Au moins 22 Palestiniens tués dans un bombardement près du bureau de la Croix Rouge de Gaza, dit l’agence

Le ministère de la Santé du territoire dit que l’attaque israélienne ciblait des tentes de personnes déplacées ; l’armée israélienne dit que le rapport est « en cours d’examen ».

Vingt-cinq Palestiniens sont morts et 50 ont été blessés à la suite d’une attaque israélienne sur des tentes appartenant à des Palestiniens déplacés par l’offensive israélienne, disent des responsables gazaouis. Photographie : Mohammed Salem/Reuters

Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) dit que 20 personnes ont été tuées dans un bombardement qui a endommagé son bureau de Gaza, autour desquels vivent dans des tentes des centaines de Palestiniens déplacés.

Le ministère de la Santé du territoire régi par le Hamas a dit qu’il y avait eu 25 morts et 50 blessés dans ce bombardement, qu’il a imputé à Israël. Le ministère a dit que le bombardement israélien de vendredi avait « ciblé les tentes des personnes déplacées dans la zone d’al-Mawasi » tout autour de la base du CICR.

Des témoins ont dit à l’Associated Press (AP) que certaines personnes ont été tuées alors qu’elles venaient en aider d’autres qui paniquaient après un premier bombardement.

Le CICR n’a pas dit qui avait tiré les « projectiles de gros calibre », mais, dans une déclaration sur le réseau social X, a dit que les obus « avaient endommagé la structure du bureau du CICR ».

Il a dit que 22 cadavres et 45 blessés avaient été emmenés après le bombardement vers un hôpital de campagne de la Croix Rouge tout proche, et « des rapports ont fait état d’autres victimes ».

Al-Mawasi avait été défini par Israël comme une « zone » humanitaire « sûre » et des milliers de personnes y avaient fui après l’attaque israélienne sur la ville méridionale de Rafah.

D’après Ahmed Radwan, porte-parole des premiers intervenants de la Défense Civile à Rafah, des témoins ont dit aux équipes de secours que le bombardement avait eu lieu à deux endroits de la bande côtière, qui est couverte de tentes de fortune.

L’AP a dit que l’emplacement des attaques communiqué par la Défense Civile semblait se situer juste à l’extérieur de la zone de sécurité.

L’armée israélienne a dit que l’épisode était en cours d’examen, mais qu’ « il n’y a aucune indication comme quoi une frappe a été lancée par les FDI » à l’intérieur de la zone de sécurité, utilisant un acronyme pour les forces israéliennes. Elle n’a pas fourni de détails sur cet épisode ni dit quelles auraient pu être les cibles visées.

Israël a déjà bombardé des localités proches d’al-Mawasi, zone rurale dépourvue de systèmes d’approvisionnement en eau ou de traitement des eaux usées et où les Palestiniens vivent dans des conditions désespérées.

« Deux tanks sont montés au sommet d’une colline qui domine Mawasi et ils ont envoyé des boules de feu qui ont frappé les tentes des pauvres gens déplacés dans la zone » a dit un résident à l’agence de presse Reuters sur une appli de discussion.

D’autres témoins, dont des parents sont morts dans l’un des bombardements à côté de l’hôpital de campagne de la Croix Rouge, ont dit à l’AP que les forces israéliennes avaient tiré une deuxième salve qui avait tué les gens qui sortaient de leur tente.

L’attaque a débuté avec une arme qui n’a émis qu’une forte déflagration et un éclair brillant, a dit Mona Ashour, qui a perdu son mari après qu’il soit allé essayer de comprendre ce qui se passait.

« Nous étions dans notre tente et ils ont frappé avec une ‘bombe assourdissante’ près des tentes de la Croix Rouge, et alors mon mari est sorti au premier bruit », a dit Ashour, retenant ses larmes tout en serrant dans ses bras une petit fille devant l’hôpital Nasser à Khan Younis toute proche.

« Et alors, ils ont frappé avec la deuxième, un peu plus près de l’entrée de la Croix Rouge », a-t-elle dit.

Hassan al-Najjar a dit que ses fils ont été tués alors qu’ils aidaient les gens pris de panique après la première frappe.

Mes deux fils sont arrivés après avoir entendu les femmes et les enfants crier », a-t-il dit à l’hôpital. Ils sont partis pour sauver les femmes et ils ont été frappés par le deuxième projectile, et mes fils sont devenus des martyrs. Ils ont frappé deux fois cet endroit. »

L’attaque se produit moins d’un mois après qu‘un bombardement israélien ait déclenché un incendie mortel qui s’est répandu dans un camp pour Palestiniens déplacés au sud de Gaza, suscitant largement l’indignation de la communauté internationale – y compris de certains des alliés les plus proches d’Israël – devant l’expansion de l’offensive militaire dans Rafah.

Le CICR a dit : « Vendredi après-midi, des projectiles de gros calibre sont tombés à quelques mètres du bureau et des résidences du Comité International de la Croix Rouge.

« Tirer si dangereusement à proximité de structures humanitaires, dont la localisation est connue des parties en conflit et dont l’emblème de la Croix Rouge est clairement visible, met en danger la vie de civils et de l’équipe de la Croix Rouge », a ajouté l’organisme.

« Ce grave incident sécuritaire est l’un parmi beaucoup d’autres ces derniers jours.

« Auparavant, des balles perdues ont atteint les structures du CICR, a-t-il dit. « Nous dénonçons ces incidents qui mettent en danger la vie de civils et d’humanitaires. »

Les responsables palestiniens de la santé ont dit qu’en tout, au moins 45 Palestiniens ont été tués vendredi dans les frappes israéliennes à travers la Bande de Gaza. Plus de 37.400 personnes ont été tuées dans l’offensive israélienne au cours des neuf derniers mois, d’après les autorités palestiniennes de la santé, avec des milliers de plus dont on pense qu’elles sont ensevelies sous les décombres, et des dizaines de milliers de blessés. La presque totalité de la population de plus de deux millions de personnes a été laissée sans abri et démunie.

Le CICR a lancé des appels de plus en plus désespérés pour qu’Israël et le Hamas respectent le droit international et protègent les civils pris au milieu du conflit qui a éclaté avec l’attaque le 7 octobre du Hamas sur Israël.

Appelant les deux côtés à faire davantage pour protéger les civils « à quelque côté qu’ils appartiennent », la présidente du CICR, Mirjana Spoljaric, a dit qu’il s’agissait de « la ligne de démarcation entre l’humanité et la barbarie ».

Associated Press, Reuters et l’Agence France Presse ont contribué à ce rapport.