cours est donné à l’UBG, mais apparemment c’est la troisième année à l’UH. Le mouvement projette d’étendre son programme également à l’Université de Tel Aviv.

Sur l’affiche qui annonce la série, on lit : « Nous vous invitons à découvrir le fruit de la recherche conduite par des chercheurs de premier plan en Israël et à l’étranger dans de nombreuses sphères du savoir, qu’il appartient à chaque Israélien de connaître ». On compte parmi les conférenciers, qui dans l’ensemble penchent fortement à droite, Roni Daniel, correspondant de TV Channel 2 pour les affaires militaires, Ben Dror Yemini, commentateur dans les médias, Guy Bechor, juriste, le Dr Einat Wilf, ex députée, Yoram Cheftel, avocat et le Professeur Israël Aumann, lauréat du Prix d’Israël.

Parmi les conférenciers à l’Université Hébraïque se trouvent Yaacov Amidror, Major Général retraité, le chercheur Mordechai Kedar, Ze’ev Jabotinski, le petit fils du fondateur du Mouvement Révisionniste, et Yoaz Hendel, commentateur dans les médias. La conférence d’ouverture, intitulée « la dictature juridique – le rôle de la Haute Cour de Justice dans le contexte des freins et des contrepoids en Israël » sera faite par l’avocat Yoram Sheftel.

« L’objectif est d’apporter une réponse intellectuelle sioniste à des étudiants qui ne cessent d’entendre à quel point cet État est un État d’apartheid. Nous donnons une perspective différente, plus patriote et juive » dit Im Tirzu.

À l’UBG, le programme était sponsorisé par un des donateurs de l’université, Michael Gross, qui fait aussi partie du Bureau des gouverneurs. Il est connu pour son opposition à ce qu’il appelle un biais post-sioniste à l’université.

Le site de l’Union des étudiants de l’UBG déclare que « le cours est ouvert à tous, sous réserve d’un entretien individuel. Des certificats sont accordés à la fin du cours. En plus d’un apport à votre CV, le cours vous dotera d’outils et de connaissances qui vous permettront de faire face aux défis de notre société dans ces temps complexes ».

Il y a quelques années, Im Tirzu a mené une campagne destinée à faire fermer le Département de Politique et de science de Gouvernement de l’UBG, alléguant qu’il avait des positions unilatérales.

Les chargés de cours de l’UBG ont protesté contre ce cours et ont demandé pourquoi il était autorisé. Le directeur des Humanités de l’UBG a insisté sur le fait « qu’il n’y a pas de lien académique entre ce programme et l’université. Nous n’avons que des programmes académiques et non politiques. Il existe des procédures pour accepter de nouveaux programmes et il est scandaleux que celui-ci soit annoncé en étant attaché au nom de l’université ». Un autre chargé de cours a relevé l’ironie du fait qu’après sa campagne précédente, le mouvement propose maintenant un cours avec des conférenciers de droite et de tendance colonialiste – « un cours vraiment équilibré !»

L’UH a expliqué que le cours était proposé en tant qu’activité légitime de l’union des étudiants et que l’université autorise l’expression d’opinions diverses et permet toute activité qui n’est pas illégale.