Palestiniens utilisés comme boucliers humains à Gaza : Israël nie, les États-Unis confirment

Vingt-huit responsables israéliens ont comparu, mardi 11 et mercredi 12 novembre, devant le Comité de l’ONU contre la torture. Au même moment, Reuters révélait que l’administration Biden était au courant de l’utilisation de prisonniers ou civils palestiniens comme boucliers humains, dans des tunnels potentiellement piégés.

Les rouages de la politique génocidaire et coloniale d’Israël ne cessent d’être détaillés. Tel-Aviv a de nouveau été mise en cause, mardi 11 et mercredi 12 novembre, pour ses crimes de guerre commis contre le peuple palestinien.

Devant le Comité des Nations unies (ONU) contre la torture, d’abord, où ont été étudiés des rapports pointant des actes de torture contre des détenus palestiniens, en particulier depuis le 7 octobre 2023.

Une délégation de responsables israéliens a comparu devant un panel de dix experts onusiens sur la torture à Genève. « Le Comité a été profondément consterné par les descriptions (…) de ce qui semble être des actes de torture et de mauvais traitements systématiques et généralisés infligés aux Palestiniens », a résumé, mardi, le rapporteur Peter Vedel Kessing.

« Un outil délibéré et généralisé »

Parmi les tortures relevées figurent « des passages à tabac sévères – y compris sur les parties génitales -, des chocs électriques, le maintien forcé dans des positions de stress prolongées, des conditions de détention délibérément inhumaines et la privation de nourriture, la simulation de noyade, ainsi que des insultes sexuelles et des menaces de viol généralisées ».

De plus, les violences infligées aux Palestiniens ont connu « une forte escalade » depuis le 7 octobre 2023, atteignant « des niveaux sans précédent » et ce en « toute impunité », estime l’ONU.

« Dans tous les nombreux rapports que nous avons reçus de sources diverses et fiables (…) il est affirmé que la torture est devenue un outil délibéré et généralisé (…) de l’arrestation à l’interrogatoire jusqu’à l’emprisonnement », a enchaîné Peter Vedel Kessing, lors de sa prise de parole.

En juillet 2024, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme avait publié un rapport selon lequel de nombreux Palestiniens avaient été emprisonnés dans le secret depuis le 7-Octobre.

Les Nations unies décrivaient alors déjà un traitement pouvant s’apparenter à de la torture. Pas de quoi bousculer Tel-Aviv, qui continue de nier la moindre accusation malgré la multiplication des preuves.

Le chef adjoint de la délégation israélienne, et ambassadeur auprès de l’ONU, Daniel Meron, a qualifié de « désinformation » les conclusions de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens, Francesca Albanese.

Il a aussi remis en cause le travail de la commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU… qui accuse Israël de commettre un génocide dans la bande de Gaza.

Washington au courant

La défense de Tel-Aviv prend néanmoins un coup quand, au même moment, l’usage de civils ou prisonniers palestiniens comme boucliers humains par les forces d’occupation est confirmé par des sources provenant de son principal allié sur la scène internationale. C’est ce qu’a révélé, mercredi 12 novembre, l’agence de presse Reuters, qui a pu échanger avec des responsables de l’armée des États-Unis, restés anonymes.

On apprend ainsi que Washington était au courant des pratiques illégales d’Israël dans la bande de Gaza. Selon les sources de Reuters, les États-Unis disposaient même, depuis plus d’un an, de preuves selon lesquelles des responsables israéliens ont discuté de la manière dont leurs soldats auraient envoyé des Palestiniens dans des tunnels supposément piégés.

Communiquées à la Maison Blanche, alors occupée par Joe Biden, ces informations auraient été authentifiées par les services de renseignement états-uniens. Encore une fois, Israël nie en bloc.

Tel-Aviv affirme, dans un communiqué, avoir explicitement « interdit l’utilisation de civils comme boucliers humains ou de les contraindre de quelque manière que ce soit à participer à des opérations militaires ».

Un énième refus d’admettre ce que plusieurs enquêtes sont déjà venues confirmer. Le New York Times avait par exemple prouvé, dès octobre 2024, la stratégie criminelle des forces d’occupations israéliennes.

Le quotidien avait notamment publié le témoignage de Mohammed Shubeir, un civil palestinien de 17 ans « envoyé comme un chien dans un appartement piégé », à Khan Younès, dans le sud de Gaza. Le Comité des Nations Unies contre la torture doit publier, fin novembre, un résumé non contraignant de ses conclusions sur les accusations visant Israël.