Selon l’ONU, les bombardements israéliens sur Gaza pourraient être « un crime de guerre »

Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies examine la demande d’une enquête sur d’éventuelles atteintes aux droits humains dans les territoires palestiniens occupés.

Moins d’une semaine après le cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas, le Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU) s’est réuni, jeudi 27 mai à Genève, pour une session consacrée à « la grave situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est ».

Saisie d’une demande d’enquête par le Pakistan en tant que coordinateur de l’Organisation de la coopération islamique, ainsi que par les autorités palestiniennes, la haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a déclaré :

« S’il s’avère que l’impact sur les civils et les objets civils est indiscriminé et disproportionné, cette attaque peut constituer un crime de guerre. »

Si Michelle Bachelet a estimé ne pas avoir vu de preuve de présence de groupes armés ou d’action militaire dans les bâtiments visés par Israël à Gaza, elle a également souligné que les tirs de roquettes lancés par le Hamas « ne font pas de distinction entre les objets militaires et civils, et leur utilisation constitue donc une violation manifeste du droit humanitaire international ».

Lors des affrontements qui ont eu lieu du 10 au 21 mai, 254 Palestiniens ont été tués par des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, parmi lesquels 66 enfants et des combattants, selon les autorités locales. En Israël, les tirs de roquettes depuis Gaza ont fait 12 morts, parmi lesquels un enfant, une adolescente et un soldat, d’après la police.

Une résolution sur « toutes les violations présumées du droit humanitaire »

L’enquête réclamée par le Pakistan et les autorités palestiniennes porte sur « toutes les violations présumées du droit humanitaire international et toutes les violations et abus présumés du droit international des droits de l’homme » dans les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est, et en Israël. Le texte demande que la commission étudie « toutes les causes profondes des tensions récurrentes (…), y compris la discrimination et la répression systématiques fondées sur l’identité nationale, ethnique, raciale ou religieuse ».

Elle doit se concentrer sur l’établissement des faits et collecter les preuves et éléments qui pourraient être utilisés dans le cadre de poursuites judiciaires et, dans la mesure du possible, identifier les coupables pour qu’ils puissent être jugés.

Le ministre des affaires étrangères palestinien, Riyad Al-Maliki, qui s’est adressé à l’assemblée en ligne, a accusé Israël d’avoir instauré « un régime d’apartheid qui est basé sur l’oppression du peuple palestinien » et son « déplacement forcé ». Il a également revendiqué « le droit [des Palestiniens] de résister à l’occupation » et a affirmé que « les colons doivent être mis sur la liste des terroristes ». L’ambassadrice d’Israël auprès de l’ONU à Genève, Meirav Eilon Shahar, a pour sa part accusé le Hamas d’avoir « initié ce conflit » et assuré que son pays « a tout fait pour désamorcer les tensions ».

L’ambassadeur de France en Israël convoqué après les propos de Le Drian

Par ailleurs, le ministère des affaires étrangères israélien a convoqué, jeudi, l’ambassadeur de France en Israël à la suite des propos tenus par le chef de la diplomatie française.

Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, avait adressé une mise en garde, dimanche sur RTL : « Si d’aventure on avait une autre solution que la solution à deux Etats, on aurait alors les ingrédients d’un apartheid qui durerait longtemps », avait-il déclaré.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a fustigé, mercredi, cette sortie, y voyant une « leçon de morale hypocrite et mensongère ». Jeudi, le chef de la diplomatie israélienne, Gabi Ashkenazi, a donc convoqué l’ambassadeur de France en Israël, Eric Danon, et lui a expliqué que les propos de Jean-Yves Le Drian étaient « inacceptables, sans fondement et déconnectés de la réalité ».

sraël a dit attendre « de ses amis [qu’ils ne s’expriment pas] de façon irresponsable, afin de ne pas renforcer les extrémistes et les activités anti-israéliennes et antisémites » à l’étranger, a rapporté Lior Haiat, le porte-parole du ministère des affaires étrangères israélien.

Au pic des affrontements entre Israël et le Hamas, des manifestations propalestiniennes rassemblant plusieurs milliers de personnes avaient été organisées en France, malgré des interdictions préfectorales par crainte de troubles à l’ordre public.