Disparition de Jean-Claude Lefort, ancien président de l’AFPS

L’AURDIP salue la mémoire de Jean-Claude Lefort, décédé le 19 juin des suites d’une longue maladie. Beaucoup d’entre nous l’avons croisé lors des manifestations pour la Palestine, ou des campagnes pour la libération de Salah Hamouri. Lorsqu’il était député, il a porté les luttes contre le néo-colonialisme à l’extérieur et l’islamophobie à l’intérieur, faisant une fois de plus la démonstration que toutes les luttes se rejoignent.

Nous avons appris jeudi après-midi le décès de notre ancien président et ami Jean-Claude Lefort. C’est une immense tristesse pour tous les membres de l’AFPS qui l’ont côtoyé et pour tous ses ami⸱es de Palestine, une disparition difficile à réaliser pour nous tous et toutes.

A 79 ans, nous savions Jean-Claude très malade même s’il n’en parlait guère. Il a succombé ce 20 juin des suites d’un cancer contre lequel il a mené son dernier combat. Nos pensées les plus chaleureuses s’adressent immédiatement à sa fille Elsa Lefort-Hammouri, à Salah Hammouri et à ses petits-enfants.

Avant de devenir président de l’AFPS en mai 2009, Jean-Claude Lefort était déjà ce genre d’homme qui, par ses engagements et son action politique, participait à l’écriture de l’histoire du mouvement ouvrier.

Il a d’abord consacré sa vie aux luttes menées par le parti communiste français dont il a été membre pendant 60 ans. Après avoir été un dirigeant des jeunesses communistes, il sera à l’époque du Programme commun le secrétaire particulier de Georges Marchais, membre du Comité central, puis secrétaire de la grande fédération du Val-de-Marne (30.000 membres à l’époque), puis député de ce département, constamment réélu de 1988 à 2007. Il prononcera lors de la discussion de la loi « anti-foulard » de 2004 l’un des plus beaux discours contre son adoption.

Devenu membre de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale pendant trois législatures, Jean-Claude Lefort a participé à de nombreuses négociations internationales et a sillonné le monde.

En 1998, c’est lui qui propose la création d’une « Commission d’enquête sur la part des responsabilités françaises dans le génocide au Rwanda ». Vice-président de ce qui fut, finalement, la Mission d’étude parlementaire sur le Rwanda. Homme de caractère, il se trouva en désaccord avec les conclusions finales du rapport de la Mission et refusa d’en être coauteur.

C’est lui encore, qui en mémoire de la lutte contre le fascisme en Espagne, a été coprésident fondateur de l’Association des amis des combattants en Espagne républicaine (ACER), avec José Fort et François Asensi. Ce qui lui a permis notamment de récupérer une partie des archives des Brigades internationales déposées à Moscou pour le compte de l’ACER.

Militant internationaliste convaincu, Jean-Claude ne s’en laissait pas compter et ne reculait pas facilement devant l’adversité surtout quand celle-ci s’incarne dans des régimes autoritaires ou colonialistes qui bafouent le droit des peuples à l’autodétermination.

C’est cette conviction chevillée au corps qui va l’amener, après avoir passé le relais de son mandat de député à Pierre Gosnat ancien maire d’Ivry en 2007, à s’invertir totalement dans l’action de solidarité avec le peuple palestinien au sein de l’AFPS.

Devenu rapidement membre du Conseil national, il succédera à Bernard Ravenel, pour devenir le second président national de l’AFPS en mai 2009. Jean-Claude Lefort était convaincu que la centralité de la question palestinienne en faisait la solution et non le problème de la situation au Proche-Orient. Il rappelait que les paramètres de la paix sont connus et qu’ils portent un nom : l’application du droit international, rien que le droit international, mais tout le droit international.

Président de l’AFPS, Jean-Claude s’est révélé particulièrement sensible à la démarche d’une construction démocratique de l’association et a joué un rôle essentiel dans son organisation et sa structuration. Il a été l’un de ceux qui ont beaucoup insisté pour que les jeunes adhérent⸱es prennent toute leur place à tous les niveaux de l’AFPS et puissent mettre en valeur leurs initiatives propres.

Dans les mémoires militantes, restera parmi tant d’autres choses le souvenir de son investissement dans plusieurs campagnes qui avaient fortement mobilisé les militant⸱es de l’AFPS et continuent encore aujourd’hui de raisonner fortement dans l’actualité ; celle sur la reconnaissance de l’Etat de Palestine et celle sur le soutien aux prisonniers politiques palestiniens. Sans oublier son engagement en faveur du bateau pour Gaza qui lui a valu une très longue interdiction d’entrée en Palestine et en Israël.

Inlassablement, il a été l’un des porte-paroles avec sa fille Elsa des campagnes pour la libération de Salah Hammouri, détenu à plusieurs reprises dans les geôles israéliennes et devenu plus tard l’époux d’Elsa. C’est à l’occasion de ces campagnes pour la libération de Salah que de nombreux Groupes locaux de l’AFPS ont fait connaissance avec Jean-Claude jusqu’en 2018.

Toute sa vie durant, Jean-Claude a été un militant, un communiste et un anticolonialiste infatigable. Il a servi la cause palestinienne avec force et détermination et il a joué un immense rôle dans le développement du mouvement de solidarité avec la Palestine.

Nous garderons le souvenir de son humanité entière, de son intelligence et de son sourire comme de ses coups de gueule souvent salutaires…

Le peuple palestinien vient de perdre l’un de ses amis les plus fidèles. Nous lui rendrons hommage, comme il se doit, en poursuivant le combat essentiel pour la solidarité avec le peuple palestinien.

Le Bureau National de l’AFPS, le 21 juin 2024