Un appel qui suscite l’espoir

Plus de 640 acteurs suisses de la culture condamnent les crimes de guerre israéliens et interpellent le Conseil fédéral

Aux côtés des civils pales­ti­niens, contre l’impunité des crimes de guerre israé­liens. Hier, à la Comédie de Genève, le Comité des artistes suisses soli­daires avec Gaza a fait le point sur sa pétition lancée début août et signée à ce jour par plus de 640 acteurs de la scène cultu­relle hel­vé­tique. Selon ses ini­tia­teurs, il s’agit du plus important enga­gement col­lectif du genre en Suisse.

L’appel des artistes, publié hier dans Le Courrier, a été envoyé au Conseil fédéral. Ce dernier est inter­pellé sur son soutien à l’Etat d’Israël, notamment via l’achat de drones (modèle Hermès 900 de la société Elbit), envisagé dans le cadre du pro­gramme d’armement 2015. La Suisse est aussi sommée de faire res­pecter les Conven­tions de Genève, dont elle est dépo­si­taire, rap­pelle le metteur en scène Domi­nique Ziegler, coauteur de la décla­ration. « Face au silence du pouvoir, il appar­tient à la société civile de prendre le relai », estime Jorge Gajardo Muñoz, éga­lement membre de la cam­pagne inter­na­tionale Boycott, dés­in­ves­tis­sement et sanc­tions (BDS), qui exerce une pression éco­no­mique, aca­dé­mique et cultu­relle sur Israël. « BDS est un levier concret, outre l’interpellation de nos élus », répond le militant, interrogé sur les moyens dont dis­posent les citoyens suisses pour exprimer leur soli­darité avec les Palestiniens.

L’effroyable bilan humain et matériel de cin­quante jours de bom­bar­de­ments sur Gaza a été rappelé. L’archéologue Marc-​​André Hal­dimann a com­plété en pointant les des­truc­tions du patri­moine his­to­rique et culturel : la mosquée Al Omari, ancienne cathé­drale de l’époque croisée, a souffert, de même que des sites archéo­lo­giques où la Suisse est impliquée.

Membre du Mou­vement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), Gian­franco Fat­torini se rendra les 24 et 25 sep­tembre à Bruxelles pour une session spé­ciale du Tri­bunal Russell sur la Palestine, consacrée à Gaza. Ce tri­bunal popu­laire, convoqué pour la pre­mière fois pendant la guerre du Vietnam, n’a pas de valeur juri­dique, précise M. Fat­torini. Il dénonce les vio­la­tions du droit inter­na­tional et rap­pelle les Etats à leurs obli­ga­tions. Les artistes, de leur côté, se doivent « d’inscrire leur parole dans un horizon de justice », plaide Hervé Loi­chemol. Et le directeur de la Comédie de détailler les échanges menés en par­te­nariat avec l’association Ecri­tures du Monde : des écri­vains romands iront en octobre animer des ate­liers d’écriture à Gaza, tandis que des étu­diants pales­ti­niens sont – en principe – attendus en janvier. Pour Anne Cuneo, jour­na­liste, écri­vaine et cinéaste, l’engagement des artistes suisses suscite l’espoir parmi les intel­lec­tuels du monde arabe. Et l’espoir, c’est ce dont les Pales­ti­niens ont besoin, confirme Rania Madi, de l’ONG Badil, engagée aux côtés des réfugiés pales­ti­niens et des per­sonnes déplacées. Lau­rence Deonna fait le même constat : reporter, auteure et pho­to­graphe « vétérane », elle sillonne le Proche-​​Orient depuis 1967. Elle salue cette ini­tiative, car « les artistes ont le pouvoir de trans­cender les souf­frances et de témoigner ». L’appel sera traduit en arabe et en hébreu, et diffusé largement.